C’est dans les rues de Paris, Boulogne-Billancourt et Neuilly-sur-Seine que Daniel Dufray a fait le choix d’exercer la nuit, de 21h à 2h du matin. Un travail qu’il a instauré en parallèle de son cabinet libéral de jour situé dans le Val-de-Marne, avant tout pour des raisons économiques.
« En 1991, avec ma femme nous avons acheté notre pavillon en Seine-et-Marne, raconte-t-il. Mais en 1992, un quota annuel d’actes infirmiers a été institué, me contraignant à réduire mon activité. Cela a impacté mes recettes alors que mes frais fixes étaient toujours les mêmes ! » Il décide donc d’embaucher un infirmier dans son cabinet de jour pour ainsi débuter une activité de nuit puisque la nuit, les actes sont mieux payés (cf encadré).
Laurence Moulin, infirmière libérale à Echirolles (Isère) a quant à elle découvert le travail de nuit en 1997, à l’hôpital. « Je ne supportais plus de tourner dans les horaires le jour, se rappelle-t-elle. Je suis une couche tard et une lève tard, et j’ai trouvé cela moins fatigant de travailler la nuit. » Un mode d’exercice bien pratique avec l’arrivée de sa fille en 1998 car « je pouvais profiter d’elle le jour, au détriment du sommeil bien entendu » !
A la naissance de son second enfant en 2002, Laurence a l’opportunité de reprendre une patientèle de nuit en libéral. « J’ai sauté sur l’occasion car à l’hôpital, je ne parvenais plus à soigner les patients comme je le voulais, trop accaparée par l’administratif », se souvient-elle. Après six ans d’exercice dans ce cabinet, elle monte le sien en janvier 2009, à Echirolles pour intervenir sur Grenoble et sa banlieue.
Six mois après son lancement, elle décide de faire appel à une autre infirmière, Julie Berthollet, qui détenait son propre cabinet libéral à Grenoble depuis 2008. « Comme je suis plus efficace et résistante la nuit, lorsque Laurence a eu besoin de quelqu’un à temps plein, j’ai décidé de la rejoindre », raconte Julie.
Une relation différente aux patients
Les deux collègues s’occupent d’une quinzaine de patients : quelques personnes âgées et majoritairement des personnes handicapées atteintes de myopathies, de tétraplégies ou encore de lésions cérébrales. « Nous avons beaucoup de nursing, de nutrition entérale, et de ventilation non invasive », rapporte Laurence. Avec Julie, elles réalisent à tour de rôle, en moyenne 18 passages à domicile entre 20h et 5h.
« Le monde du handicap est particulier, les patients ne se plaignent jamais, je n’ai pas l’impression de travailler », ajoute Laurence en précisant apprécier l’ambiance du travail la nuit, la dispensation des soins dans le calme. Et de reconnaître : « Je ne suis plus dans une relation soignant-soigné avec eux. Certains de mes patients sont devenus mes amis, nous nous invitons pour des repas et nos anniversaires. »
« Je fais encore quelques soins techniques, mais nous partageons autre chose avec les patients. J’ai privilégié le relationnel à la technique. », ajoute Julie qui était lassée des soins techniques de jour et des plaintes des patients.
« La nuit, nous sommes considérés différemment par les patients, poursuit Daniel. J’ai souvent plus de considération lorsque j’arrive chez eux. » L’infirmier prend essentiellement en charge des déclenchements d’ovulations, mais il réalise aussi des sondages urinaires, des perfusions ou encore des injections intraveineuses.
« Les actes que j’accomplis sont généralement ponctuels. Je n’ai pas de patient régulier. Je suis davantage dans une démarche de dépannage de nuit. Je ne pique pas le travail des infirmiers de jour, ce qui évite les rapports conflictuels entre collègues. »
Jongler entre cabinet et vie de famille
D’un point de vue organisationnel, Daniel a mis au point un roulement avec les trois autres infirmiers de son cabinet de jour. Chacun travaille une semaine le matin, une semaine l’après-midi, une semaine au cabinet et dispose d’une semaine de repos.
