Des pharmaciens dans les équipes de soins

Des hôpitaux français ont intégré une équipe de pharmaciens cliniciens dont la mission première est la prévention des risques iatrogéniques. Objectif : décloisonner le lien ville-hôpital pour améliorer la prise en charge du patient et garantir sa sécurité par un bon usage du médicament.

Des pharmaciens dans les équipes de soins

Depuis 2014, au CHU de Nîmes, une équipe mobile de pharmaciens hospitaliers se rend chaque matin dans tous les services de médecine et de chirurgie (2200 lits) pour faire des conciliations médicamenteuses. Chaque patient admis dans une unité de soins et à qui une ordonnance hospitalière a été prescrite, est ainsi soumis à un entretien d’une demi heure qui donne lieu à un bilan médicamenteux optimisé (BMO).

« Pour prendre en charge efficacement le patient, il faut disposer d'informations complètes en listant notamment tout ce qui est pris à la maison », annonce Clarisse Roux, pharmacienne assistante. Les traitements sur prescription, en particulier s'il s'agit d'un patient chronique polymédiqué, et en automédication, ce BMO considérant aussi l'usage éventuel de plantes, de vitamines ou de compléments alimentaires, etc. Le nom du médecin traitant ou du pharmacien de ville permettra d'obtenir par ailleurs des éléments du dossier pharmaceutique, si nécessaire. 

L'investigation dont l'objectif premier est de rendre les traitements plus efficaces, se fait en étroite collaboration avec l'équipe soignante. « Cet interrogatoire approfondit celui qu'une infirmière ou un professionnel de santé a fait à l'admission du patient », précise la clinicienne. Le BMO une fois dressé est confronté à la prescription hospitalière pour une analyse pharmaceutique qui permet de déterminer les divergences susceptibles d'induire des risques pour le patient.

 « Le cas échéant, nous modifions en conséquence », indique-t-elle. « L'objectif de la conciliation est de parvenir à intercepter et corriger 75 % des Evénements indésirables médicamenteux (EIM) », précise-t-elle*. Des EIM notamment liés à des doublons ou des interactions. Ces BMO peuvent aussi avoir lieu à chaque changement de service du patient. « Les erreurs médicamenteuse surviennent souvent lorsqu'il y a une transition dans le parcours de soin », confirme Clarisse Roux.

Enfin les pharmaciens interviennent aussi à la sortie hospitalière pour un dernier entretien de quinze minutes. Les patients vont être sensibilisés à l'automédication qui peuvent être à l'origine d'hospitalisation et surtout à l'observance. « Une partie des patients ne présente pas leur ordonnance en ville et cet entretien permet de gagner en observance. »

Le dispositif en place permet aux pharmaciens cliniciens de sortir de leur Pharmacie à usage interne (PUI) et d'intégrer des équipes soignantes pour un travail pluridisciplinaire qui les met en contact avec avec les patients et avec les médecins aussi. Il vise par ailleurs un décloisonnement très important du lien ville-hôpital. Au CHU de Nîmes, pionnier avec celui de Grenoble, il mobilise depuis 2013, 17 pharmaciens (13 ETP).

Depuis 2016, un service équivalent se met en place dans d'autres hôpitaux... A Nîmes, l'activité des pharmaciens s'est beaucoup diversifiée. « Notre rôle était de détecter une erreur médicale à l'arrivée du patient, liée à un déficit d'information entre la ville et l'hôpital. Aujourd'hui nous avons une activité de consultation pharmaceutique sur des patients ciblés. » Le panel est très étendu : insuffisance cardiaque, diabète, inflammation chronique,  patients en chimiothérapie...

Myriem Lahidely

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* Selon le ministère de la santé, ils provoquent près de 7500 décès par an et 145 000 hospitalisations de personnes, soit près de 1,5 millions de journées d'hospitalisation chaque année.

L'équipe a remporté un projet de la DGOF sur le déploiement du bilan de médication en service de chirurgie

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