Vaccination Covid : en Seine-Saint-Denis, un bus circule pour informer et vacciner

Vaccination Covid : en Seine-Saint-Denis, un bus circule pour informer et vacciner

Le département de Seine-Saint-Denis a mis en place un bus itinérant pour informer et vacciner contre la Covid-19 les habitants d’au moins 75 ans, les plus éloignés du système de santé, ayant des difficultés à prendre rendez-vous ou à se déplacer. Embarquement à son bord avec un infirmier et un ambassadeur vaccination.
Vaccination Covid : en Seine-Saint-Denis, un bus circule pour informer et vacciner
Le bus se déplace devant les endroits fréquentés. © Alexandra Luthereau

« Souhaitez-vous obtenir des informations concernant la vaccination à la Covid-19 ? ». C’est par cette question, que ce matin de fin février ensoleillé, Neder Zitouni aborde des habitants à la sortie de l’hypermarché de Clichy-sous-Bois dans la zone commerciale de Clichy 2 en Seine-St-Denis.

Le jeune quadra, lui-même Séquano-Dionysien, s’est porté volontaire pour devenir ambassadeur de la vaccination contre la Covid-19 dans le cadre d’un dispositif mis sur pied par le département 93 destiné aux plus de 75 ans.

Parce que de nombreux habitants âgés sont isolés, n’ont pas accès à internet ou maîtrisent mal le français, ils éprouvent des difficultés à accéder à la vaccination par manque d’information. D’après les chiffres de Santé publique France, publiés fin janvier 2021, 0,9 % de la population du département de la Seine-Saint-Denis a reçu au moins une première dose du vaccin contre le coronavirus. Le taux le plus bas de la France métropolitaine.

La Seine-Saint-Denis est donc le département le moins vacciné de l’Hexagone. L’idée du dispositif est donc d’aller à la rencontre de ce public vulnérable, à l’aide d’un bus itinérant qui se rend chaque jour dans un endroit différent du département devant les supermarchés, les places d’Hôtel de ville et les zones de passage.

Et qui mieux que des habitants pour s’adresser à des habitants. « Je suis né dans le 93, j’ai grandi dans le 93, j’ai monté mon entreprise dans le 93, du côté de Pierrefitte et Stains. Je connais la population », retrace l’ambassadeur vaccination, également patron d’un réseau de crèche sur le territoire qui compte consacrer plusieurs demi-journées de son temps à ce dispositif.

Stéphane Chauvin, infirmier, et référent vaccination du département 93 abonde : « un message sera plus facilement transmis par des personnes connues »

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Stéphane Chauvin, infirmier et référent vaccination du département 93 en train de vacciner une personne sensibilisée par l'équipe
Stéphane Chauvin, infirmier et référent vaccination du département 93 en train de vacciner une personne sensibilisée par l’équipe. © Conseil départemental de Seine Saint-Denis.

Avant de s’adresser à leurs concitoyens, les 40 ambassadeurs du programme, tirés au sort parmi 140 volontaires, ont été formés deux demi-journées par plusieurs experts dont plusieurs professionnels de santé. Au programme : informations scientifiques sur les différents types de vaccins, sensibilisation aux fake news, explication du rôle d’ambassadeur.

Puis, sur le terrain, « le rôle des ambassadeurs est d’expliquer aux usagers pourquoi c’est important de se faire vacciner, de continuer à se protéger même après avoir été vacciné. Ils informent sur le port du masque etc. », détaille Stéphane Chauvin. « Notre rôle est d’accompagner, d’aider et d’aiguiller les personnes, ajoute Neder Zitouni. Mais nous sommes là pour apporter des réponses, pas pour convaincre ». Et si les questions sont trop techniques, alors il passe la main au soignant, présent à bord du bus à chaque étape. « Les usagers peuvent nous demander la différence entre les différents vaccins, comment on l’injecte, les contre-indications en cas de maladie », commente le “monsieur vaccin” du département.

Le rôle des ambassadeurs est d’aller à la rencontre des personnes ciblées, et de les aborder. Ce qui n’empêche pas des personnes de s’approcher d’eux pour leur poser des questions les concernant eux, leurs proches ou leur entourage. « Tout à l’heure, une auxiliaire de vie est venue se renseigner pour la personne âgée qu’elle accompagne », rapporte Neder Zitouni.

Surtout, ce matin-là, comme à chaque fois, la préoccupation numéro un concerne la prise de rendez-vous pour se faire vacciner : « Comment peut-on en obtenir un ? On appelle, on appelle mais ça ne répond jamais », s’inquiète une habitante.

350 vaccinations par semaine à bord

Outre communiquer les informations relatives aux centres de vaccination ouverts sur le territoire et leur numéro de téléphone, l’équipe du bus, composée d’une secrétaire médicale en plus de l’infirmier, a également la possibilité d’inscrire les habitants prioritaires en situation de précarité sur le carnet de rendez-vous du centre nouvellement ouvert à Bobigny par la Caisse primaire d’Assurance maladie, dédié à ce public.

Pour les autres habitants de plus de 75 ans, ils seront mis sur liste d’attente dans l’un des centres gérés par le département ou par les communes, quand celles-ci en possèdent. « Nous souhaitons être des facilitateurs de la vaccination », résume Marie Pastor, responsable prévention et actions sanitaires du département Seine-Saint-Denis. 

Pierre, qui vient tout juste de fêter ses 75 ans, sort du bus ravi. Il a rendez-vous dans quelques jours pour se faire vacciner à Bobigny. « J’attendais de recevoir une convocation de la mairie de Clichy-sous-bois qui contacte tous les plus de 75 ans. Mais quand j’ai vu le bus et qu’on m’a expliqué qu’on pouvait prendre rendez-vous, je n’ai pas hésité».

 Dès le 1er mars, le bus s’est doté d’une seconde mission : vacciner à bord du bus les personnes ayant des difficultés à se déplacer. Notamment, le dispositif cible les personnes âgées vivant dans les résidences autonomie, « en dehors des mailles du filet de la campagne de vaccination nationale en Ehpad », souligne Stéphane Chauvin.

Ce jour-là, à bord du bus qui a fait étape à Bagnolet, l’infirmier a vacciné 48 personnes, dont « 80% étaient des résidents, les autres orientés par le CCAS de la commune ». « C’est plus facile de vacciner les résidents sur leur lieu de vie. C’est plus rassurant pour eux. Et il est possible de se faire aider par le personnel de la résidence si besoin ».

Le bus circulera jusqu’à fin mars pour informer la population et « le temps qu’il faudra pour vacciner » les publics prioritaires âgés, souligne Marie Pastor. Objectif : 200 personnes par semaine à bord du bus, puis 350 à partir de mi-mars. Les efforts porteront en particulier sur les villes ne disposant pas de centre de vaccination et sur les résidences autonomies.

Alexandra Luthereau

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