Ehpad : Agnès Buzyn et la politique des petits pas

Peu après 13 heures, ce 15 mars, les représentants des différent syndicats* appelant à la mobilisation des soignants en Ehpad sortaient du ministère, après environ une heure et demie de discussion avec Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Ce qui, en soi, est déjà une avancée !

©Cyrienne Clerc Manifestants à Paris, le 30 janvier 2018

Lors de la première journée de grève du 30 janvier, au cours de laquelle le taux de mobilisation (grévistes et personnels assignés) avait atteint 31,8 %, l’intersyndicale avait juste été reçue brièvement par la directrice adjointe en charge des solidarités au cabinet de la ministre. 

Devant le ministère, avenue Duquesne, la mobilisation semblait moins importante que le 30 janvier. En province, le calcul des manifestants risque d'être plus difficile du fait des manifestations souvent unitaires entre retraités, également appelés à descendre dans la rue, soignants en Ehpad et acteurs de l'aide à domicile. 

Prise de conscience ministérielle

"Nous assistons enfin à une prise de conscience et à la fin du déni sur la situation dans les Ehpad », a reconnu Eve Rescanières, secrétaire nationale de la fédération Santé Sociaux, tout en regrettant « l’absence de mesures concrètes » à la fois sur la réforme de la convergence tarifaire et sur les effectifs en Ehpad.

Rappelons que l’intersyndicale réclame un taux d’encadrement global de 1 pour 1 (soit un salarié pour un résident). Une exigence qui est également au cœur du rapport de la mission d'information menée par les députées Monique Iborra (LREM) et Caroline Fiat (FI) qui comptabilise 24,5 aides-soignants, aide médico-psychologique ou assistant de soins en gérontologie et 6 infirmiers pour 100 résidents, soit environ 30 soignants pour 100 résidents. Ce rapport appelle à doubler ce ratio en quatre ans pour atteindre une norme d’encadrement de 60/100. Soit en y ajoutant le personnel non soignant, l’équivalent du ratio 1 pour 1 réclamé par les syndicats.

Agnès Buzyn opposée à un ratio des effectifs/résidents…

Cependant Agnès Buzyn s’est déjà déclarée opposée à une norme, affirmant, mardi dernier, lors des assises des Ehpad, que "ce ratio n'a aucun fondement théorique ou scientifique », alors même qu’il a déjà été proposé dans le Plan Grand Age… en 2006 !

Premiers pas positif selon l’intersyndicale, reçue ce 15 mars, la ministre reconnait en revanche l’insuffisance des effectifs et la nécessité de les augmenter. Pour Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI CFE-CGC, « Agnès Buzyn a fait une avancée sur le diagnostic, mais en indiquant que l’augmentation des effectifs est dans sa trajectoire, elle reste dans le flou. Nous voulons une traduction en nombre de postes, du concret ».

…reste dans le flou sur une augmentation des effectifs

« Il va falloir désormais débloquer des moyens, ouvrir les cordons de la bourse », ajoute Mireille Stivala, secrétaire générale de la fédération CGT santé et action sociale, alors que la ministre a mis en avant « un manque de moyens et de budget », selon Pascal Champvert, président de l'Association des Directeurs au service des Personnes Agées (AD-PA).

« Nous avons mis sur la table nos revendications. Mais aucune ouverture des négociations n’est prévue. La ministre cherche à gagner du temps en attendant les conclusions des différents rapports», s’indigne, de son côté, Luc Delrue, secrétaire fédéral FO. Une table-ronde est prévue dès le 23 mars à laquelle les syndicats ne sont pas conviés.

Neutraliser les effets négatifs de la réforme tarifaire

Concernant cette autre revendication – le gel de la réforme tarifaire qui touche le financement de la dépendance - Agnès Buzyn a promis d’en « contrer les effets négatifs » par des ajustements financiers, précisant que "20 à 25%" des Ehpad seraient « perdants ». Un chiffre nettement sous-évalué, affirme Luc Delrue qui assure que les Ehpad sont « également touchées par une baisse des dotations sur les soins ». 

Les représentants syndicaux ont également mis en avant l’urgence d’une réforme globale face à l’enjeu social que représente le « cinquième risque », c’est-à dire – le financement de l’ensemble des risques liés à la prise en charge des personnes âgées qui concernent à la fois les Ehpad et le maintien à domicile. « Il faut jeter les bases d’un financement solidaire », préconise Pascal Champvert. Face à cet enjeu social, la ministre devrait présenter une nouvelle feuille de route concernant la prise en charge du vieillissement à la fin du mois de mars.

Cyrienne Clerc

*CFDT, CFE-CGC ,CFTC, CGT, FA-FP, FO, FSU, SUD, UFAS, UNSA, soutenus par l’AD-PA

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Réactions

11 réponses pour “Ehpad : Agnès Buzyn et la politique des petits pas”

  1. Anonyme dit :

    Et encore, toujours, l’absence de causes! Dénoncer les conséquences sans jamais se préoccuper des causes est une folie! Pire: que faut il faire avec ceux qui dénoncent les conséquences quand ils cherissent les causes? L’incroyable continuité Bachelot-Tourraine-Buzyn n’a qu’un seul point d’origine: l’article 106 du Traité de Fonctionnement de l’UE! L’UE, si tu ne veux pas en sortir alors tu acceptes de la subir! #frexit #maintenantvoussavez

  2. Anonyme dit :

    Nos politiques quand ils veulent, ils peuvent. Faut pas qu’ils oublient qu’un jour ils seront comme nos residents. Mais nous, pour combien de temps devons nous encore nous epuiser de la sorte. Souffrir de divers maux en nous levant le matin???

  3. Anonyme dit :

    Et puis à TF1, on parle de la grève des retraités, de la SNCF. Et nous on est où ?

  4. Anonyme dit :

    D’accord….il faut plus de moyens..
    Mais avec quel financement ??
    Encore des hausses d’impôts ?!
    Marre!

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