Expérimental, le dossier infirmier informatisé et partagé

Le DMP (dossier médical partagé) nouveau est arrivé

Le dossier médical personnel est mort, vive le DMP dossier médical partagé ! Plusieurs fois épinglé par la Cour des comptes pour dépenses incontrôlées, ce vaste projet français d’e-santé, lancé en 2004, renaît de ses cendres. Les infirmiers sont pour, à condition de "ne pas être les grands oubliés du dispositif".
Antonio Moreira, infirmier libéral, et sa secrétaire intègrent des données dans le dossier partagé
©DR. Antonio Moreira, infirmier libéral, et sa secrétaire intègrent des données dans le dossier partagé.

Le dossier médical partagé propose à tous les patients un espace centralisé pour y stocker l’ensemble de leur parcours santé. Conçu comme un outil de coordination des soins, jusqu’alors piloté par Asip Santé, il n’a rencontré qu’un faible succès tant auprès des professionnels que des particuliers.

Au 25 octobre 2015, 560 092 DMP ont été créés, selon le site officiel (dmp.gouv.fr) et près de la moitié serait vide. Le projet de loi santé de Marisol Touraine, en cours d’examen, a décidé de relancer le dispositif, avec son article 25 qui confie à la Cnamts la gestion du DMP nouveau.

Après dix mois de travail côté Cnamts, quatre principes ont été retenus pour la mise en œuvre du DMP, présentés mi-octobre : sa création sera à la main des patients ; il sera alimenté de manière automatique par les données de remboursements de soins de l’Assurance maladie ; ses informations seront accessibles de façon rapide et simple depuis les logiciels des professionnels de santé ; et, enfin, les données seront transmises par les différents professionnels de santé, via une solution de messagerie sécurisée existante, MSSanté.

« Un carnet de santé numérique »

Le DMP nouveau a comme objectif d’améliorer la qualité des soins prodigués, grâce à une meilleure coordination entre professionnels.

Chaque patient sera amené à créer son DMP, y compris à partir de son compte ameli (19 millions de comptes ouverts). Il disposera d’un droit d’opposition quant à la lecture et l’alimentation de son compte et pourra restreindre l’accès à certains professionnels.

Les professionnels de santé l’alimenteront avec toutes les données utiles à la coordination des soins : cliniques ou para-cliniques (compte-rendu de consultation ou d’opération, d’imagerie, résultats d’analyse biologique…), données de prévention (vaccination, dépistage…) et autres informations utiles (par exemple, choix en termes de dons d’organes et directives anticipées…).

La Cnamts précise que « les conditions d’alimentation des dossiers seront simplifiées », les secrétaires médicales pourront ainsi s’en saisir.

Déploiement

Avant la fin du premier semestre 2016, 8 territoires pilotes déploieront le DMP, selon la Cnamts sans préciser les territoires concernés. Le déploiement national devrait intervenir à la fin de l’année 2016, d’abord en médecine de ville, puis dans les hôpitaux, les cliniques et enfin les Ehpad.

Il sera soutenu par des actions de communication auprès des assurés et des professionnels de santé, ces derniers seront accompagnés par les délégués de l’Assurance maladie et les conseillers informatiques en santé.

Selon un récent sondage Ipsos pour MSD France, 75 % des infirmiers et 65 % des pharmaciens jugent le DMP « nécessaire et prioritaire », loin devant les médecins généralistes (41 %).

Jean-Jules Morteo, infirmier libéral et président de l’URPS Infirmiers Île-de-France précise : « nous sommes favorables au DMP si nous ne restons pas les grands oubliés du dispositif, si celui-ci n’est pas trop médico-centré, si l’outil permet la coordination avec les infirmiers libéraux. Alors, nous participerons à son déploiement. »

Christelle Destombes

A relire : Expérimental, le dossier infirmier informatisé et partagé. Une expérimentation dans les Landes

 

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