Marisol Touraine annonce faire de la qualité de vie au travail une priorité nationale

A six mois des élections présidentielles, la ministre de la Santé érige le sujet en priorité nationale. Objectif ? « Faire de la qualité de vie au travail une exigence à part entière », à l’égal « de la qualité des soins ou l’organisation de la qualité de notre système de santé », a déclaré Marisol Touraine, lors d’une conférence de presse, le 5 décembre, au ministère. « Il ne s’agit pas de tout réinventer mais de susciter de nouvelles initiatives », est-il précisé dans le document de présentation du projet. Pas de grand chambard donc, mais surtout une généralisation des bonnes pratiques.

Ecoute psychologique

Ces mesures de prévention des risques psycho-sociaux (RPS), elle les avait annoncées à la rentrée, suite aux suicides cet été, d’infirmiers à Toulouse, Le Havre, Saint-Calais (près du Mans) et Reims. Deux avaient mis directement en cause leurs conditions de travail dans une lettre posthume. Le suicide d’un infirmier du CHU de Toulouse, sur son lieu de travail, avait été reconnu comme un accident du travail.

Le plan de Marisol Touraine promeut le suivi individuel des salariés d’abord. 30 millions d’euros sur trois ans seront consacrés à la généralisation d’équipes pluri-professionnels dans chaque Groupement hospitalier de territoire, en renfort des services de santé au travail. Constituées au minimum de psychologues, d’assistants sociaux et de conseillers en prévention des risques professionnels, elles contribueront à l’accompagnement des professionnels en fragilité ou de retour au travail après une longue absence. Une écoute psychologique, probablement sous forme de numéros d’appels téléphoniques, sera également déployée.

Prévention des risques psycho-sociaux

Second levier d’action, le collectif de travail. Pour que chacun s’empare du sujet, et sache repérer des collègues en fragilité, Marisol Touraine s’engage à insérer, dans la formation initiale de tous les professionnels de santé, un module sur les RPS et la qualité de vie au travail.

L’encadrement sera également soutenu, afin de ne pas devenir source de RPS, et de favoriser au contraire leur prévention. Au préalable à toute prise de poste, chaque cadre de santé recevra une formation sur la gestion et l’animation d’équipes, les leviers de la reconnaissance, la résolution de conflits… De surcroît, il est prévu un accompagnement par des pairs plus expérimentés, grâce à la généralisation du coaching ou du mentorat.

Garantie d’une action pérenne à l’échelle de l’institution, tout projet social d’établissement devra contenir un volet sur la qualité de vie au travail. Des baromètres sociaux annuels seront également généralisés, en vue d’identifier des axes prioritaires de travail. Le suivi des actions reposera sur des rendez-vous annuels dédiés aux conditions et aux organisations de travail.

Des médiateurs

En dernier recours, des médiateurs pourront être saisis. Lorsqu’un conflit reste insoluble au niveau de l’établissement, « ils seront là pour introduire un regard extérieur, et proposer une réorganisation de service, une réaffectation… », a précisé Marisol Touraine.

La médiation interviendra à trois niveaux. Localement, sous forme de conciliation entre pairs, arbitrée par les cadres supérieurs de santé ; un vivier régional composé de médecins, directeurs et soignants volontaires et formés sera créé ; un médiateur national coordonnera ces différents niveaux.

Au pilotage de cette Stratégie, une mission et un Observatoire nationaux de la qualité de vie au travail et des RPS des professionnels de santé, installés en 2017. Un comité de suivi sera-t-il mis en place ? La ministre ne l’a pas évoqué. En espérant donc que ses engagements ne restent pas lettre morte à l’issue des prochaines présidentielles. Un second volet concernant les professionnels de santé libéraux sera par ailleurs présenté au début de l’année prochaine.

Emilie Lay

Vers une revalorisation du travail de nuit ?

Marisol Touraine l’a promis : « Je m’engage à négocier avec les responsables syndicaux sur les contraintes particulières qui découlent de la sujétion liée » aux rythmes de travail « nécessaires à la continuité des soins, en particulier sur le travail de nuit » et le dimanche. A la clef, une possible revalorisation indemnitaire.

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