EHPAD : « 98% de nos résidents sont bien vivants »

La FNAQPA (Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées), juge la communication grand-public autour des décès liés au Covid-19 dans les Ehpad "traumatisante" pour les résidents, les familles mais aussi pour les professionnels et leur entourage. Elle appelle à remettre les chiffres communiqués en perpective. 

EHPAD : 98% de nos résidents sont bien vivantsIl n'est pas question de "nier ou minimiser la crise dans les établissements pour personnes âgées et ses impacts sanitaires", prévient d'emblée la fédération dans un communiqué. Mais ,"on a parfois l'impression que la France découvre qu'elle compte environ 7500 maisons de retraite sur tout son territoire, au sein desquels vivent quelques 600 000 personnes âgées, voire très âgées (la moyenne d'âge y est de 87 ans) et vulnérables". 

"Si l'on dispose de statistiques, assez brutes pour l'instant, sur la mortalité, les données de surmortalité ne seront pas disponibles avant plusieurs semaines, et mériteront une analyse plus fine, sachant que les scientifiques s'accordent sur le fait que c'est l'indicateur d'analyse le plus pertinent. D'autant plus que l'on sait que lors des premières semaines de l'épidémie, à défaut de tests en nombre suffisant, tous les décès étaient comptabilisés Covid, qu'il s'agisse de cas confirmés ou dits 'suspects'", souligne la FNAQPA. Ce qui a pu conduire à comptabiliser des décès en établissement (pour les personnes âgées, ndlr) en Covid "sans que cela constitue la cause réelle du décès. On ignore dans quelles proportions". 

"Là aussi, la France semble le découvrir, on meurt dans les Ehpad", ajoute la FNAQPA, chiffrant à 600 000, le nombre de décès en France chaque année, "indépendamment de toute pandémie". "25% d'entre eux ont lieu dans nos établissements d'accueil, soit 150 000 chaque année, ce qui correspond également à 25% des résidents". 

"Evidemment, il n'y a rien de surprenant à cela, lorsque l'on accueille une population ayant 87 ans de moyenne d'âge en perte d'autonomie, et que 84% de ces décès concernent les plus de 65 ans". 

Mortalité Vs Surmortalité

Ces données précises ne sont disponibles pour l'instant que sur le mois de mars 2020, où la hausse de la mortalité nationale s'élève environ à 10% par rapport à mars 2019 (57 441 décès au lieu de 52 011). "Mais il faut aussi relativiser ces chiffres, estime la FNAQPA". Ils "étaient en 2019 bien inférieurs à ceux de 2018 (58 641), année où la grippe saisonnière a été particulièrement meurtrière". 

S'agissant des personnes âgées, la surmortalité au mois de mars se situe entre 10 et 15% par rapport à la mortalité "attendue", et les Ehpad déplorent 7000 décès, soit 13% du total des décès du mois et une hausse de 12% par rapport à 2019 (mais pas plus qu'en 2018). 

"Malheureusement, on peut craindre que ces chiffres augmentent sensiblement en avril avec le développement de la pandémie, et on craint une surmortalité de l'ordre de 50% sur l'ensemble de la crise", explique la FNAQPA. 

A titre d'exemple, dans les données de Santé Publique France par la DREES, on évalue à environ 10% le nombre d'établissements actuellement en "situation critique" (comptabilisant plus de 5 décès depuis le début), la moitié d'entre eux étant concentrés sur l'Ile-de-France. 

"Mais il conviendra toujours d'analyser ces données au regard de la mortalité habituelle des établissements comme de la surmortalité de l'ensemble de la population, notamment âgée". 

"Arrêtons de jouer à nous faire peur avec des chiffres bruts sortis de leur contexte, et rappelons qu'à ce jour 98% de nos résidents sont bien vivants", conclut la FNAQPA. 

Rédaction ActuSoins

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