Infirmières libérales de PACA : elles aussi souhaitent élargir la prescription infirmière

L’URPS PACA vient de livrer les résultats d’une enquête qui confirme le rôle pivot des Infirmières libérales dans la prise en charge des traitements à domicile et justifie encore davantage un élargissement de la prescription infirmière.

Infirmières libérale de PACA : elles aussi souhaitent élargir la prescription infirmière

© Photo d'illustration / AdobeStock

Si l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) PACA est partie du principe que les infirmières libérales jouaient un rôle fondamental à domicile, elle a souhaité objectiver son hypothèse en obtenant des chiffres clairs sur l’exploration de la prise en charge à domicile par les infirmières libérales sans traçabilité directe et la compréhension de leurs difficultés pour sécuriser les suivis.

Grâce à un questionnaire envoyé aux infirmières libérales de la région, dont 1049 ont répondu (soient 7,5 % des effectifs, panel représentatif des réalités de la profession), les postulats de départ ont bien été confirmés. Trois points essentiels ont été défrichés : la vaccination, le traitement per os, la coordination.

La vaccination

Concernant les actes de vaccination, il est frappant de constater que 50 % des répondant.e.s facturent uniquement entre 0 et 25 % des actes effectués, et seulement 12 % le font entre 76 et 100 % des actes effectués. (vaccins antigrippaux). Pour le reste des vaccins, les proportions restent sensiblement les mêmes, avec 60% des répondants qui facturent seulement entre 0 et 25 % des actes.

Les raisons sont multiples : en premier lieu, l’inclusion dans la facturation AIS pour 36 % des infirmières libérales, suivi de l’argument du 3e acte (19,44%) puis la non facturation au regard de la complexité de facturation pour un seul acte (13,22%)

En somme, il est difficile d’effectuer des statistiques, car il n’existe pas de traçabilité faite au travers de la facturation, ou pas de facturation faite par les professionnels de santé. Pour les vaccinations, hors vaccinations antigrippales, le médecin oublie souvent de prévoir une ordonnance pour les infirmières libérales.

Les traitements per os : les Infirmières libérales en première ligne

Les infirmières libérales sont essentielles pour le bon déroulement du traitement per os, car elles sont en charge de la dernière étape de sécurisation du traitement à domicile, suivant la règle des 5B : bon patient, bon médicament, bonne dose, bonne voie et bon moment.

Leur rôle, multiple, inclut la vérification des ordonnances, leur conformité, la délivrance des médicaments, le dosage ou encore l’organisation de la gestion des stocks ou la préparation des piluliers. A la question « pour quel pourcentage de vos patients prenez-vous en charge le traitement per os ? », les résultats sont clairs : 36 % s’en occupent pour 70 à 80 % de leurs patients, et, en moyenne, les infirmières libérales prennent en charge le traitement de leurs patients à 64 %. Les motifs les plus récurrents étant la préparation du traitement et la vérification des dates de péremption (à 81 % tous les deux), puis viennent la gestion des stocks (78%) et les demandes de renouvellement (également pour 78%)

Il apparaît clairement que les infirmières libérales assurent la sécurisation du traitement per os à domicile, en exerçant leur expertise : elles sont ainsi plus de 84 % à avoir évité une incohérence dans le parcours infirmier (parfois, à plus de 56 % et souvent à plus de 27%)

D’autres chiffres viennent largement confirmer cette hypothèse : plus de 98 % des infirmières libérales interrogées modifient les piluliers entre deux préparations (changement d’ordonnance, réajustement suite à une consultation médicale ou après un contrôle sanguin, adaptation selon la douleur…). Elles constatent à plus de 90 % des soucis liés à la substitution d’un générique à un princeps, et, lien indispensable entre le médecin et le patient, leur signalent à 94 % des effets indésirables ou des interactions entre plusieurs ordonnances (89%).

La coordination, vecteur essentiel du suivi des patients

Face à la pluralité des intervenants (médecins, acteurs médico-sociaux, kinésithérapeutes…) dans les parcours de soins, les infirmières libérales jouent un rôle d’interface et de coordination. 85 % d’entre elles partagent ainsi des conseils de prévention, et 98 % mettent en place des interventions sur l’environnement du patient (dans un but d’ergonomie ou de sécurité). Les actes les plus fréquemment coordonnés sont la prise d’AVK , la surveillance clinique et la prise d’insuline. 

Les moyens utilisés pour faciliter la coordination se concentrent sur les appels téléphoniques et les SMS ; l’oral et le recours au DMP Dossier Médical Partagé arrivant bien après dans les usages. Il apparaît que les PTA et CTA sont loin d’être utilisées systématiquement, puisque plus de 41 % des infirmières libérales ne connaissent même pas leur existence.

D’après ces chiffres, qui permettent une photographie des pratiques de la profession en PACA, il semble cohérent et responsable de prôner un élargissement de l’autorisation de prescription, afin de faciliter l’exercice quotidien des infirmières libérales et éviter l’attente entre la prescription médicale et la résolution du besoin, notamment pour les antiseptiques (86%), les matelas anti-escarres (80%) et les déambulateurs (79%). Comme coordinatrices, relais et conseils, les infirmières libérales ont un rôle déterminant pour accompagner leurs patients au quotidien.

Delphine Bauer

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