Infirmiers de pratique avancée : les périmètres d’intervention et de formation se dessinent

Hier, sur la Paris HealthCare Week, lors d'une présentation très attendue sur les infirmiers de pratique avancée, la DGOS (Direction générale de l'offre de soins) a précisé les périmètres d'intervention et de formation de ces futurs professionnels. 

Infirmiers de pratique avancée : les périmètres d'intervention et de formation se dessinent

Pour aborder les pratiques avancées, il est d'intérêt d'abord de proposer un bref retour en arrière :  il y a quelques semaines à peine, la dernière version du projet de décret relatif aux missions et au périmètre d’exercice des futurs IPA a été vivement contestée par l’ensemble des organisations infirmières. Déçu par des textes qui ne seraient pas à la hauteur des enjeux et qui laisseraient peu de place à l'autonomie infirmière, le HCPP les a d'ailleurs rejetés la semaine dernière.

Le projet de décret passe actuellement en Conseil d’État. Il devrait ainsi, dans sa version finalisée, être publié fin Juin.

Un médecin, toujours "en première ligne"

A l’issue de la présentation de la DGOS hier, les périmètres d’intervention des IPA devenaient plus précis : si le médecin reste en « première ligne d’entrée dans le système de santé », les IPA infirmiers de pratique avancée, tant à l’hôpital qu’en ville, sans être « autonomes », pourront renouveler et réajuster des traitements et prescrire des examens complémentaires. Ils et elles seront pleinement responsables de leurs actes. Néanmoins, « la pratique avancée ne pourra pas s’exercer de façon isolée », a expliqué Cécile Courrèges, insistant sur la dimension de « parcours » et « d’équipe pluri-professionnelle ».

Concernant l’absence d’autonomie des IPA et des incertitudes sur leur marge de manoeuvre, Michel Varroud-Vial, conseiller médical à la DGOS a été clair : « Je pense que ça ne scandalisera personne de dire que la conduite thérapeutique et diagnostique relève des médecins. C’est quelque chose qui doit rassurer les usagers et les patients. Dans la pratique avancée, la première ligne d’entrée restera le médecin », a-t-il insisté. « C’est un choix que nous avons fait dans le système de santé français, ça relève de traditions et d’organisations culturelles. Le médecin peut en revanche confier pour la totalité de la prise en charge du patient, y compris pour le renouvellement de traitement, un patient à une IPA. Si au cours du parcours, la situation se déséquilibre, ce sera de la responsabilité de l’IPA de ré-adresser le patient au médecin ».

Trois formations différentes dès 2018, deux autres envisagées pour 2019 et 2020

Les universités qui ouvriront un master préparant à la fonction d'IPA (une dizaine, espère Cécile Courrèges) devraient être connues en Juin. Les universités auront pour seule obligation de proposer, parmi les trois enseignements possibles en pratique avancée, le cursus intitulé « Pathologies chroniques stabilisées, prévention, polypathologies et soins primaires », davantage axé sur l’ambulatoire. « On souhaite vraiment que les pratiques avancées prennent leur place en ville. C’est la raison pour laquelle on voulait s’assurer que cette formation s’ouvre en septembre 2018. On est au début de l’histoire. On est en train de rattraper un retard par rapport aux autres pays », a expliqué Cécile Courrèges.

Les deux autres cursus en pratique avancée qui s'ouvriront à la rentrée, restent optionnels pour les universités. Ils seront relatifs à l’oncologie et l’onco-hématologie, ainsi qu’aux maladies rénales chroniques, dialyse et transplantation rénale.

Plus tard, d’autres cursus sont envisagés et font l’objet d’une concertation. Ainsi, un parcours en psychiatrie et santé mentale pourrait voir le jour en septembre 2019 ainsi qu’un parcours en santé du travail en 2019 ou en 2020. « On souhaite faire monter en puissance ce dispositif dans les années qui viennent pour mieux répondre aux besoins de la population et mieux accompagner les personnes dans la durée », a précisé Cécile Courrèges.

