Françoise, infirmière en Allemagne

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« C’était un choc » : Françoise se souvient de son arrivée en 1977 à l’hôpital de Dortmund, dans l’Ouest de l’Allemagne.  Jeune infirmière elle venait par amour, de quitter son Angleterre natale.

 

Françoise, infirmière allemande - © DB

« Alors que dans mon pays j’étais respectée pour mon travail, ici j’étais reléguée au rang de subalterne. Les infirmières étaient peu formées, pas intégrées à l’équipe médicale et je n’avais pas la possibilité d’utiliser mes qualifications ».  Aujourd’hui, infirmière anesthésiste au service de chirurgie de ce même hôpital, elle regarde avec la distance de ses 40 ans de métier, l’évolution de la profession outre-Rhin : « Les choses sont en train de bouger ».

En Allemagne, pour être infirmier, le bac n’est pas nécessaire.  Après le lycée, une formation de trois ans, dispensée en général par les hôpitaux, et qui comprend une grande part de pratique est suffisante. « De fait, les infirmières étaient peu éduquées et les relations avec les médecins s’en ressentaient. Mais au cours de ces dernières années le métier s’est professionnalisé. Des formations universitaires : comme un master soin ou des spécialisations comme le transport des patients ou le traitement des blessures se sont ouvertes. La formation continue s’est développée. Pour les postes de management, un diplôme universitaire est requis ».

Le système fédéral allemand fait qu’il n’y a pas encore de vraie standardisation de la formation, différente dans chaque Land (région administrative), mais des réformes sont en discussion.
« Ici, depuis deux ans, les rôles ont été réarrangés, la charge des docteurs a été réduite et les infirmières peuvent désormais faire des perfusions et des prises de sang. Des tâches usuelles des infirmiers ont aussi été confiées aux aides-soignants : servir les repas, faire la toilette… Ce qui ne me semble pas forcément une bonne chose car, ici les aides-soignants sont très peu qualifiés. »

Passant la majeure partie de son temps au bloc opératoire, Françoise, est malgré tout une infirmière heureuse : « J’adore la diversité de mon travail : voir des patients de tous âges, présentant tous types de pathologies. J’aimerais pourtant pouvoir faire plus de visites post opératoires et passer plus de temps avec les patients ». Seule ombre au tableau : les salaires. Françoise travaille par gardes de 8 heures, 5 jours par semaine, fait des heures supplémentaires et des gardes de nuit et touche environ 2000 euros net (Une jeune infirmière gagne en moyenne 1300 euros par mois). « C’est vraiment peu au vu de mes qualifications et à quatre ans de la retraite, mais l’hôpital essaie de réduire ses coûts et la masse salariale dont les infirmiers représentent 40% est la première dépense qui doit baisser. Depuis 20 ans, si on tient compte de l’inflation, mon salaire n’a pas bougé ». Depuis une réforme du système de santé, voici un an, ce sont les hôpitaux, qui doivent gérer eux-mêmes leur propre rentabilité. Seuls 30% des hôpitaux allemands sont encore publics.

« Ici on a perdu 54 infirmières l’année dernière », poursuit Françoise, « on travaille donc beaucoup plus et on n’est pas augmentés. Il y a en plus un vrai déficit de jeunes, on voudrait les attirer dans la profession mais les salaires ne suivent pas. Beaucoup de jeunes soignants préfèrent ainsi travailler en Suisse ». Françoise se félicite pourtant que le soin infirmier soit désormais vu comme une science et pas une simple assistance des médecins. : « Nous sommes respectés par les docteurs et les patients sont très heureux de notre présence. C’est peut-être que nous devons bien faire notre travail ? » Sourit-elle.

David Breger

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Réactions

2 réponses pour “Françoise, infirmière en Allemagne”

  1. gogo dit :

    dans quelques lands (departement), ce sontencore les medecins qui font les soins invasifs (prise de sang, perf,…) Les IDE font plutot du role propre (nursing, prevention,…) Par contre, le materiel est de pointe, les patients reconnaissants et la hierarchie comprensible.

  2. Lima Sylvia dit :

    Et bien j’arrive pas a envoyer. Mon commentaire. C’est bete.

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