Sécuriser le parcours de soins des patientes opérées en ambulatoire : L’exemple d’un réseau de santé en PACA

Malgré un progrès ces cinq dernières années, la chirurgie ambulatoire reste en France insuffisamment développée (seulement 40% des chirurgies en France contre 80% aux États-Unis) alors qu’elle constitue un apport réel en terme de qualité pour les patients et de réduction des coûts pour les établissements de santé et l’assurance maladie.

Sécuriser le parcours de soins des patientes opérées en ambulatoire : L’exemple d’un réseau de santé en PACADans son rapport du 17 septembre 2013, la cour des comptes pointe une économie potentielle de 5 milliards d’euros par an, si une amplification dans la conversion ambulatoire était plus volontariste. L’objectif fixé par le ministère de la santé est d’atteindre les 50% à l’horizon 2016.

Dans une logique de parcours de soin et de décloisonnement du système de santé, la liaison hôpital-ville doit être renforcée.

Le retour au domicile du patient nécessite une coordination effective afin de garantir la qualité et sécurité des soins prodigués, assurant également une parfaite articulation de tous les acteurs essentiels au confort du patient.

Les professionnels de santé libéraux sont au coeur de ce système de santé basé sur la réduction des temps d’hospitalisation et ils constituent un puissant levier pour contribuer au rééquilibrage de l’ONDAM. Malgré ce, des freins subsistent quant à l’articulation avec la médecine de ville.

Situé à Marseille et intervenant sur la région PACA depuis 13 ans, le RSP ILHUP (Réseau de Santé Polyvalent - Intervenants Libéraux et Hospitaliers Unis pour le Patient) coordonne des parcours de soins, organise la liaison hôpital-ville, est en lien avec le médecin traitant du patient, les structures du secteur médico-social, les différents acteurs du parcours de soins, dans un système patient-centré. Il fluidifie et sécurise la trajectoire du patient, que son lieu de vie soit proche ou éloigné d’un établissement de santé.

Un des deux centres de lutte contre le cancer de la région, l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) est un partenaire important du RSP ILHUP. Toutes les patientes sortant après une chirurgie mammaire (de la tumorectomie à la mastectomie voire la reconstruction mammaire) sont signalées au RSP ILHUP qui assure le lien avec l’IDEL déjà en place, ou se charge d’en rechercher un si besoin.

La coordination du parcours de soins

La chirurgie sénologique en mode ambulatoire est en augmentation (bien que toujours <30% du total de la chirurgie du sein) : la plupart des patientes entrant pour une tumorectomie, une zonectomie, une biopsie du ganglion sentinelle ou un curage axillaire sont éligibles à ce type de prise en charge. On note également une progression des mastectomies réalisées en ambulatoire.
Depuis 2 ans, le RSP ILHUP coordonne la sortie de ces patientes. Un fax est envoyé par l’IPC au réseau dès que l’intervention est programmée et les infirmier(e)s coordinateurs (trices) du réseau (IDEC) contactent les IDEL désignés par la patiente.

Le protocole transmis à l’IDEL porte sur le type d’intervention, la nécessité du passage dès le lendemain matin pour la surveillance des constantes post opératoires (pression artérielle, pulsations, état de conscience, saignements, douleur,…), la possible présence de drains (de plus en plus fréquent). Une information est donnée sur la sécurisation du parcours et l’accès offert à des consultations avec un psychologue: l’IDEL peut ainsi contacter sa patiente et programmer sa visite avec elle. Le réseau est l’interlocuteur identifié en cas de besoins, en dehors d’un contexte d’urgence médicale.

Quelle rémunération pour les infirmières libérales dans ce cadre ?

Sachant que le contexte de ces interventions (oncologie, curatives ou à visée diagnostique) entraine de nombreux questionnements et peut générer de l’anxiété chez la patiente, le passage de l’IDEL dès le lendemain se résume rarement à une « simple » prise de tension artérielle… Beaucoup de questions quant à la suite du parcours, à la reprise d’activité (vie quotidienne ou professionnelle), à la douleur, à l’image corporelle altérée, au devenir, au pronostic, voire à la mort…

L’équipe du réseau s’est penchée sur le mode de rémunération le plus juste de cette prise en charge holistique, pour laquelle le temps consacré peut aller au-delà de la demi-heure. Selon le contexte environnemental, psychologique ou poly-pathologique de la patiente, ce parcours peut également se révéler complexe.

L’IDEL doit assurer une surveillance clinique infirmière, comportant le contrôle des principaux paramètres servant à la prévention et à la surveillance de l’état de santé du patient. Elle évalue la connaissance de la patiente sur sa pathologie, l’observance du traitement, contrôle les conditions de confort et sécurité, dépiste les vulnérabilités, remplit la fiche de surveillance et assure la transmission des informations au médecin traitant. Elle met à jour le dossier infirmier au domicile.

