Souffrance des soignants : deux plateformes téléphoniques à disposition

Face à la recrudescence du burn-out chez les professionnels de santé, associations et ordres nationaux ont décidé d’agir.

Deux numéros sont actifs.

Souffrance des soignants : deux plateformes téléphoniques à disposition« Lorsque le repos n’apporte plus le repos »

Le Dr Henry, président de l’association SPS préfère l’appeler « syndrome d’épuisement professionnel ».

Il peut apparaitre chez toute personne en exercice. Alors comment en repérer les signes ?

« C’est tout d’abord un soignant qui même s’il se repose est continuellement épuisé. Ce qui doit ensuite alerter, ce sont des faits tel qu’arriver en retard, perdre ses affaires, jurer, râler en permanence ou au contraire, ne rien dire, faire le minimum et puis s’en aller. Il y a aussi les accidents de voiture ou encore les arrêts de travail à répétition. Car dans ce milieu, les gens s’arrêtent rarement.  On peut aussi citer les prises de gueule, l’énervement autour du patient. Et enfin, la mécanique des gestes. »

En effet, quand la cadence devient infernale, le soignant a tendance à faire de la mécanique.

« Et c’est là qu’il risque de passer un cap. C’est à ce moment que ce dernier doit trouver le bon interlocuteur », explique le Dr Henry.

Des intervenants à disposition des soignants

« Notre objectif est de venir en aide à tous les professionnels de santé avec comme but de travailler en complémentarité »,  ajoute-t-il. « En premier lieu, c’est le médecin du travail qui joue un rôle capital. Le seul souci, c’est qu’il n’est pas là vingt-quatre heures sur vingt-quatre. » C’est là que les numéros d’appels prennent tout leur sens, fournissant ainsi de l’aide de jour comme de nuit.

Deux dispositifs dédiés

Il existe aujourd’hui deux structures en place. La première à l’initiative de l’association SPS et la seconde, lancée en avril 2018, sous la forme d’un dispositif national d’entraide pour les soignants, organisé autour des différents Ordres des professions de santé.

L’ONI est ainsi au cœur de ce projet avec la mise en place de son dispositif intitulé « Solidarité Ordinale Infirmière ».

« Cela relève des missions ordinales. C’est de l’entraide confraternelle active », explique Patrick Chamboredon, président de l'ONI.

Le fonctionnement des plateformes.

Le professionnel de santé en difficulté compose un numéro gratuit. Son anonymat est préservé. Les deux organismes renvoient sur une plateforme professionnelle dédiée. L’appelant est à même de pouvoir dialoguer avec un psychologue Le principe est le même. C’est-à-dire venir en aide au soignant en difficulté tout en évaluant la gravité de la situation. Petite nuance cependant chez SPS avec une application avec aussi une application qui permet de choisir son interlocuteur.

D’autre part, depuis le 19 septembre, l’association vient de lancer le « réseau national du risque psycho-social » qui permet de trouver les personnes formées et à l’écoute dans chaque département, pour une prise en charge de proximité.

Le nombre d’appelants en quelques chiffres

La plateforme SPS a reçu 2500 appels en 18 mois dont 747 de la part d’infirmiers. 60% d’entre eux étaient des salariés. Pour la plateforme ordinale, depuis sa création le 18 avril dernier, 142 infirmiers ont composé le numéro d’aide. 36 présentaient des troubles anxieux, 33 des troubles dépressifs et 2 des idées suicidaires.

Se former pour mieux aider

Pour Patrick Chamboredon, il y a une volonté d’aller plus loin : « Il est nécessaire de disposer de référents nationaux et de proximité afin d’être présents si les personnes décident de lever leur anonymat. C’est une volonté de l’ordre de créer une entraide ordinale au quotidien, qui nous est propre. »

L’association SPS quant à elle souhaite former « des sentinelles ». Leur travail serait de repérer les situations à risque ainsi que les personnes en difficulté sur le terrain afin de les orienter de manière adaptée. SPS compte se battre pour la mise en place de ces dernières dans toutes les structures de soins. Dans l’idéal elles seraient encadrées par un texte législatif qui les protégeraient dans leur fonction.

Flavie Peribois

Les deux numéros d'appel : 

Numéro d'écoute unique (Ordres professionnels)  : 0.800.800.854, disponible 7 jours sur 7 et 24h/24. 

SPS Soignants en souffrance : 0 805 23 23 36 – gratuit, disponible 24h/24 et 7j/7.

 

Le DIU “Soigner les soignants: spécificités et ressources”, dispensé par l’Université Paris Diderot est ouvert  à tous les soignants. 

 

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