L’éventail des thérapies non-médicamenteuses compte depuis quelques années un petit « robot émotionnel d’assistance thérapeutique » qui revêt l’apparence d’un bébé phoque.
Couvert d’une douce fourrure blanche, Paro est animé par une série de petits moteurs actionnés sous l’impulsion d’un algorithme. L’intelligence artificielle alimentée par une série de capteurs de sons, de pression et mouvements le fait bouger doucement la tête ou le corps, cligner de ses yeux noirs ou pousser des petits couinements. Il réagit ainsi aux paroles des personnes qui le tiennent ou gravitent autour de lui, à la façon dont il est tenu, serré, caressé… Des Ehpad ont adopté cet « animal », souvent dans un but thérapeutique.
Dans le centre gérontologique privé où travaille Magalie Lemoigne, responsable de la vie sociale et culturelle, il est surtout utilisé par une animatrice lors d’un atelier collectif hebdomadaire de stimulation cognitive. « Sur notre “place du village”, raconte-t-elle, on s’approche d’une personne, on lui présente Paro et on lui demande si elle souhaite le prendre dans ses bras. »
Certains résidents refusent par crainte d’être infantilisées selon elle, mais les autres, qui « adorent » le petit phoque, acceptent volontiers. « Dans les bras d’une personne, poursuit Magalie Lemoigne, Paro réagit : il la regarde avec ses beaux yeux, pousse des petits gémissements quand elle le caresse ou lui parle…Cela les réconforte. » Les réactions des personnes âgées surprennent parfois les soignants, note-t-elle : « certaines qui n’ont pas l’habitude de parler s’expriment avec Paro ».
Caresses et communication
En présence de Paro, confirme Emilie Bourrely, psychomotricienne dans un Ehpad public, « certains résidents qui ne communiquent presque plus forment des phrases cohérentes en lien avec la situation ».
D’autres portent un regard très présent sur le petit phoque ou se remettent à sourire… Emilie Bourrely utilise Paro, en groupe ou en individuel, depuis 2015. « Au départ, j’étais un peu sceptique, sans être contre », se souvient-elle. Un robot n’est pas un être vivant, une peluche peut infantiliser les résidents. Après une formation avec une art-thérapeute, elle a « tâtonné » pendant un mois. Comme les résidents se sont montrés réceptifs, elle a commencé à l’utiliser dans l’unité de vie protégée de l’Ehpad puis dans l’unité d’hébergement renforcé (UHR), où les résidents présents des troubles cognitifs et de comportement importants.
« Paro provoque toujours une réaction », observe-t-elle. Et tandis que l’un lui parle, d’autres regardent, sourient, rient ou sont émus : « cela crée une émulation, une bienveillance entre des résidents qui interagissent peu d’habitude, souligne la psychomotricienne. Cela titille chez certains une corde sensible. »
L’équipe de l’Ehpad où travaille Emilie Bourrely a mené pendant six semaines une étude sur les effets du phoque Paro, histoire de vérifier s’il pouvait réduire des troubles et/ou stimuler certaines personnes. Les effets positifs sur la communication verbale et non verbale ont été objectivés sur les personnes qui souffrent d’apathie, de tristesse, de dépression ou présentent une indifférence générale. Et « pour quasiment tous les résidents, Paro a diminué les troubles du comportement, de manière durable », indique la psychomotricienne.
Un « animal » prévisible
Dans l’UHR, poursuit-elle, « Paro est devenu essentiel. Les équipes soignantes s’y sont formées et s’en sont emparées. Elles l’utilisent, notamment le week-end ou en urgence, quand elles sentent qu’une personne s’agite, avant qu’une crise éclate. En général, cela apaise la personne. » Elle se calme, arrête de déambuler et, parfois, exprime ce qu’elle ressent. Selon Emilie Bourrely, le robot-phoque permet d’établir plus facilement ou de rétablir l’alliance thérapeutique, car il s’agit bien selon elle d’un outil thérapeutique et non d’un simple jouet…
Tous les résidents ne se rendent pas compte qu’il ne s’agit pas d’un animal vivant mais cela importe finalement peu, d’après elle, car il joue en quelque sorte le rôle d’un objet transitionnel, contenant, rassurant… Et ce, d’autant plus facilement que personne n’a vécu d’expérience traumatique avec un bébé phoque alors que des chiens ou des chats ont pu laisser de mauvais souvenirs à certains, ajoute la psychomotricienne.
Pour les deux utilisatrices de Paro, le fait qu’il s’agisse d’un robot le rend plus prévisible : aucun risque de réaction brusque potentiellement anxiogène. Ni de problème d’hygiène : le protocole d’utilisation de Paro prévoit son nettoyage après chaque séance… par un soignant ou un résident.
Géraldine Langlois
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