« À chaque fois, on repart à zéro », résume Peggy Alonso, présidente de l’Association nationale des infirmièr(e)s puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiants (ANPDE).
À chaque nomination d’un nouveau ministre de la Santé, c’est la même chose. Les organisations d’infirmières puéricultrices doivent recommencer à expliquer leur situation et l’état davancement des travaux sur leur profession. Le cri d’alarme qu’elles “poussent” dans une tribune commune* témoigne d’une forme de ras-le-bol face à la difficulté de faire avancer les dossiers qui les concernent.
Que ce soit le rapport Peyron (IGAS) en 2019 (“Pour sauver la PMI, agissons maintenant !”), celui de la Cour des comptes sur la santé des enfants en 2021 ou celui du Haut conseil de la santé publique en 2022 (“Professionnels de santé et offre de soins pour les enfants”), « tous les rapports récents font le même constat, celui de difficultés dans la prise en charge des enfants sur les différents secteurs, hospitalier, libéral, en PMI ou dans le cadre de la protection de l’enfance, poursuit la présidente. Nous sommes en difficulté dans le cadre de la désertification médicale du fait d’un système “médico-centré”».
Un constat très sombre
Les organisations signataires évoquent la hausse la mortalité infantile, au sujet de laquelle la France en se place « en queue de peloton des pays européens », l’absence de registre des naissances et des ratios de professionnels spécialisés auprès des enfants « faibles voire inexistants».
Au-delà des questions de santé, le manque de ces professionnels se répercute négativement sur le lien parents-enfants en néonatologie, sur l’accompagnement des familles en difficulté avec la parentalité, sur la protection des enfants en danger et sur la santé mentale des jeunes.
Les Assises de la pédiatrie, lancées il y a un an par le ministre de l’époque, François Braun, ont mobilisé plusieurs groupes de travail qui ont rendu leurs conclusions il y a belle lurette sur le parcours santé de l’enfant, la formation professionnelle, la prise en charge spécifique des handicaps et des maladies chroniques ainsi que les situations de vulnérabilité. «On était censés avoir les résultats au printemps dernier mais ils tardent à arriver », souligne Peggy Alonso
Autre chantier en suspens : la réingénierie du diplôme des infirmiers puériculteurs, dont le programme de formation n’a pas été mis à jour depuis… 1983 !
Les travaux sont entamés depuis plus de 10 ans mais avancent peu, «en décalage flagrant avec les besoins actuels de santé », dénoncent les signataires. « Nous demandons le maintien d’une spécialité avec l’intégration de pratiques avancées pour pouvoir intervenir en premier recours sur la prise en charge non pathologique de l’enfant » puis orienter et coordonner son parcours de santé, précise la présidente de l’ANPDE.
Des espoirs dans ce sens étaient nés d’échanges avec François Braun mais les autres ministres ne les ont pas nourris.
Selon la présidente de l’asssociation, des organisations médicales verraient d’un mauvais oeil une possible concurrence des puéricultrices mais dans le contexte de démographie médicale actuel, « il faut dépasser ça », insiste-t-elle.
Les travaux sur la réingénierie des puériculteurs entrent quelque peu en collision avec ceux sur la refonte du référentiel métier IDE et de la formation initiale. Difficile de proposer un référentiel pour les puer (qui est prêt) sans savoir dans quelle direction va évoluer celui des IDE…
L’urgence d’un nouveau diplôme
Dans l’immédiat, les organisations signataires de la tribune réclament des mesures urgentes. Il faut selon elles « investir dans la formation et le recrutement de professionnels de santé spécialisés auprès de l’enfant, notamment les infirmières puéricultrices ». Et donc financer les études.
Les organisations demandent aussi l’amélioration des conditions de travail dans les services de pédiatrie, « au bord de l’effondrement », par des investissements et une reconnaissance du travail quotidien, ainsi que la mise en oeuvre d’une politique de prévention « efficace et réaliste ».
« Il manque une codification de nos actes », en PMI mais aussi en libéral, déplore la présidente de l’ANPDE, alors que le développement de la prévention permettrait selon elle de faire l’économie de passages aux urgences.
Au-delà des revendications professionnelles, « les décisions prises aujourd’hui auront un impact profond sur la vie de millions d’enfants sur l’avenir de notre société », écrivent les signataires. À condition qu’elles soient prises.
Géraldine Langlois
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* Elle est signée par l’Association nationale des infirmièr(e)s puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiants (ANPDE), la Société de recherche des infirmières puéricultrices, le Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance, le Syndicat national des puéricultrices diplômées d’Etat, le Collège des infirmièr(e)s puéricultrices(teurs) et le Collectif Je suis infirmière puéricultrice.
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