Les aides-soignants expérimentés bientôt formés en deux ans au métier d’infirmier

Les aides-soignants expérimentés bientôt formés en deux ans au métier d’infirmier

Actualisation du 4/07/2023 : Un arrêté paru au JO le 3/07/23 prévoit que les aides-soignants disposant d'une expérience professionnelle d'au moins trois ans à temps plein sur la période des cinq dernières années à la date de sélection et qui ont été sélectionnés par la voie de la formation professionnelle continue, peuvent, à la suite d'un parcours spécifique de formation de trois mois validé, intégrer directement la deuxième année de formation d'infirmier.

Les modalités de formation des aides-soignants au métier d’infirmier sont en passe d’évoluer. 

© ShutterStock

Un groupe de travail1 constitué par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a réfléchi ces derniers mois, à une évolution des modalités d’entrée en formation infirmière pour les aides-soignants.

« Cette réflexion avait déjà débuté il y a deux ans, pour une mise en œuvre en 2021/2022, mais n’avait pas abouti », fait savoir Manon Morel, présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi).

Cette fois, il semblerait que le travail ait été concluant puisqu’un arrêté est paru au JO le 3/07 (voir actualisation).

 

Faciliter les évolutions de carrière

L’objectif du ministère serait de diversifier les modalités d’entrée en formation des aides-soignants notamment pour faciliter les évolutions de carrière.

« Le but est de permettre à des aides-soignants, après trois années de carrière à temps plein, d’entrer en Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) directement en deuxième année », explique Manon Morel.

Il relèverait de la responsabilité des employeurs, de décider si ceux postulant dans le cadre de la formation professionnelle continue, détiennent ou non les compétences, d’après une grille de sélection encore inconnue, pour entrer directement en deuxième année.

Préalablement à cette entrée en deuxième année, les aides-soignants sélectionnés devraient suivre une mise à niveau, à valider, d’une durée de trois mois, dont cinq semaines de stage. « De fait, la formation théorique de la première année sur la pharmacologie, la biologie et le raisonnement clinique infirmier ne serait abordée qu’en cinq à six semaines, un temps relativement court », pointe Manon Morel, qui espère que les aides-soignants ne se retrouveront donc pas en difficulté alors que certains le sont déjà dans le cadre de l’organisation actuelle.

La Fnesi se dit également perplexe sur cette mesure « car plusieurs préconisations, notamment le renforcement du suivi pédagogique des aides-soignants concernés, semblent difficiles à appliquer,soutient la présidente de la Fnesi. Ce suivi pédagogique est déjà mis à mal au sein des Ifsi en raison d’un manque d’effectifs. Comment va-t-il pouvoir être renforcé ? »

Le choix des professionnels concernés questionne également la Fnesi, car « pour un système qui souhaite prôner une évolution des carrières facilitée, il reste sélectif », indique-t-elle.

 

Les acteurs perplexes

Pour la Fnesi, il aurait été davantage pertinent de garantir, à l’ensemble des aides-soignants faisant la demande d’une formation dans le cadre de la promotion professionnelle, l’accès à un Ifsi, plutôt que de supprimer une année de formation pour certains.

« Les étudiants en soins infirmiers sont nombreux à arrêter leurs études entre la première et la deuxième année, rappelle Manon Morel. Peut-être qu’avec cette mesure, la DGOS souhaite plutôt renflouer les promotions, en formant davantage d’infirmiers, plus rapidement. »

Dernier bémol : cette nouvelle mesure est prise alors que la réingénierie de la formation des études en sciences infirmières a débuté récemment, « ce qui implique qu’il va falloir revoir prochainement la maquette des trois mois de mise à niveau prévus pour les aides-soignants, avant leur entrée en deuxième année, rapporte Manon Morel. Que de temps perdu avec ce travail déjà mené ! »

La première rentrée avec ces nouvelles modalités devrait s’effectuer en février 2024. « En raison du laps de temps court entre la prise de décision et la mise en œuvre, la DGOS a décidé que la rentrée se ferait d’abord au sein des 18 Ifsi proposant une rentrée en février 2024, avant une généralisation de la mesure en septembre 2024 », conclut Manon Morel.

Laure Martin

 

  1. Parmi les invités à la table de discussion : l’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales (Andep), le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), l’Association nationale pour la formation du personnel hospitalier (ANFH), la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi), les centrales syndicales ou encore les syndicats représentatifs des infirmiers.
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