« La sexualité, c’est constitutif de l’humain, rappelle le le Dr Arnaud Zeler, médecin généraliste sexologue, co-fondateur de « sexoblogue », un blog dédié à la santé sexuelle ». Quel que soit le service où on travaille, on peut y être confronté ».
Et les soignants, beaucoup plus présents aux côtés des patients, notamment hospitalisés, que les médecins, sont particulièrement concernés.
La santé sexuelle peut faire irruption inopinément durant certaines prises en charge. « Par exemple dans les services d’hospitalisation longue », souligne Arnaud Zeler.
En rééducation, en psychiatrie, en Ehpad mais aussi dans les établissements où vivent des personnes handicapées. La vie intime des patients ou des résidents ne s’arrête pas aux portes de ces lieux.
Mais elle n’est souvent abordée que lorsqu’elle pose problème, comme lors de comportements inadaptés, de paroles ou de gestes déplacés, parfois envers les soignants.
Problématique sous-jacente
La santé sexuelle des patients figure aussi souvent, de manière sous-jacente, parmi les préoccupations de certains patients dont la pathologie, le traitement ou le handicap se répercute sur leur vie intime.
En cancérologie, par exemple, à plus forte raison lorsque la maladie concerne la zone urogénitale (utérus, vessie, prostate) ou le sein.
Certes, la santé sexuelle n’est pas la première chose à laquelle on pense dans ce type de service, mais « une femme qui a eu un cancer du sein sur trois a encore des difficultés sexuelles 10 ans après son cancer », observe le médecin.
En psychiatrie, ajoute-t-il, certains patients peuvent être tentés d’arrêter leurs traitements qui influent sur la libido et dans les Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) ou les plannings familiaux où la santé sexuelle en tant que telle ne sera pas toujours abordée.
Au-delà de la prévention des risques, « il y a souvent un évitement de l’intimité », remarque Catherine Troadec, psychologue clinicienne sexologue.
En maternité, aussi, ajoute-t-elle, la question de la vie sexuelle pendant la grossesse et en post partum n’est pas forcément abordé pendant le suivi de grossesse si la femme ne pose pas de questions…
Face à ces situations, poursuit la psychologue, les infirmières peuvent se sentir à l’aise et savoir réagir ou bien être dans l’évitement, parce que pas à l’aise ou par peur de ne pas savoir répondre ou d’être intrusif en abordant le sujet.
Représentations
Pourtant, note Arnaud Zeler, « les situations de difficulté dans la sexualité ou l’intimité ne sont pas compliquées » et cela vaudrait vraiment la peine de les aborder davantage « mais comme c’est un peu tabou, on a peu honte, on n’en parle pas ». D’un côté comme de l’autre… Selon le médecin, les infirmières sont « une des professions de soins qui a le plus de mal à aborder le sujet ». Souvent par manque de formation.
La formation initiale des IDE n’aborde pas ou très peu la santé sexuelle. Des formations complémentaires existent, comme le DIU de sexologie, sur trois ans.
Selon Catherine Troadec, les infirmières représentent une part importante des étudiants. Il existe aussi un Certificat universitaire d’un an, voire des formations plus courtes encore.
Des ouvrages, comme « Infirmières et sexualité, entre soin et relation », d’Alain Giami (Presses de l’EHESP) , peuvent également se révéler utiles, souligne Arnaud Zeler. Des formations spécifiques visent les infirmières de l’Education nationale.
Rares consultations infirmières
Mais les difficultés des soignants à aborder la santé sexuelle peuvent aussi résider dans les représentations qui concernent leur métier, ajoute-t-il : « c’est une profession assez érotisée » et ce depuis que les soins physiques ont été confiés au Moyen-âge à des prostituées « repenties ».
Face à certains comportements inadaptés, les soignants peuvent donc ressentir des difficultés à adopter la bonne attitude ou à trouver la bonne réaction… La peur d’être intrusif, aussi, peut freiner les soignants, mais selon Arnaud Zeler, cette crainte est aussi une représentation.
Et la formation peut aussi dans ce domaine également apporter des pistes de solutions. Ne serait-ce que pour savoir réagir lorsqu’une situation survient ou qu’un patient pose une question, ou pour lui permettre de le faire, quitte à l’orienter ensuite vers d’autres professionnels plus compétents.
Les consultations infirmières axées sur la santé sexuelle sont encore rares mais certaines IDE qui souhaitent développer l’approche de la santé sexuelle auprès des patients réussissent parfois à ouvrir des consultations dédiées dans certains services comme la cancérologie ou les urgences, ou plus globalement à l’hôpital.
Géraldine Langlois
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