La suppression du concours d’entrée en Ifsi a été dénoncée notamment par la Coordination des enseignants et étudiants en santé ou encore par la Fédération nationale de l’enseignement privé (FNEP). Comprenez-vous leur point de vue ?
Les ministres en charge de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont annoncé deux décisions le 5 juillet lors de leur déplacement à Caen : l’insertion sur Parcoursup dès 2019 pour la formation en Ifsi et la suppression du concours (écrit et oral) à cette même date. L’insertion sur Parcoursup a été prévue par le législateur pour toutes les formations en 2019, sauf dérogation. Les ministres n’ont pas souhaité déroger.
Pour ce qui est des conditions d’admission, la concertation a été très large sur le sujet et a mobilisé, au sein du Comité de suivi de l’universitarisation, toutes les parties prenantes : les financeurs et régulateurs, à travers la Conférence des présidents d’université, Régions de France, les Agences régionales de santé, les représentants des centres hospitaliers, mais aussi les associations étudiantes, les fédérations d’employeurs, l’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales (ANDEP), le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), la Croix Rouge française… La discussion en Comité de suivi s’est prolongée dans des groupes de travail. Un consensus est vite ressorti autour du caractère quelque peu obsolète du concours tel qu’il existe aujourd’hui.
Comment cette décision de supprimer le concours a-t-elle été prise ?
Dans le cadre du comité de suivi, nous avons étudié les performances du concours. D’un côté, il y a le coût social du dispositif avec les frais d’inscription, les frais annexes au concours (transport, logement), le coût des préparations. Cela pèse sur le candidat et sa famille, et rallonge la durée effective d’étude. En regard, il faut évaluer les performances du concours. Le volume de places vacantes est important – entre 5 et 10 % chaque année. De plus, une part non négligeable des étudiants redouble, d’autres abandonnent en cours d’études. De fait, lorsqu’il est dit que le concours est un dispositif performant et s’avèrerait nécessaire pour repérer les candidats disposant d’une motivation particulière pour le métier, nous pouvons avoir quelques doutes.
Comment l’orientation va-t-elle s’effectuer désormais ?
Les dispositions de la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE) et la réforme du lycée en préparation ont pour point commun une place plus grande attribuée à la construction du parcours d’orientation des élèves. Il est parfois difficile de faire comprendre que le concours ne va pas être remplacé uniquement par une sélection sur dossier mais par ce processus d’orientation organisé dans la durée, avec désormais une implication beaucoup plus forte des professeurs du lycée. Jusqu’à présent, les équipes du secondaire n’avaient pas de rôle assigné dans la construction du parcours d’orientation des étudiants pour ce type de filière. Pourtant, elles les connaissent bien, surtout dans les filières technologiques et ont toute légitimité pour participer activement à l’orientation.
Ce qui explique la suppression d’une sélection orale…
Oui tout à fait. Ceux qui plaident pour cette épreuve d’admission, à la faveur de quelques minutes d’entretien, considèrent qu’elle permet de mieux cerner la motivation des candidats ou de repérer les candidats « à problèmes ». La faculté à « détecter » la motivation avec ce type d’épreuve ne bénéficie pas de démonstrations scientifiques probantes. A la place, il s’agira désormais de s’appuyer sur les avis motivés des équipes du secondaire, qui connaissent bien les élèves, en lien avec les responsables et formateurs des Ifsi, qui auront évidemment pour rôles d’apprécier les candidatures et de les classer. Nous faisons toute confiance aux équipes des lycées d’une part, à celles des IFSI d’autre part pour bâtir un dialogue dans la durée ou renforcer les relations existant déjà, afin de consolider les liens de travail à tous les stades de la procédure.
Très vite, nous allons décrire les caractéristiques et les attendus de la formation infirmière, comme pour les 13000 autres formations déjà présentes sur Parcoursup, afin que ce dialogue puisse s’établir rapidement avec toutes les cartes en mains.
Comment va s’opérer la sélection pour les aides-soignants, les auxiliaires de puériculture ou encore pour les vocations tardives ?
Les aides-soignantes et les auxiliaires de puériculture disposent déjà d’un dispositif particulier de promotion professionnelle, et ce système ne va pas changer. Pour les personnes en reconversion professionnelle ou encore les non bacheliers, qui passent par un filtre de présélection, leurs candidatures seront traitées sur Parcoursup avec bien entendu des dossiers spécifiques à travers lesquels ils pourront faire valoir leur parcours professionnel et les compétences acquises. Contrairement à ce qu’on lit parfois, il n’y a nul projet de revoir la diversité du recrutement caractéristique des Ifsi. C’est même tout le contraire. Nous valoriserons la diversité des profils dans la constitution des dossiers et leur appréciation mais nous allons aussi mettre en place des dispositifs de consolidation des acquis robustes pour assurer un plus fort pourcentage de réussite dans les études.
Qu’en est-il cette année des étudiants qui ont suivi une classe préparatoire ?
Ils pourront faire valoir cette année préparatoire dans leur dossier sur Parcoursup : les compétences acquises, la meilleure connaissance du métier, leur motivation…
Que va-t-il advenir des écoles préparatoires ?
Nous faisons confiance aux prépas pour adapter leur offre de formation dès la rentrée de septembre. Au lieu de mettre l’accent sur la préparation technique d’épreuves écrites ou orales, il s’agit de s’appesantir davantage sur la découverte d’un métier, la construction du projet d’orientation et la consolidation des acquis. Trois dimensions que nombre de prépas prenaient déjà en charge. Il est donc possible d’adapter l’offre rapidement pour que les étudiants inscrits profitent du meilleur de la préparation au concours d’entrée en IFSI.
Dans un second temps, nous entendons bâtir un dispositif de consolidation des acquis, aussi bien dans une logique de « oui si » qu’à travers des dispositifs de renforcement des compétences pour des candidats trop fragiles pour candidater valablement sur Parcoursup.
Qu’en est-il des formations spécialisées ?
La question de l’admission dans ces formations, tout comme celle du modèle de formation, sera sans doute posée en jour. C’est un aspect de l’universitarisation : comment organiser au mieux ces formations au niveau master en lien fort avec l’Université ou au sein de celle-ci?
Propos recueillis par Laure Martin
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Heureusement qu’il y aura une prise en compte de l’année de préparation au niveau de la remise a niveau pour les personnes en reconversion.
Quand est il des personnes qui souhaitent se reconvertir mais non pas les moyens financier de faire une mise à niveau via une prépa ? Seront ils mis de côté et ce malgré la motivation et les qualités humaines de certains ?