En revanche, Daniel poursuit tous les soirs son travail de nuit. « La semaine la plus difficile est celle où je suis du matin au cabinet de jour, explique-t-il. Car je rentre de Paris vers 3h et je me relève vers 6h. » Il a cherché un autre infirmier avec lequel travailler la nuit, mais « quand on est en libéral, il faut accepter l’aléatoire, explique-t-il. Certaines nuits je vais avoir huit patients, et d’autres fois, seulement deux. De nombreux infirmiers ne l’acceptent pas. »
« Travailler la nuit, c’est loin d’être idyllique », reconnaît Laurence Moulin. Au premier rang des contraintes : concilier travail et vie de famille. Comme elle accorde une très grande importance aux repas en famille, « les soirs où je travaille, je fais manger tout le monde à 18h30, et avec des adolescents, c’est parfois un peu compliqué, constate-t-elle. Mais avec mon mari, on leur a appris que le confort de vie dépend du travail, le travail passe donc avant tout. »
Et puis, quand elle ne travaille pas, elle a « envie de cocooner, c’est le hic pour eux. C’est un peu égoïste de ma part, mais je change progressivement les choses. »
Quant à Julie, elle reste lucide sur sa situation. « Je n’ai que 32 ans mais dans 10 ans, je me demande quelle tête que je vais avoir ! Le corps n’est pas fait pour travailler la nuit. Je le sens parfois. Et je me demande si sur le long terme je vais tenir. »
Avec un conjoint pompier à qui il arrive également de travailler la nuit, « pour le moment, notre organisation fonctionne bien, constate-t-elle. Et puis je me fais remplacer un weekend par mois pour profiter de ma famille. » Et de conclure : « Peut être qu’un jour je penserais à une reconversion, mais pour le moment, je ne me pose pas la question plus que cela. »
Laure Martin
Article publié dans le magazine ActuSoins n° 18. Pour vous abonner, c’est ICI
Quelle cotation ?
Les actes réalisés la nuit donnent lieu à la facturation d’une majoration en plus de la valeur propre de l’acte. Cette majoration peut se cumuler avec l’indemnité forfaitaire de déplacement (IFD) et des indemnités kilométriques (IK). Les majorations de nuit vont de 20h à 23h et de 5h à 8h, et sont fixées à 9,15 euros. Pour la tranche 23h-5h, la majoration est doublée à 18,30 euros. Pour en bénéficier, la prescription du médecin doit indiquer la nécessité impérieuse d’une exécution de nuit.
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Pascale Baron, pour les insomnies ?
Je cherche des remplacements sur la ville de dunkerque motivée plus que jamais par notre métier
Marion Arnold
Loïc Wachtel
Moi je suis seule et vs le savais comme moi le H24 ç.est impossible …même si tu ne compte plus les heures ..
Qu’.elle reconnaissance et quel courage !! Bravo à vs toutes et tous de prendre ce relais important pour certains de nos patients !!!
Pour la SS il est plus facile de s’attaquer aux IdeL qu’aux médecins !!!
Elodie Nowak Blanc
Lis moi ça Ninie Pom!!
Je pense tjr à toi quand j’entends parler de libéral !!
Mon associé et moi avons mis en place en octobre 2015 des gardes la nuit de 20h à 6h. Nous travaillons avec nos collaborateurs , ce qui fait environ 4 gardes par mois. Cela fonctionnait surtout pour les atb en iv (4×jr) et qqes soins de nursing. Mais nos confrères brestois ont estimé que nous leur prenions leur travail ( alors qu’aucun avait accepté ces soins car nous n’étions pas les 1ers à qui on proposait ces prises en charge), avec l’aide de notre cher conseil de l’ordre, ils ont réussi à force de pressions professionnelles ( cpam nous a menacé de nous deconventionner!) à nous faire fermer cette alternative pour les patients brestois. Nous assurions simplement la continuité des soins pour nos patients !!!! Nous nous sommes battus avec nos avocats…. nous avons perdu une bataille mais pas la guerre !