Hôpital : FO dénonce les conditions de travail. Exemples à l’appui

Hôpital : FO dénonce les conditions de travail. Exemples à l’appui

Le 23 octobre, plus de 50 délégués représentants 25 CHU et CHR, se sont réunis dans les locaux de la Fédération FO des Services Publics et de Santé (SPS) . Le syndicat dénonce les conditions de travail, notamment chez les infirmiers et les aide-soignants.

Hôpital : FO dénonce les conditions de travail chez les infirmiers et les aides-soignantsCette réunion a permis de mutualiser les cahiers de revendications, élaborés dans chacun de ces établissements et ont été ensuite été portées au ministère où les représentants ont rencontré M. Raymond Le Moign, directeur-adjoint du cabinet de Marisol Touraine, ainsi qu’un représentant de la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins).

La première revendication au ministère porte sur l’arrêt des suppressions de postes.

“On ne peut pas continuer à faire fonctionner les hôpitaux uniquement sur la conscience professionnelle des agents”, a insisté Didier Bernus, secrétaire général du syndicat.

La fédération réclame par ailleurs que le ministère octroie aux hôpitaux les crédits nécessaires à leurs lignes de trésorerie, afin d’éviter que ceux-ci fassent appel à des banques privées qui leur appliquent un fort taux d’intérêt, payé au final par l’assurance maladie. “On préfère que la sécurité sociale finance les hôpitaux!”, a déclaré Didier Bernus.

Les représentants du CHU de Martinique et de l’AP-HM ont observé que la situation financière de leur établissement était tellement dégradée que les banques ne veulent plus faire affaire avec eux.

Les deux autres revendications portent sur le respect de la réglementation sur la durée du temps de travail et sur l’urgence d’attribuer des crédits ciblés pour financer les remplacements.

Dégradation des conditions de travail

Les constats sont accablants tant du point de vue des conditions de travail des agents. L’absentéisme augmente dans nombre de services sans qu’ils soient remplacés.

On pourrait penser qu’il s’agit de problèmes spécifiques à chaque établissement, liés à un management ou une organisation déficiente, mais tous les délégués “disent la même chose”, a souligné Didier Bernus. “Les clignotants sont au rouge”, ils “sont en train de s’affoler”.

Le CHU de Nantes voit également réapparaitre la taylorisation dans le cadre de la réorganisation du travail avec des infirmières de prises de sang, des infirmières de pansement. Des systèmes d’astreintes pour les infirmières et les aides-soignants sont mis en œuvre hors de tout cadre réglementaire.

À Fort-de-France, le délégué du CHU, Jean-Pierre Jean-Louis, indique que certains agents sont amenés à acheter sur leurs deniers les produits d’entretien nécessaires pour nettoyer l’hôpital.

Didier Bernus souligne que, dans certains services à Strasbourg, alors que précédemment six aides-soignants hospitaliers s’occupaient d’un étage, aujourd’hui ils ne sont plus que quatre pour deux étages.

FO pas favorable à des journées de 12 heures

Didier Bernus a expliqué qu’il n’était pas favorable à l’organisation du travail en journées de 12 heures. Même si les agents peuvent la souhaiter pour faciliter leur organisation personnelle, il a déploré que cette modification soit motivée par des raisons d’économies de personnel et a insisté sur la fatigue générée par un tel rythme.

A Clermont-Ferrand, 60 % des douze services qui sont passés en 12 heures veulent, après trois ans, retourner à une organisation du temps de travail classique, a indiqué le délégué FO du CHU, Daniel Chalier.

Le dispositif s’est accompagné d’un taux d’absentéisme de 25 % dans un service en raison de la fatigue et des dépassements fréquents. “Ca ne tient qu’un an”, a-t-il observé.

Les heures supplémentaires s’accumulent

À Marseille, le cumul des heures supplémentaires, pour le premier semestre 2014, représente 300 postes équivalents temps plein. À L’hôpital d’Arras, ce sont 230 000 heures supplémentaires qui se sont accumulées en 2013.

Les délégués des CHU dénoncent également la mise en place de comptes épargne temps virtuels en plus des CET réglementaires (qui sont plafonnés), les agents provisionnant des jours à la demande de leur encadrement mais hors de tout règlement. Il s’agit pour la fédération d’une bombe à retardement.

Mais, derrière cette dégradation des conditions de travail des agents, “c’est également l’offre de soin qui est attaquée par ces restrictions budgétaires”, estime la fédération.

Ainsi, à Clermont-Ferrand, le passage de l’ANAP (Agence Nationale d’Aide à la Performance) a marqué les esprits. Le service onco-pédiatrique y comptait quatorze lits avec un taux d’occupation de 110%. L’agence a alors proposé la fermeture de cinq lits.

Si le cabinet de la ministre a pu apporter quelques réponses sur des dossiers précis, la fédération regrette que “la question centrale des moyens financiers indispensables pour permettre à l’hôpital d’assurer sa mission de service public et le maintien des droits collectifs des agents, demeure sans réponse”.

Pour Didier Bernus, “le problème va au-delà de l’hôpital et est une des conséquences du pacte de responsabilité et du plan de réduction des dépenses publiques et sociales. C’est pourquoi une réponse intersectorielle est nécessaire”.

Rédaction ActuSoins, avec APM et communiqué FO