Passerelles et équivalences

Jusqu’alors, seules deux universités proposaient un parcours en pratique avancée (Aix-Marseille et St Quentin), sans que ces formations aient une reconnaissance officielle. « On va mettre en place des passerelles pour les infirmières déjà formées. Par contre, on n’est pas dans l’optique de faire une reconnaissance totale. Il y aura toujours un minimum de formation à suivre car les enseignements ne sont pas exactement les mêmes. On est en train de définir les modalités pour ces infirmières qui ont déjà suivi une formation universitaire, mais aussi pour les infirmières qui ont une pratique qui se rapproche de la pratique avancée, comme les infirmières Asalée », a expliqué Cécile Courrèges.

Le cursus universitaire sera ouvert à toute infirmière diplômée d’Etat, quel que soit son mode d’exercice, ayant exercé pendant au moins trois ans. Il durera deux ans (quatre semestres), soit un master 2.  Les infirmières libérales intéressées devront exercer dans une équipe de soins primaires. « Elles doivent s’inscrire dans un projet qui leur permettent d’attester de leur plus-value au niveau du territoire », a expliqué Michel Varroud-Vial. Des réflexions sont en cours pour l’indemnisation de ces professionnelles pendant leur formation.

Rémunération

C’est le troisième volet (après le volet sur le cadre d’exercice et sur la formation) de la réflexion relative à la pratique avancée. « Pour l’exercice libéral, il va y avoir une ouverture de négociations conventionnelles, ad hoc, pour permettre la juste valorisation de cet exercice et de la responsabilité qui va avec. Pour les IPA hospitalières, on a une discussion avec la DGFP (Direction générale de la fonction publique, ndlr) pour reconnaître cette responsabilité spécifique ».

A suivre de près…

M.S

Pour aller plus loin : formation continue DPC pour infirmière et infirmier libéral

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Réactions

32 réponses pour “Infirmiers de pratique avancée : les périmètres d’intervention et de formation se dessinent”

  1. Anonyme dit :

    Véronique Carlier

  2. Anonyme dit :

    Fashion week, Health Care week !! Je suis bilingue !

  3. Anonyme dit :

    Master 2
    C’est pas le niveau des
    IADEs …
    C’est comme le Canada Dry , ça y ressemble mais, ce n’en ai pas !
    Il va falloir peut être remettre ça sur le tapis

  4. Anonyme dit :

    Les idel « doivent s’inscrire dans un projet qui leur permettent d’attester de leur plus-value au niveau du territoire »/ « On souhaite vraiment que les pratiques avancées prennent leur place en ville. »

    Être déjà installé en ville c est pas déjà une sacrée plus-value ?!

  5. Anonyme dit :

    je reste persuadé que les Infirmiers de Pratique Avancée de première ligne vont être dans un avenir proche une importante aide au sein de la médecine de ville avec des compétences infirmières élargies (études en faculté, cadrées, bac+5, etc). les zones de désertification médicale en bénéficieront, sans parler de la télémédecine, espérons que le gouvernement actuel ou le suivant débloqueront des fonds pour développer tout cela…

    • Anonyme dit :

      entièrement d’accord. La brèche est ouverte, c’est ce qui compte, même si à l’heure actuelle, le champ d’exercice et les actes ne sont pas entièrement à la hauteur de nos attentes…

  6. Anonyme dit :

    Elise AsenjøGuerrin

  7. Anonyme dit :

    Les Infirmiers Azalé vont encore être les premiers bénéficiaires !! Ils ont déjà l’éducation thérapeutique que nous les IDEL pourrions et savons faire !!! Dans notre ville, ils sont déjà les coordinateurs de la future maison médicale sans aucune concertation avec les IDEL de la ville !! Nous on est juste bonne pour les soins tous les jours toute l’année !! Mais on ne voit jamais l’avenir avec nous !!! Lamentable !!!

    • Anonyme dit :

      Asalee est ouvert à tout le monde. Pourquoi n avez vous postulé ?

    • Anonyme dit :

      Olivier Sillas je n’ai pas postulé parce que nous avons appris leur fonctionnement que lorsqu’ils étaient en place !! Il n’y a eu aucun échange avec les IDEL existantes!!! Ce qui crée aujourd’hui un très mauvais climat entre les IDEL de la ville et les azalée.

