Sans domicile fixe : obésité, dépression…

Sans domicile fixe : obésité, dépression…

 La précarité des personnes sans domicile affecte leur santé dans toutes ses dimensions, note Isabelle Parizot du Centre Maurice Halbwachs, Équipe de recherche sur les inégalités sociales (ERIS), en introduction d'une étude du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié le 17 novembre. Cette dernière s’interroge "sur les nombreuses "occasions manquées dans le système de santé" pour prendre en charge ces personnes.
©Eric Pouhier/Wikimedia Commons
©Eric Pouhier/Wikimedia Commons

Le nombre de personnes sans domicile a sensiblement augmenté depuis le début des années 2000 et cette population s’est diversifiée, comptant notamment de plus en plus de femmes, de familles avec enfants et de personnes de nationalité étrangère.

D’après une enquête réalisée en 2012 auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement ou de distribution de repas, le nombre de personnes sans domicile est estimé, en France métropolitaine, à 141 500.

L’objectif de l’enquête, menée entre janvier et mars 2012 dans les services d’aide, était triple : mesurer l’hétérogénéité de l’état de santé de ces personnes, suivre l’évolution par rapport à la précédente enquête menée en 2001 et comparer les données actuelles avec celles observées en population générale.

Plus jeunes en moyenne que l’ensemble de la population, ils ne sont que la moitié à se percevoir en “bonne” ou “très bonne” santé. Ils cumulent des problèmes dentaires, des problèmes de poids et déclarent fréquemment être atteints de dépression.

Près de 9 enquêtés sur 10 ont consulté un médecin au cours de l’année, tandis que les consultations dentaires sont plus rares. Un sans-domicile sur 10 n’a pas de protection sociale et 1 sur 4 n’a pas de complémentaire santé.

Obésité, surpoids et dépression

Selon, l’étude Enfams, première enquête française exclusivement consacrée aux familles sans logement, visant à décrire les caractéristiques et la santé de ces ménages, en Île-de-France et menée en 2013 par l’Observatoire du Samu social de Paris, le nombre total de familles sans logement a été estimé à 10 280 en Île-de-France.

Les parents étaient majoritairement nés à l’étranger (94%) et résidaient en France depuis 5 ans en moyenne et 94% des familles d’entre elles vivaient sous le seuil de pauvreté et 22% n’avaient aucun revenu.

La majorité souffrait de malnutrition, avec une forte prévalence d’insécurité alimentaire (77 % des parents et 69 % des enfants), d’anémie (50 % des mères et 38 % des enfants), de surpoids (38 % des mères et 22 % des enfants) et d’obésité (32 % des mères et 4 % des enfants).

Par ailleurs, 30 % des mères souffraient de dépression et 20% d’état de stress post-traumatique. Concernant les enfants, 20 % présentaient des troubles de la santé mentale et la majorité (80 %) avaient un retard de développement.

Un tiers souffre de troubles psychiatriques sévères

Selon l’étude  Samenta (SAnté MENTale et Addictions chez les sans domicile franciliens), menée entre février et avril 2009 auprès de 840 personnes, un tiers de cette population souffrait de troubles psychiatriques sévères, c’est-à-dire de troubles psychotiques, de troubles sévères de l’humeur ou de troubles anxieux.

Cette prévalence de troubles sévères était plus élevée qu’en population générale ; elle était en particulier 10 fois plus importante pour les troubles psychotiques. La dépendance ou la consommation régulière de substances psychoactives étaient de 3 à 6 fois supérieures à celles de la population générale.

Ces prévalences variaient selon le type d’hébergement (plus élevées dans les dispositifs à bas seuil) et leur nature différait selon le profil de la population (personnes accompagnées d’enfants ou non).

“Ces données rappellent, si besoin était, que les actions à mener doivent tenir compte, et associer, les aspects sanitaires et les aspects sociaux des prises en charge, plaidant notamment pour des solutions de logement ou d’hébergement plus stables”, conclut Isabelle Parizot.

Cyrienne Clerc avec le BEH

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