Au delà du débat sur les règles de reconnaissance de la pénibilité, le rallongement de la vie active soulève le problème plus large des conditions de travail et du vieillissement pour ces populations exposées à de multiples facteurs de risques professionnels.
“Dans la mesure où ces risques sont susceptibles d’impacter l’espérance de vie, l’espérance de vie sans incapacité ou tout simplement la possibilité de maintien dans l’emploi, il devient nécessaire d’alimenter la réflexion sur la prévention de l’usure professionnelle et la mise en place d’une fin de carrière aménagée”, pointe la Carpimko.
Dans son étude, qui concerne aussi d’autres professions paramédicales (masseurs kinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes), la Carpimko met en lumière la nature d’exposition à la pénibilité pour chaque métier. Dans une dimension physique (contraintes physiques marquées, environnement agressif et rythmes de travail), mais surtout dans une dimension psychologique. “Si certains métiers […] peuvent présenter des contraintes physiques susceptibles d’augmenter le risque d’apparition de pathologies (par exemple de type Troubles musculosquelettiques – TMS), c’est bel et bien l’état de santé psychologique des soignant qui nous alerte”, indique la Carpimko.
Hyperstress et épuisement
Ainsi, un focus sur les IDEL pointe que, parmi les répondants, 72,9% présentent un “certain niveau d’épuisement”, dont 43,1% de “manière sévère”.
45,7% des Idel présentent des manifestations de dépersonnalisation /déshumanisation et 56,2% ressentent une réduction de l’efficacité et de la réalisation de soi.
Pire : 56,5% présentent des manifestations de burn-out dont 22,9% ont “sans doute un état de burn-out pathologique” et 5,6% “un burn-out” très sévère, pointe la Carpimko.
Quant au stress, le niveau d’hyperstress, présent chez 43% des répondants, est tel “qu’il représente un niveau de risque pour la santé de la personne”, est-il indiqué.
Conditions de travail en cause
Dans son analyse des statistiques, la Carpimko identifie les facteurs de risque psycho-sociaux. Conditions de travail épuisantes en termes de charge mentale (92%), incapacité à ne plus penser au travail une fois rentré chez soi (85%), conditions de travail déstabilisantes sur le plan émotionnel (85%), inquiétude sur sa santé physique (79%), manque de temps pour tout le travail à faire (75%), absence de soutien moral (67%) sont les principales causes de l’hyperstress citées.
Charge mentale et isolement
Le point le plus saillant dans les observations de la Carpimko réside dans l’exigence en termes de charge mentale.
“La complexité du travail des IDEL présente intrinséquement des contraintes importantes, par exemple la nécessité de maitriser les différentes situations de soin d’un point de vue technique. Les critères de variabilité sont nombreux (les pathologies, les outils de travail, les techniques de soins, etc.) dans un secteur en constante évolution que ce soit par les progrès techniques ou par l’évolution du système de soin en France (par exemple la chirurgie ambulatoire engendre une augmentation des soins plus importants à domicile”, explique la Carpimko.
La maîtrise technique est associée à un autre potentiel facteur de stress : le risque d’erreur. D’ailleurs, 99% des répondants parmi les IDEL déclarent que “faire une erreur dans son travail peut avoir des conséquences graves”.
“Ce risque est d’autant plus prégnant à l’activité dans une structure de soins, les IDEL se trouvent relativement seuls face aux patients. Il est moins facile de solliciter l’aide de collègues et/ou du médecin dans cette configuration. Il peut être envisageable de téléphoner aux autres IDEL de son équipe (ou de son entourage professionnel), ou aux médecins pour obtenir une information, un conseil ou une réponse à une question, mais entre la crainte de déranger et les difficultés à joindre les médecins, ces alternatives sont cantonnées au ‘dernier recours’.”
Amplitudes horaires larges et quantité importante de travail
“Nous constatons que les praticiens de santé avec lesquels nous avons échangé démarrent leur journée entre 5h et 7h du matin. L’impact n’est évidemment pas le même en fonction de la distance qui sépare le domicile et l’infirmier de sa tournée et plus précisément de son premier patient”
Malgré l’attention portée aux patients, les journées de travail ressemblent “à une course contre la montre pour laquelle chaque minute compte”, pointe l’étude. Dans ce contexte, tout imprévu représente une potentielle menace et le risque de ne pas pouvoir éviter ce que les IDEL et leurs patients redoutent : le retard dans l’heure de passage.
Pour réduire l’emprise de ces situations, les IDEL conviennent de plages de passages plus ou moins souples en fonction des situations, mais malgré cela “le retard dans la tournée reste une préoccupation très présente” parmi les IDEL interviewés.
L’amplitude d’une journée de travail atteint facilement 13 à 14h sur la journée, pour une moyenne de 11h de travail.
Par ailleurs, 76% des répondants déclarent que le temps consacré aux tâches administratives est important.
Rédaction ActuSoins
Sentiment d’injustice
Le document pointe aussi le sentiment d’injustice perçu par les IDEL au regard “du peu de reconnaissance financière”. Extrait.
Totalement « dévoués » à leur travail, la plupart des IDEL manquent de temps, voire d’énergie après de longues journées auprès des patients, pour « courir après les paiements ». Déjà que les actes ne sont pas bien rémunérés selon eux, il faut en plus prendre du temps pour s’assurer que les règlements sont bien effectués.
« Métier très pénible et pas assez reconnu par rapport aux sacrifices et à l’implication qu’on met dans notre métier tous les jours. Quand on voit que les kinés sont bien mieux rémunérés que nous, sans négliger leur métier, je trouve ça quand même injuste. Ils ne travaillent pas le week-end et jours fériés. Ils font des formations nous pas trop. Et en termes de postures pénibles, c’est plus léger pour eux. »
La décote des actes n’améliore pas du tout ce sentiment d’injustice. Au contraire, le fait que le premier acte soit à taux plein puis dégressif jusqu’à devenir gratuit à partir du troisième, renforce le sentiment de « travailler gratuitement » et d’exercer un métier « peu reconnu et valorisé ».
A noter que pour les IDEL femme, qui plus est monoparentale, la profession n’est pas soutenante : « Manque de reconnaissance de la femme en libéral monoparentale => moyens logistiques, pas soutenue sur le plan fiscal, maternité, … »
Etude sur la pénibilité de l’exercice professionnel des praticiens de santé affiliés à la CARPIMKO (document complet) :
Penibilite Et Hyperstress Pour Les Infirmiers Liberaux La Carpimko Pose La Question De La Mise En Place D Une Fin De Carriere AmenageeHealico : le partenaire privilégié pour le suivi des plaies des patients Trouvez facilement le traitement adapté à votre patient grâce au catalogue produits sur Healico ! Je télécharge Healico |
Bonjour,
La retraite à 55 ans à taux plein comme à la SNCF. C’est le cas de nombreux ex salariés SNCF avec des retraites à 3000 euros.
Avant d’être complètement cassée physiquement, déprimée. Les difficultés du métiers se rajoutent les unes aux autres et s’accroissent d’année en année. Des patients de plus en plus exigeants avec des tarifs ridicules. Les infirmiers libéraux beaucoup trop nombreux : trop d’installations
Lorsque l’on passe toute sa vie à écouter la misère humaine, à voir souffrir les patients, à les voir se dégrader, bref à vivre avec un énorme biais cognitif n’a t’on pas le droit de souffler avant 65 ans ?
Merci d’aligner les retraites sur celles des salariés. C’est la moindre des choses !!!