    • Anonyme dit :

      Je suis liberal, asalee et protocole de coopération entre médecin et infirmier afin de diagnostiquer le syndrome de fragilité des personnes âgées. Comme vous, nous avons un emploi du temps plus que chargé et je présente ce protocole dès que je dois rentrer en contact avec un idel pour la prise en charge d’un patient. Je n ai pas le temps de faire des réunions publiques ! Tout se passe bien. Il n y a pas de mauvais climat. J’invite au décours de mes rencontres, tous les idel a postuler. Surtout que nous avons une interdiction totale de réaliser des soins et que chaque patient que nous prenons en charge, sont orientés vers une idel quand cela le nécessite. Je ne sais pas où vous exercer Anne mais je serais ravi d échanger avec vous pour tout vous expliquer et vous aider à développer ces deux protocoles dans votre secteur. Vous pouvez me contacter en message privé. Bien à vous Anne saint vorin.

    • Anonyme dit :

      Olivier Sillas je suis de Pontarlier dans le Doubs. Vous êtes surement plus à l’écoute que les infirmiers AZALEE de notre secteur qui ont un égo surdimensionné … Je vous contact en privé la semaine prochaine. Merci beaucoup Bonne journée

    • Anonyme dit :

      passez votre master 1 puis le 2 puis postulez. au lieu de réagir comme une enfant. les libéraux et les infirmiers Azalée ont des missions communes mais peuvent coexister. les IPA n’ont pas vocation à remplacer les libéraux. je pense que vous manquez d’information et que vous n’avez rien compris au concept d’IPA.

    • Anonyme dit :

      Olivier Sillas cela m’intéresse également, peut-on échanger en MP ?

    • Anonyme dit :

      Hugo Lien et oh du calme !!! Et un peu de respect !!

    • Anonyme dit :

      Hugo Lien quand on a un profil Facebook vide comme le votre on s’abstient de tout commentaire !! Mais qui êtes vous ???

    • Anonyme dit :

      Anne Saint-Voirin en quoi le fait d’avoir un profil visible par le public soit vide empêche Hugo Lien à commenter vos remarques ?
      Un peu de tolérance et d’ouverture d’esprit ne ferait pas de mal je pense …

    • Anonyme dit :

      C’est lui qui m’agresse !! Et c’est lui n’est pas tolérant …

    • Anonyme dit :

      Quentin Broucqsault la tolérance et l’ouverture d’esprit ne peuvent être discuter ici !! J’espère juste que ceux qui commentent sont confronté au quotidien aux soins en ville et à domicile !!

    • Anonyme dit :

      Anne Saint-Voirin je n’ai pas vu d’agression dans le message…
      et je commente pourtant je ne suis pas confronté aux soins en domicile, ce qui n’empêche en rien le débat …

    • Anonyme dit :

      Quentin Broucqsault c’est bien ce que je pensais vous êtes bien loin de connaitre notre quotidien et donc de le comprendre !!!

    • Anonyme dit :

      Anne Saint-Voirin eh eh ne faites pas de généralités de votre expérience sur l’ensemble des IDEL. Étant hospitalier ce n’est pas une raison pour ne pas s’intéresser à ce que vont les collègues et avoir une vision globale de la profession.

    • Anonyme dit :

      Après on s’étonnera que notre profession n’évolue pas quand on voit les réactions de notre corporation.

    • Anonyme dit :

      Profil vide = troll= fouteur de merde ?

    • Anonyme dit :

      Attention! Asalee n’est pas de la pratique avancée!

    • Anonyme dit :

      Ingrid PB non vous avez raison. Cependant l ingénierie de la formation des IPA s’est calquée sur la pratique des infirmières asalee pour en définir le contenu. Cherchez l erreur.. C est d’ailleurs pour cela que nous avons négocié avec les instances une validation d acquis sur certains modules afin de devenir IPA plus rapidement.

  8. Anonyme dit :

    Toussotte … c’est sensé etre pret pour septembre 2018? Rien n’est clair salaire, formation, passerelle, droit pour la formation aux ide deja diplomés bref … ca va créer encore des galeres dans le metier si c’est pas mieux géré

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