Santé mentale et neurosciences : se parler de ce qui va bien pour diminuer les résistances

Nous vous en parlions il y a quelques semaines : l’approche appréciative (A.I. ou appreciative inquiry en anglais) fait de plus en plus d’adeptes en France. Entre psychologie positive et communication non violente, elle peut s’utiliser entre collègues et face aux patients.

Santé mentale et neurosciences :  se parler de ce qui va bien pour diminuer les résistancesLe chef du pôle de psychiatrie de l’AP-HM David Da Fonseca, interviewé à Nice lors du congrès mondial de l’A.I., a instauré cette méthode de communication qui est, selon lui, proche de la pensée de l’enfant. « L’enfant a besoin de relation et de partage mais cela, on ne l’apprend pas en étudiant la psychiatrie. Les neurosciences nous apprennent qu’il est altruiste de manière innée et que l’homme est fondamentalement bon. »

Développer l’empathie permet donc de se connecter aux autres, comme le font les enfants.

Parler de soi, d’un moment agréable, permet de diminuer les résistances face à une situation que l’on pense impossible à résoudre. Comment l’utiliser en santé mentale ? Agnès Trébuchon, neuroscientifique à l’AP- HM explique comment l’AI agit sur notre cerveau.

« Lors de la prise en charge d’un patient souffrant d’une pathologie chronique, le patient doit être acteur de sa santé. Je lui faire raconter une crise, en activant ainsi sa mémoire autobiographique. Nous essayons de faire émerger des événements [où il a pris le dessus] qu’il pourra réutiliser après la phase d’acceptation », explique-t-elle.

David Da Fonseca complète : « On peut expliquer au patient qu’il est responsable de sa souffrance, c’est-à-dire, qu’il peut travailler sur l’acceptation de ce qui lui arrive ».

Communication apaisée

Dans nos têtes, l’A.I. provoque un réel changement d’état lors du processus de narration d’un événements qui a changé les choses. « Quand on raconte quelque chose à quelqu’un, on entre en contact, on s’adapte à l’autre par la gestuelle, l’accent,... », explique-t-elle.

La neuroscience peut mesurer la « petite musique de cerveau » de deux personnes communiquant. « Il y a une synchronie dans l’oscillation cérébrale ». Nous serions donc sur la même longueur d’ondes , ce qui simplifie forcément l’interaction, la compréhension.

En plus, l’activation de notre mémoire autobiographique pendant la narration « notre cerveau libère de l’ocytocine qui contribue à l’état de bien-être « , poursuit-elle. Nous sommes alors dans une communication apaisée, joyeuse où parfois la fierté d’avoir surmonté une situation complexe prend le dessus sur la tristesse et le découragement.

Cette narration en duo , comme le jargon de l’A.I. désigne ces moments d’échange, active chez celui qui réceptionne le message les neurones miroirs. Ceux-ci sont responsables de l’empathie, de la contagion émotionnelle. Un premier pas vers la compréhension de l’autre. Comme chez l’enfant, cette empathie va générer la compassion et les comportements altruistes. « Quand on met les gens sur cette fréquence, conclut David Da Fonseca, on crée un grande créativité ».

Sandrine Lana

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