La médiation animale en complément des soins classiques

La médiation animale en complément des soins classiques

La clinique de Verdaich (Haute-Garonne) propose des séances de médiation animale à des patients cérébro-lésés. Récupération de la motricité, de la mémoire, des sens perdus, mais aussi bien-être pour les patients … Tels sont les objectifs des soignants. Reportage.
La médiation animale en complément des soins classiques
© Photo d’illustration © I-Stock

La clinique de Verdaich est un établissement de soins de suite et réadaptation (SSR) de 166 lits, situé au sud de la Haute-Garonne. Spécialisé dans les affections de l’appareil locomoteur et du système nerveux, il dispose aussi d’une unité d’éveil de coma (13 lits) et d’une unité d’état végétatif chronique (12 lits).

Depuis le début de l’année 2021, la clinique propose en complément des soins classiques, des séances de médiation animale avec des cochons d’inde et des lapins nains, aux patients cérébro-lésés suite à des traumatismes crâniens, des AVC…. Une initiative unique en Haute-Garonne.

« Ce projet a été porté par Marie Tourret, psychomotricienne et Stéphanie Plaszczynski de l’association Patoun’Emoi et lorsque cela m’a été proposée j’ai été immédiatement convaincue », raconte Delphine Balerdi la directrice de l’établissement. « J’avais visité des services identiques au Canada et je trouvais très intéressant de pouvoir proposer cela à nos patients. »

Rééducation et bien-être

Aujourd’hui, pour la troisième séance, les patients sont attendus dans la salle habituellement réservée aux exercices de kinésithérapie et de psychomotricité.

Leurs fauteuils sont disposés autour d’une grande table sur laquelle des boules de poils vont et viennent, s’approchent pour croquer un brin de persil, d’aneth, ou une carotte que leur tendent les patients.

Parmi eux, Mouss, cérébro-lésé suite à un traumatisme crânien sévère. Il y a trois semaines, Mouss n’ouvrait pas les yeux. Aujourd’hui, encouragé par Théo son kinésithérapeute, il déploie des efforts considérables pour caresser Cacahuette, un cochon d’inde, de sa main droite. Mais derrière la calino-thérapie, l’objectif est bien de retrouver une part de motricité perdue. « C’est tout l’intérêt du travail avec les animaux décrypte Marie Tourret. Rien n’est prévisible et les patients sont stimulés, ils essayent d’organiser leur geste malgré les troubles de leur fonction exécutoire. »

Maryse, croit reconnaître l’odeur du basilic de son jardin dans cette branche qu’elle tente de donner à un lapin nain. En effet, Retrouver des sens perdus ou réveiller la mémoire, c’est aussi tout l’objet de ces séances.

Pour Joël qui a perdu presque toute mobilité du côté droit après un AVC, l’exercice du jour consiste à confectionner des brochettes de croquettes pour nourrir Cookies et Lola deux cochons d’inde à poils longs. « Joël je vous tiens la main gauche pour que vous utilisiez la droite, vous pouvez y arriver », encourage Marie. Joël se saisit de la brochette et un grand sourire se dessine derrière son masque.

« Parmi les patients les plus atteints, restés en état végétatif chronique après un coma, on parvient même grâce aux animaux, à recréer des liens entre deux sens, le toucher et le regard… et à susciter un moment de bien-être indique la psychomotricienne, même si dit-elle, leur état d’éveil varie tellement d’une séance à l’autre, qu’il est difficile de mesurer le réel effet thérapeutique».

Béatrice Girard

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