Refus de financement de la formation professionnelle des infirmiers : un mauvais présage ?

Refus de financement de la formation professionnelle des infirmiers : un mauvais présage ?

Octobre 2009, 68 infirmiers réussissent le concours d’entrée en école d’IADE. Pourtant, quelques jours après les résultats, une lettre de l’AP-HP les informe que leur formation ne sera pas financée. Aucune autre explication ne leur est fournie, c’est l’incompréhension générale. Que signifie ce revirement pour le moins inattendu ?

2010 : des chiffres inquiétants

Refus de financement de la formation professionnelle des infirmiers : un mauvais présage ? Sarah Desdouits, infirmière depuis 4 ans dans un service de cardio-pédiatrie à Necker, obtient le concours d’entrée à l’école de puériculture Armand Trousseau. Quelques jours après les résultats, elle reçoit une lettre lui indiquant que sa formation ne serait pas prise en charge cette année. Elle explique : « Je ne m’y attendais pas, jusqu’à maintenant, je n’avais jamais vu ça. Tous les admis au concours étaient automatiquement pris en charge. Nous n’avons été prévenus à aucun moment. » Cette année, la mobilisation des infirmiers et des syndicats aura finalement permis d’obtenir le financement de tous les reçus. Mais les chiffres annoncés pour 2010 sont alarmants : aucune formation d’IADE en octobre, 100 promotions professionnelles IDE en septembre, réservées uniquement aux reports et redoublants. Et les négociations pour 2011 n’ont pas encore été débutées… De quoi s’interroger sur l’avenir de la promotion professionnelle qui a pourtant toujours été le fer de lance de la fonction publique hospitalière.

Les budgets sont maintenus à l’AP-HP

Selon la direction de l’assistance publique, il n’y a pas d’économies réalisées sur la formation continue des soignants. Le budget accordé à la promotion professionnelle aurait même été revu à la hausse pour 2010 (61 millions d’euros prévus cette année pour 59 millions d’euros réalisés en 2009). Et il est vrai qu’à l’hôpital, le pourcentage d’agents bénéficiant d’une formation continue a toujours été bien supérieur à celui de la réglementation en vigueur dans la fonction publique. A en croire l’AP-HP, il n’y aurait aucun changement en ce qui concerne la promotion professionnelle : « la prise en charge n’est pas automatique. Nous tenons compte du nombre de postes vacants sur le terrain à l’issue de la formation».

Une pénurie d’infirmier anesthésiste à craindre

Pour Dominique, du syndicat national des infirmiers anesthésistes (SNIA), l’absence de prévision et de régulation de ces dernières années explique ce manque de postes. Son inquiétude ? « Si l’on étudie la pyramide des âges des infirmiers anesthésistes, il y a un maximum entre 45 et 50 ans. Les départs à la retraite retraite dans les années à venir laissent présager une pénurie d’infirmiers anesthésistes. » De même, à Paris, la faible quantité d’infirmiers formés IBODE et bloc opératoire est inquiétante.

A l’heure où il est impératif de résorber le déficit en réduisant le nombre d’hôpitaux et en rassemblant les plateaux techniques, une pénurie de personnel ne permettrait-elle pas de faire mieux accepter les futures restructurations ?

Pari dangereux ?

Difficile de savoir si la pénurie est inéluctable ou si les calculs du gouvernement vont permettre de réguler les formations. Une pénurie, ce serait avant tout faire courir le risque de plateaux techniques sous qualifiés et d’une recrudescence du nombre d’accidents à l’hôpital…

En tout cas, un enseignement a été tiré en ce qui concerne l’information. Désormais, les candidats sont avertis dès l’inscription : l’attribution du financement ne sera pas systématique en cas de réussite au concours.

Pour en savoir plus

• Les chiffres 2010 annoncés par l’AP-HP le 6 janvier : http://pdf.foaphp.org/PP2010.pdf

Pour aller plus loin : formation continue DPC pour infirmière et infirmier libéral

Stéphane Desmichelle

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2 réactions

  1. Je suis dans ce cas,(concours école de puéricultrice réussi) mais alors quelles solutions nous restent-ils, si l’autofinancement n’est pas possible ?
    Le public ne remplis plus sa mission mais rien n’est mis en place pour y pallier !!

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  2. il est bien était ainsi pour supprimer les gynéco médicaux, on a fabriqué la pénurie et après on a dit qu’on avait plus besoin d’eux et report sur les SF. Pendant ce temps les obstétriciens ont dit les SF sont pas capables de prendre la gynécologie simple !!!
    Ailleurs (infirmière et spécialisation ne feront pas des BAC +6, ne rêvons pas , on ne veut déjà pas revaloriser les 17 000 sages femmes PROFESSION MEDICALE EXPLOITEE

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