Ce qui devait être une journée de célébrations prend des tournures de dénonciations.
La Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi), la Fédération nationale des infirmiers (FNI), le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia), le Syndicat national des infirmiers de bloc opératoire (Snibo) et l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa), ont annoncé conjointement l’organisation d’une journée noire, le 12 mai, date de la Journée internationale des infirmiers.
La mobilisation de la profession vise à dénoncer les conditions d’apprentissage et d’exercice du métier, ainsi que l’absence d’action des tutelles.
Concrètement, les ESI sont encouragés à se rendre au sein de leur Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) vêtus de noir, « en signe de deuil de la formation et de la profession, car si on poursuit de cette manière, nous n’aurons pas d’avenir », pointe Manon Morel, présidente de la Fnesi. Les ESI devraient également organiser des sit-in devant les Ifsi et les centres hospitaliers.
Du côté des infirmiers libéraux, outre le Collectif des infirmiers libéraux en colère, qui manifeste à Paris jusqu’au ministère de la Santé, le Sniil prévoit, de son côté, de diffuser des affiches à ses adhérents, à coller dans les cabinets et les voitures « afin de montrer notre mécontentement et nos interrogations, souligne John Pinte, président. Nous savons qu’il est difficile pour les libéraux de se mobiliser en raison de leur tournée. Nous préférons privilégier des actions permettant de sensibiliser la population sur nos terrains d’exercice respectifs, avec un brassard ou une tenue noire et des affiches. »
Les revendications
Les actions se déroulent certes le 12 mai, mais les revendications ne datent pas d’hier, rappelle John Pinte : « Cette journée marque notre mécontentement, mais cela fait des mois que nous alertons sur les problématiques touchant la profession. » Même son de cloche du côté de la Fnesi. « Nous organisons cette Journée noire symbolique car les problématiques sont connues de longue date, dénonce Manon Morel. Les organisations apportent des solutions mais rien ne bouge, aucune action concrète n’est menée de la part des tutelles. »
Pour les ESI, les problématiques rencontrées sont nombreuses : dégradation de la qualité de la formation, précarité en hausse. « Certains doivent faire le choix entre financer leur déplacement en stage ou se nourrir, ce n’est pas possible », alerte-t-elle. Et d’ajouter : « Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’indemnités de stages pour les élèves en lycées professionnels, c’est bien pour eux, mais qu’en est-il des ESI ? » Une augmentation des quotas au sein des Ifsi (plus de 2000 places) a également été annoncée par la Première ministre, alors que « nous sommes déjà sans stage, avec des ESI assis par terre dans les amphithéâtres de la faculté par manque de places et nous manquons aussi de professeurs pour être correctement encadrés », rappelle Manon Morel.
Les attentes portent également sur la réingénierie de la formation et le décret de compétences infirmiers. François Braun, ministre de la prévention et de la santé, a annoncé hier une refonte de la formation et du décret de compétences, note-t-on.
Autre point d’échauffement : les relations avec l’Assurance maladie. « Nous avons eu un rendez-vous le 5 mai avec son directeur général, Thomas Fatôme, afin de discuter d’une négociation pour la mise en place d’une compensation face à l’inflation et son impact sur le prix du carburant alors que le montant de nos indemnités de déplacements ne sont pas revalorisés, rapporte John Pinte. Nous ne pouvons plus continuer à effectuer des prises en charge à domicile de cette manière. »
La déception du Sniil est telle, que si d’ici le 12 mai, aucune proposition concrète n’est émise par l’Assurance maladie, le syndicat quittera tous les groupes de travail et toutes les discussions en lien avec la vie conventionnelle jusqu’à ce que des négociations soient de nouveau à l’ordre du jour.
Laure Martin
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