Déplacements des infirmiers libéraux renchéris par le prix des carburants : la FNI monte au créneau

Déplacements des infirmiers libéraux renchéris par le prix des carburants : la FNI monte au créneau

L'augmentation des prix de carburants pèse de plus en plus lourd pour les infirmiers libéraux. La FNI a alerté le ministère de Finances pour que des mesures spécifiques soient prises afin d'éviter qu'ils soient pénalisés financièrement. Pour le président du syndicat de libéraux, Daniel Guillerm, il en va de leur capacité à continuer de prendre en charge les patients les plus éloignés des cabinets.
Déplacements des infirmiers libéraux renchéris par le prix des carburants : la FNI monte au créneau
© Litvinov / ShutterStock

Actusoins : Dans quelle mesure la hausse des prix des carburants ces derniers mois impacte-t-elle la situation financière des infirmières et infirmiers libéraux ?

Daniel Guillerm : La situation est hétérogène, raisonner en termes de moyenne n’est pas pertinent. Elle est très différente pour une infirmière libérale dans un secteur rural qui fait 250 kilomètres par jour et pour celle qui travaille en ville et en parcourt 40.

Quand le prix des carburants augmente de 25%, cela se répercute directement sur le poste de dépenses des déplacements qui augmente d’autant. Aujourd’hui, en tout cas, tous les professionnels prennent cette hausse de plein fouet car ils travaillent dans un système avec des tarifs opposables et encadrés. On ne peut pas répercuter ces augmentations sur nos tarifs et notre résultat diminue proportionnellement à cette hausse.

Vous alertez sur le risque que le poids du prix des carburants dans les finances d’un cabinet fasse obstacle aux prise en charge à domicile. Pourquoi ?

Nous redoutons que cela entraine des refus de soins pour les patients trop éloignés d’un cabinet infirmier.

Quand on intervient de manière quotidienne voire pluriquotidienne chez un patient en zone rurale, on peut se poser la question. Dans certains cas, des professionnels vont peut-être préférer travailler à leur cabinet ou limiter leurs déplacements à un périmètre restreint.

Il faut distinguer deux situations. Si on a déjà commencé les soins, il faut d’abord trouver une solution alternative pour le patient avant d’arrêter la prise en charge. Mais si on ne l’a pas encore commencée, on n’est pas contraint de l’accepter.

Le relèvement du barème kilométrique accordé en janvier n’est-il pas suffisant ?

Non, car d’une part il est limité (en termes quantitatifs, NDLR) et d’autre part il ne couvre pas la totalité de l’exercice professionnel. Certains infirmiers bénéficient certes de la mesure mais cela ne concerne pas ceux qui ont choisi le régime fiscal des frais réels.

Quelles sont les solutions possibles pour que les Idel ne soient pas pénalisés par la hausse des prix du carburant ?

Nous avons rencontré début novembre le conseiller d’Alain Griset (le ministre délégué aux Petites et moyennes entreprises d’alors, NDLR) et nous lui avons soumis quelques idées.

On pourrait imaginer par exemple des aides à l’achat de véhicules propres. Dans le cadre de la transition écologique, ce ne serait pas incohérent. Nous avons aussi proposé l’inclusion des infirmiers libéraux dans le dans le dispositif de remboursement partiel de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, la TCIPE, au même titre que les transporteurs et les chauffeurs de taxis. Pour les infirmiers ce serait totalement nouveau mais les tarifs des carburants atteignent de tels sommets que c’est urgent.

Nous sommes prêts à ouvrir les discussions.

Comment vos propositions ont-elles été reçues ?

Nous avons eu plutôt une bonne écoute. Il y a eu cette hausse du barème kilométrique, qui va toucher 2,6 millions de foyers Mais il faut aller plus loin et prendre des mesures spécifiques aux infirmiers libéraux.

Nous allons de nouveau saisir les services de Bercy cette semaine pour remettre le dossier sur la table. On ne peut pas être dans une double injonction en disant que la stratégie nationale de santé se fonde sur l’ambulatoire et le domiciliaire et ne pas donner aux acteurs les moyens de le faire. Il ne faut pas oublier que plus 75% des prises en charge des personnes de plus de 75 ans à domicile sont réalisées par le secteur infirmier

Après cette demande « solennelle », quelle pourrait-être l’étape suivante ?

Le titre de notre communiqué pose la question : faut-il que les infirmières et infirmiers cessent de se déplacer pour être entendus ? On espère ne pas en arriver là, car nous sommes des gens responsables et la situation sanitaire nécessite qu’il y ait des professionnels sur le terrain. Mais on sent monter dans la profession des interrogations fortes sur les déplacements : est-il encore valable de se déplacer ? »

Propos recueillis par Géraldine Langlois

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2 réactions

  1. Le contexte géopolitique ne va pas arranger les choses (Ukraine, conflits au Moyen-Orient).

    Concernant les IDEL, comme l’atteste très bien l’article, on ne peut pas mettre sur le même plan une infirmière qui exerce à Marseille et sa consœur qui travaille dans le Gers ! D’un côté, l’IDEL va s’arrêter toutes les 5/10 min et avoir un secteur de déplacement concentré, de l’autre, des trajets de plusieurs dizaines de kilomètres !

    Très clairement, il faut soutenir les soignants qui bossent dans des zones sous-dotées. Par contre, dans des zones ultra-saturées (Marseille, Nice, Aix-en-Provence, Paris), ce qui est un pur scandale au passage car à côté les MAS/EHPAD n’arrivent pas à recruter (à cause aussi des salaires + conditions de travail), je ne vois pas pourquoi on devrait les aider.

    Moi c’est un non ferme et ne comptez pas sur moi pour soutenir les IDEL qui bossent en zone surdotée. Au contraire, on devrait même renforcer les malus pour les IDEL qui continuent à venir bosser en zone surdotée.

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  2. marcron et son argent magique bah oui mais va falloir rendre un jour …. aussi les revenus des IDEL ne sont pas vraiment les plus à plaindre dans la profession encore faut-il aimer charbonner, c’est vrai…la rentabilité j’oubliai …

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