L’assistant médical, une nouvelle fonction créée par le plan Ma santé 2022, ne fait pas partie des professionnels de santé mais certains infirmiers choisissent de s’engager dans cette voie et donc de travailler aux côtés des médecins libéraux, en structure d’exercice coordonné ou pas.
Les missions de l’assistant médical visent à décharger les médecins de tâches administratives, logistiques et pratiques pour que ces derniers puissent consacrer le maximum de leur temps à leur mission médicale. Les personnes qui occupent les emplois d’assistants médicaux n’ont pas à être des soignants de profession. Il peut par exemple s’agir de secrétaires médicales mais les aides-soignants, les auxiliaires de puériculture ou les infirmiers peuvent aussi choisir de devenir assistants médicaux.
C’est le cas de Thomas*, infirmier, qui a exercé plusieurs années dans un service d’urgences avant de s’engager dans cette voie. « Les conditions de travail à l’hôpital, ce n’était plus possible », explique-t-il.
Il avait entendu parler de la nouvelle fonction d’assistant médical quand son médecin traitant l’a informé qu’il en cherchait un… Il a demandé une mise en disponibilité et candidaté.
Caroline*, infirmière qui a exercé comme infirmière en oncologie, dermatologie et médecine interne, cherchait un moyen de travailler sans trop s’écarter de son métier d’origine mais selon des horaires plus adaptés à sa vie de famille.
112 heures de formation pour les soignants
Une formation est obligatoire. Le cursus complet, qui mène à une qualification professionnelle, dure 384 heures sur quatre blocs de compétence (suivi et parcours du patient, accueil et prise en charge administrative du patient, hygiène et qualité et assistance opérationnelle au praticien).
Mais les IDE, les aides-soignants et auxiliaires de puériculture ne doivent suivre qu’une formation d’adaptation à l’emploi (FAE) de 112 heures qui couvre l’organisation et la gestion administrative du cabinet médical. Thomas et Caroline l’ont suivie. « La partie médicale des cours était surtout de la révision, souligne la seconde, mais j’ai apprécié les cours de psychologie sur la gestion de conflits, sur la télémédecine. Ce qui m’a le plus apporté ce sont les échanges avec les autres assistants médicaux. Nous avons partagé nos techniques, nos astuces ou nos outils par exemple pour coter les actes. »
En plus de la FAE, Thomas a aussi été formé par les médecins généralistes de la MSP où il travaille sur l’organisation du travail dans la structure, ses protocoles, le logiciel métier utilisé, etc.
Le contrat de travail de Caroline comporte un avenant qui précise, comme elle est infirmière, qu’elle peut être amenée à réaliser certains actes. « Je garde quand-même mes compétences », souligne-t-elle. En plus des missions propres aux assistants médicaux (administratif, coordination, accueil du patient), elle pose ainsi parfois des attelles, assiste le médecin lors de la réalisation de sutures ou refait des pansements.
Identité infirmière ?
Thomas, lui, ne se sent plus infirmier dans ce nouveau cadre de travail. Outre les ECG, le recueil des données ou les prises de constantes, il ne réalise pas d’actes spécifiquement infirmiers.
S’il le faisait, il pourrait se trouver en concurrence avec les infirmiers libéraux de la MSP ou du territoire. Ces derniers savent qu’il a été infirmier mais ne le considèrent pas comme tel.
Il a parfois « l’impression d’avoir un peu perdu [son] identité infirmière », confie-t-il, mais pas pour autant de s’être « éloigné de son cœur de métier ».
En dehors de son emploi principal d’assistant médical, Thomas reste en effet en contact avec son métier d’origine. Il lui arrive d’effectuer des vacations aux urgences de l’hôpital -il a prêté main forte à ses collègues hospitaliers pendant les pics de Covid et participé à la vaccination anti-Covid- et il intervient en tant qu’infirmier sapeur pompier volontaire.