Une prescription de DSI (Démarche de Soins Infirmiers) est donc établie par le médecin de l’IPC, et l’infirmière peut facturer un AIS4, « séance hebdomadaire de surveillance clinique infirmière et de prévention »1, une seule fois, le lendemain de l’intervention.

L’accent est mis sur la valorisation du rôle propre de l’infirmière.

L’évaluation du dispositif se fait grâce à la mesure de la satisfaction du patient, du professionnel libéral, et des professionnels du service de chirurgie ambulatoire. Mis en oeuvre depuis un an, le système ne remonte pas de dysfonctionnement à ce jour.

Par cette action, l’équipe du réseau ILHUP favorise la fluidité du parcours de soin des patientes suite à une chirurgie ambulatoire, sécurise le segment du retour au domicile et promeut la rémunération du rôle propre de l’infirmière.

Cette initiative témoigne d’une collaboration possible et efficiente entre l’hôpital et la ville.

Florence AMBROSINO – Infirmière en pratique avancée en coordination de parcours complexe de soins au RSP ILHUP - Marseille

Téléphone RSP ILHUP: 04.91.52.13.69
Mail : coordination@ilhup.com

Pour aller plus loin :

http://www.reseauilhup.com/
http://www.sante.gouv.fr/la-chirurgie-ambulatoire.html
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1242334/fr/chirurgie-ambulatoire-socle-de-connaissances
http://www.chirurgie-ambulatoire.org/
http://www.ameli.fr/professionnels-de-sante/infirmiers/exercer-au-quotidien/ngap-et-lpp/ngap.php

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Réactions

2 réponses pour “Sécuriser le parcours de soins des patientes opérées en ambulatoire : L’exemple d’un réseau de santé en PACA”

  1. quichou13 dit :

    Bonjour « un IDEL »: Juste pour info et c’est pourtant précisé dans l’article: ILHUP est une plateforme d’appui au professionnel de santé. Il ne produit ni soins , ni n’a d’IDE qui interviennent au domicile. Il fait le lien téléphonique entre l’hôpital et les IDEL. Ce sont les IDEL qui s’occupent de la patiente et personne d’autre. Quant à la cotation et la prescription de DSI je mets au défi les idel de me citer des services de chir ambulatoires qui les prescrivent systématiquement à la sortie des patients. De plus, la cotation AIS 4 est méconnue de 80% des IDEL contactés. Et pour finir « publicité »?? ILHUP est financé par ARS PACA, ne gagne pas d’argent, c’est un service publique. La seule publicité qui est faite ici c’est pour valoriser la surveillance clinique infirmière par des IDEL…Exactement dans le même sens que vos propos…Donc je ne comprends pas le but de votre message? signé une IDEL+IDEC. 😉

  2. beuleubeu dit :

    ILHUP n’invente rien. Et il n’est nul besoin de porter une étiquette à un réseau existant déjà pour n’importe quel patient. Il suffit de s’appuyer sur la loi HPST pour comprendre que c’est du rôle et de la compétence de chaque acteur de santé de s’articuler ensemble autour du patient au domicile pour optimiser sa prise en charge.
    Je suis infirmier libérale sur PACA et ne fait pas parti d’ILHUP mais mon travail, autour des soins ordonnancés et aussi de maintenir le lien entre l’hôpital, le médecin traitant et tout autre acteur de soins.L’histoire de la maladie, les antécédents, Les cibles, les surveillance, la traçabilité par le DSI, les synthèses régulières communiqués au médecin traitant, la communication avec les autres acteurs de santé sont des éléments que j’utilise au quotidien.
    Je me bats depuis des années pour faire comprendre que l’infirmier n’est pas qu’un exécutant et qu’il réfléchit à partir de ses connaissances et de ses compétences aux soins qu’il pratique et qu’il peut et doit renforcer le lien avec le médecin traitant pour optimiser la prise en charge du patient à domicile, comme il le fait dans une unité de soins hospitalière.
    Avec ce genre d’article, on nous fait croire que les  » associations » et ce type de réseau apportent plus aux patients à domicile que l’infirmier liberal, l’hôpital, le médecin traitant, le kinésithérapeute, le diététicien, le psychologue et autres acteurs hors associations. Pire, ils font du tort par de la publicité directe ou indirecte ( comme cet article ILHUP) autorisée par leur statut qui ne vante que ce que font au quotidien tous ces acteurs autour du patient à domicile.
    Signé: un IDEL, ancien infirmier hospitalier, ancien infirmier responsable d’unité de soins.

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