[Article mis à jour le 3/10/2024 (nom des outils numériques erronés) ]
Co-construire un Dossier patient informatisé (DPI) intelligent, amenant une valeur ajoutée, en expérimentant ses nouveaux composants, sur le terrain, avec une équipe dédiée. Et en y impliquant ses utilisateurs directs, médecins ou soignants, de l’idée à son usage en situation réelle. Tel est le principe d’Erios, le centre pionnier créé à Montpellier, dans lequel s’évalue sur le terrain l’apport du numérique en santé humaine.
« Il y a toujours plus de données médicales, toujours plus de prises en charge qui sont elles-mêmes toujours plus multidisciplinaires et complexes », contextualise David Morquin, médecin infectiologue à l’hôpital, directeur médical d’Erios. « Dans beaucoup de pays, des études montrent que c’est une des causes de burn-out et d’insatisfaction au travail », note ce spécialiste des systèmes de gestion de l’information dans le milieu hospitalier.
À cette omnidépendance, s’ajoute la difficulté d’avoir des outils qui répondent parfaitement aux besoins et vont au cœur du métier. Ce, alors que les logiciels n’ont le plus souvent pas été créés par des professionnels de santé. « Ces processus très ”métier” au cœur de la prise en charge hospitalière, n’ont pas été abordés par les éditeurs car trop complexes à décortiquer », rappelle Loïc Fontaine, manager de projet chez Dedalus, opérateur de e-santé et fer de lance du DPI nouvelle génération. « Depuis l’informatisation, les efforts visaient à faciliter la vie des médecins et on a oublié les paramédicaux, le métier des IDE », rappelle-t-il aussi.
Faciliter les raisonnements
Le centre Erios a été pensé pour évaluer l’efficacité réelle des outils numériques utilisés par les soignants pour diagnostiquer, prescrire, soigner, surveiller, coordonner… « Ces outils de traçabilité doivent pouvoir faciliter le raisonnement et les bonnes pratiques, diminuer la charge cognitive et devenir une assistance dans la réalisation des soins », précise encore David Morquin. « Les tableaux de suivi sur lesquels nous travaillons doivent pouvoir donner une vision qui parle à tout le monde. »
Quelles informations, comment les visualiser, lesquelles voir en premier… dans un DPI censé couvrir toutes les fonctions utiles à la prise en charge globale des patients dans un établissement. Objectifs d’Erios : permettre un usage toujours plus fluide des nouvelles technologies par les soignants.
Un premier cas d’usage, en psychiatrie, a permis d’expérimenter IsoPsy. Ce module vise le suivi des patients en isolement ou en contention. « Lorsque la chambre d’isolement devient incontournable pour faire redescendre une crise, les soignants ont l’obligation* de prévenir le juge des libertés et l’entourage du patient dans des délais très précis, idem pour les droits du patient », explique Mathieu Boutonnier-Bousquet, infirmier psychiatrique coordinateur au CHU de Montpellier, rattaché à l’unité de soins intensif. « Il n’y a pas à ce jour, sur le DPI, de visibilité claire de ce qu’il faut faire. »
Ces tâches administratives prennent beaucoup de temps. Se tromper sur les délais, sur une transmission, un document… peut se solder par une levée de l’isolement.
Mieux visualiser pour mieux transmettre
Cet infirmier mobilisé par Erios, s’est doublement impliqué. Notamment en amont, dans l’enquête menée auprès des collègues pour leur avis sur la charge administrative liée à l’isolement ou la contention, leurs besoins. « Le tour des unités a été fait et 145 soignants ont répondu, l’aspect collaboratif est vraiment bien pensé par Erios », se félicite l’infirmier.
Ce dernier est intervenu notamment sur les codes visuels du tableau de bord d’IsoPsy. « Un gros travail a été fait sur les contraintes de la transmission et quel outil imaginer pour éviter les pertes d’informations », indique le soignant. Plus de 200 personnes ont participé au design du logiciel, dont de nombreux IDE – tests, réunions pour comprendre le problèmes, présentations…
Le deuxième cas d’usage déjà expérimenté et bien avancé, baptisé AntibioViz, est orienté sur le suivi des anti-infectieux. Il a plutôt mobilisé les médecins, soit en tout, une cinquantaine de personnes et treize spécialités différentes. « Un patient sur deux va avoir une antibiothérapie en réanimation, par exemple. » Récemment, le centre de recherche s’est attelé à DoloViz, pour tout ce qui touche à la gestion de la douleur. « Comment, avec un ou plusieurs tableaux de bord, il est possible de recueillir les informations nécessaires au suivi d’un patient algique », précise Loïc Fontaine. « Comment les visualiser, avec quels objectifs : pour un douloureux chronique ou pour un douloureux aigu. »
Traiter de l’information par l’IA
Le traitement de l’information par l’Intelligence artificielle ajoutera, sans doute bientôt, sa pierre à l’édifice expérimental d’Erios. Notamment, la reconnaissance au fil de l’eau par l’IA, des informations traitées jusque-là sur ordinateur par les IDE. « L’avenir c’est la reconnaissance de la voix en situation réelle », indique David Morquin.
Avec les questions essentielles qu’un tel sujet soulève : comment créer des interfaces réellement ergonomiques pour la surpervision et la validation humaine de ce qui va être reconnu par l’IA. Une ”Intelligence” qui pourrait aussi jouer un rôle dans la communication auprès des patients.
Myriem Lahidely
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* Art. 17 de la loi du 22 janvier 2022
** Le Centre créé à Montpellier est un partenariat de Dedalus, leader européen de la e-santé qui va commercialiser certains modules, avec le CHU et l’université de Montpellier. Il a été retenu parmi les projets prioritaires dans la stratégie d’accélération de la santé numérique par le programme France 2030.
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