Il est donc toujours inscrit au tableau de l’Ordre national des infirmiers. Pour lui, ce qui diffère avec ses missions précédentes d’IDE aux urgences, c’est « la nature des soins prodigués et le contexte », le fait notamment d’être « un peu éloigné du soin technique auprès des malades ». Il estime en effet que beaucoup de ses nouvelles missions sont assez proches de celles qu’il effectuait, sous une autre forme, à l’hôpital. « Faire le lien avec le kiné, l’infirmière libérale ou le spécialiste, leur transmettre des informations, commander des médicaments, stériliser le matériel, s’occuper de l’hygiène des locaux, je le faisais déjà à l’hôpital », souligne-t-il.
Caroline apprécie en tout cas « énormément » ses nouvelles fonctions.
Thomas aussi, notamment la variété des situations rencontrées et la « relation au long cours » qu’il peut tisser avec les patients mais aussi leur famille, et qui ne pouvait pas exister quand il travaillait aux urgences.
Ses horaires de travail sont plus ordinaires et son son salaire, qui tient compte de sa qualification infirmière, est légèrement supérieur à celui de son ancien poste d’IDE.
Géraldine Langlois
Infirmier et assistant médical : quel cadre juridique ?
La création du métier d’assistant médical pose des questions juridiques spécifiques dès lors que ce sont des professionnels de santé diplômés d’Etat qui l’exercent. Il s’agit en effet plus d’un « pas de côté » professionnel que d’un changement radical de profession et la frontière entre les deux métiers peut ne pas sembler claire. Les contours des missions que peuvent remplir les assistants médicaux sont en effet présentés « à titre indicatif et non limitatif », depuis un arrêté d’août 2019, dans l’article 9-1 de la convention médicale en vigueur.
Le texte précise que les thématiques (administratives, organisationnelles et en lien avec le déroulement d’une consultation médicale) « dessinent un éventail de possibilités en termes de contenu de fonction ». Mais il ajoute que « les missions que les médecins confient à l’assistant médical sont laissées à leur appréciation en fonction de leurs besoins et de leurs modes d’organisation, et selon le profil soignant et/ ou administratif des personnes recrutées dans le cadre du référentiel métier ».
Le même article stipule toutefois, comme le rappelle le service juridique de l’Ordre national des infirmiers, que « s’il est possible qu’un infirmier se voit confier la fonction d’assistant médical et, à ce titre, puisse réaliser un acte relevant de son champ de compétences, cela ne peut s’envisager que ponctuellement et dans le cadre d’une consultation médicale, sans qu’il s’agisse de développer ainsi une activité courante de soin infirmier qui relèverait d’un exercice professionnel propre ».
La réalisation d’actes relevant du rôle propre de l’IDE par un assistant médical par ailleurs titulaire du DE infirmier (en dehors de la prise des constantes ou la préparation et l’aide à la réalisation d’actes techniques) doit donc rester ponctuelle et un avenant « infirmier » à leur contrat ne peut que s’inscrire dans cette « ponctualité ». D’autant plus que les médecins libéraux peuvent par ailleurs recruter des infirmiers en tant que tels (mais dans ce cas ils n’ont pas droit aux aides allouées pour l’embauche d’un assistant médical ), comme le rappelle Jean-Claude Soulary, président de la Commission paritaire nationale pour l’emploi et la formation professionnelle (CPNEFP) du personnel des cabinets médical.
Au moment de la négociation de la convention médicale, remarque-t-il, certains auraient en effet souhaité pouvoir confier aux assistants médicaux infirmiers de formation des tâches infirmières. Mais la distinction entre les deux métiers persiste bien et la commission insiste à ce sujet auprès des médecins employeurs, ajoute son président. Les assistants médicaux de formation infirmière doivent aussi « veiller à bien distinguer les deux activités », insiste aussi le service juridique de l’Oni, et « ne pas mentionner leur qualité d’infirmier pendant leur activité d’assistants médicaux ».
Sur le plan assurantiel et juridique, les assistants médicaux, salariés de médecins ou de structures de santé libérales, travaillent dans un cadre précis et sous la responsabilité civile professionnelle de leur employeur. En cas de faute réalisée dans l’exercice de missions relevant du rôle propre de l’IDE en dehors du champ de compétence des assistants médicaux, leur responsabilité personnelle pourrait être « détachée » de celle de leur employeur et ainsi engagée.
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Formation très intéressante ou peut on se former lorsque que nous sommes déjà soignant… Merci pour le partage