Julie Faucon, parcours humanitaire d’une infirmière

Julie Faucon, parcours humanitaire d’une infirmière

Julie Faucon, infirmière, est rentrée dAfghanistan en novembre dernier. À 32 ans, elle fait partie des pools médicaux de l’ONG Médecins Sans Frontières et part régulièrement, depuis sept ans, pour des missions humanitaires.
Julie Faucon, infirmière pour MSF
Julie Faucon, infirmière pour MSF. © DR

« J’ai toujours voulu être infirmière pour MSF, sans avoir une idée très claire de ce qu’était une infirmière humanitaire. Je l’ai découvert ensuite », explique Julie Faucon, directrice des soins infirmiers pour Médecins Sans Frontières, ONG chargée de porter assistance aux populations menacées par les conflits et catastrophes naturelles.

Après quatre ans dans un service de réanimation en région parisienne, elle s’est lancée et a réalisé le projet qui l’animait depuis son adolescence.

Infirmière en zone de conflit

En septembre 2021, Julie Faucon s’est envolée pour l’Afghanistan, sa quatorzième mission après la RDC, le Yémen et l’Irak, entre autres.

Alors que le pays connaît une nouvelle crise humanitaire liée, notamment, à la prise de pouvoir par les Talibans et à la sécheresse, Julie Faucon officiait dans un hôpital déployé par MSF à Hérat, troisième ville du pays. Sur place, elle y occupe les fonctions de directrice des soins infirmiers – l’équivalent d’un poste de DSSI en France – dans un centre nutritionnel.

« Nous prenions en charge des enfants souffrant de malnutritions sévères et aiguës associées à des complications telles que le choc sceptique, l’anémie sévère ou les œdèmes », détaille l’infirmière. En parallèle, l’hôpital accueille en ambulatoire des patients souffrant de malnutrition sévère ou modérée sans complication et leur fournit une alimentation thérapeutique. « Tous les lits étaient occupés et nous avons dû adapter notre capacité d’accueil. J’ai découvert un autre domaine de compétences, avec un réel impact », explique-t-elle.

Même si elle ne s’y attarde pas, Julie Faucon raconte ses expériences marquantes d’infirmière en zone de conflit, comme ces jours où elle a été confrontée à des afflux massifs de blessés, en lien avec des attaques. « Ce sont des incidents qui peuvent être traumatisants pour les patients et pour les équipes avec lesquelles on travaille. Il faut savoir gérer les afflux et ça, l’expérience en France n’y prépare pas », souligne-t-elle.

Des incidents auxquels elle avait été préparée lors d’une formation. Dans un tel contexte, les équipes doivent en effet parfois faire face à de nombreux cas de patients polytraumatisés, blessés par balle ou victimes d’explosions, par exemple.

« Une diversité d’expériences »

C’est en 2014 que Julie Faucon a rejoint les équipes de MSF. Première mission ? La Tchétchénie. « J’étais infirmière spécialisée. Comme j’avais une expérience en réanimation cardiologique, je suis partie sur un projet dédié à la prise en charge de patients post-infarctus du myocarde. Mon rôle était à la fois un rôle technique et une mission de formation », détaille-t-elle.

L’organisation humanitaire fonctionne avec un système de pool. Comprendre : un groupe d’infirmier(e)s potentiellement disponibles pour partir en mission. Une fois recrutés dans un pool, c’est son gestionnaire qui propose les missions en CDD aux IDE, en fonction des besoins et selon leur profil. « MSF offre une diversité d’expériences ainsi qu’un enrichissement personnel et professionnel très impressionnant. Ce n’est pas facile, mais cela permet d’acquérir des connaissances inédites », observe Julie Faucon. 

Savoir s’adapter

La qualité fondamentale requise pour le personnel infirmier en mission humanitaire n’est pas forcément, selon elle, d’avoir des compétences techniques hors pair, mais de pouvoir s’adapter à différents terrains et d’avoir une vision organisationnelle. « J’entends souvent qu’il faudrait travailler en réanimation pour collaborer avec MSF, mais pas forcément. Je recommande, par exemple, de travailler aux urgences, en service d’hospitalisation, au bloc ou en salle de réveil. Il faut plutôt avoir des expériences variées et être pointu sur la qualité des soins et le respect des protocoles », nuance-t-elle.

Le principal critère de recrutement pour rejoindre les équipes de MSF est de pouvoir justifier de trois ans d’expérience dans deux types de services différents.

La jeune femme, qui s’apprête à repartir au Yémen, insiste également sur l’importance de déconstruire les préjugés sur l’humanitaire : « on a souvent une image erronée du personnel infirmier en zone de conflit. Les contextes d’intervention sont parfois difficiles, mais on ne court pas sous les bombes. De mon côté, je n’ai jamais travaillé sur un poste médical avancé en ligne de front ».

                                                                                              Camille Grange

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