[Vos blogs] Les mains sont au soin ce que l’artisan est à l’art
Les soignants sont de plus en plus nombreux à transmettre leur vécu et leur expérience à travers des blogs, des livres ou même des scénarios. ActuSoins à toujours eu à coeur de mettre en lumière et de partager ces écrits. Aujourd’hui, nous vous présentons un billet, proposé par Alexis, aide-soignant. Alexis tient une page FaceBook intitulée Dans le couloir- Pensées d’un aide-soignant. Dans ses récits, il ouvre les portes des chambres des hôpitaux et raconte les histoires qu’il n’a pas voulu oublier.
Chambre 182
Les mains sont au soin ce que l’artisan est à l’art : une forme physique de ce lien entre le cœur et l’esprit. Elles sont pour tous les soignants un outil de travail incontournable. C’est par elles que nous exerçons notre savoir-faire et un rien leur suffit à effacer ou à dévoiler les aspérités de la matière humaine qui se tient quotidiennement entre nos mains.
Pour en faire profiter pleinement l’autre, aussi incroyable que cela puisse paraître, nos extrémités aux phalanges potelées doivent être au centre de toutes nos attentions en bénéficiant, elles-aussi, de soin. En effet, irritées, gercées, chaudes ou froides, nos mimines peuvent être parfois le seul contact humain approchant des corps qui ont oublié la puissance d’un geste insignifiant : le toucher.
“Donne-moi ta main” Madame S., allongée sur son lit d’hôpital, a les yeux mi-clos et l’on perçoit déjà les râles respiratoires. Ces derniers annoncent, sans tambours ni trompettes, le prélude du requiem monocorde de la fin de vie. De plus, ses gestes lents et fatigués trahissent l’inexorable défaite de son corps face au cancer du poumon contre lequel Madame S. se bat depuis huit mois.
Face au mystère du grand voyage, Madame S. déborde d’appréhension mais, peu à peu, ce sentiment mêlé de peur et d’anxiété, se dissipe pour laisser place à des visions pré-mortem que seul Madame S. perçoit.
Celles-là lui placent dorénavant un pied vers l’au-delà. De ces mains, ressemblant à des pinces s’ouvrant et se refermant sur le vide, elle ne cherche plus à infléchir la puissance absorbante du néant mais plutôt à ce que nous l’aidions à franchir paisiblement le seuil de la vie à la mort. Tendant péniblement vers moi une main décharnée et translucide, elle attrape avec force mon poignet qui contraste avec l’aspect amaigri et grisâtre de celui de Madame S.
“Donne-moi ta main” Il est deux heures du matin, voilà un petit moment que nous nous tenons près d’elle. Tandis que ma collègue lui passe un gant frais sur le visage tout en lui caressant sa chevelure éparse, je lui tiens calmement sa main de plus en plus cyanosée.
Notre présence, dont nous nous efforçons d’être la plus rassurante possible, semble apaiser son angoisse et les crispations de son visage laissent place à un faciès un peu relâché. Toutefois, les inspirations espacées de pauses respiratoires deviennent de plus en plus pénibles et, quelques minutes après, nous sentons Madame S. plonger définitivement vers l’inéluctable conclusion. Un dernier râle, plus silencieux que les autres, puis, plus rien. Madame S. nous a quitté.
“Donne-moi ta main” Comme si Madame S. nous autorisait à prendre du repos après l’avoir emmené on ne sait-où, ces deux mains lâchèrent tranquillement prise. Nous arrêtons l’humidificateur d’oxygène, lui enlevons tous ces dispositifs médicaux, la peignons, la réinstallons… Malgré son visage émacié, Madame S. affiche un air paisible figé pour l’éternité que nous observons silencieusement et respectueusement. “Elle est belle”, souffle ma collègue.
A la façon d’un artisan qui se frotte les mains après avoir achevé une belle oeuvre, je peux tout simplement reconnaître une chose. C’est dans ce moment où la maladie exprime sa laideur la plus déformée et expressive que, nous les soignants, l’on peut y trouver de la beauté. Car, en tendant simplement notre main vers l’autre, nous touchons bien plus qu’une peau, nous pénétrons le cœur des Hommes et, ce que nous en retirons, c’est d’abord ce qu’il y a de plus beau !
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