Après le séquençage de l’intégralité de son génome et sa caractérisation complète, cette bactérie vient d’être officiellement reconnue par le Comité international de taxonomie bactérienne, souligne l’Institut Pasteur, et baptisée Rouxiella chamberiensis.
Rouxiella , le nom de ce nouveau genre a été choisi en hommage à Emile Roux, proche collaborateur de Louis Pasteur qui dirigea l’Institut de 1904 à 1933. Le nom de l’espèce a été attribué en référence à Chambéry, lieu de l’apparition de la nouvelle bactérie.
Après le décès de trois nourrissons à l’hôpital de Chambéry en décembre 2013, et l’infection d’un quatrième qui avait été sauvé in extremis, les chercheurs de l’Institut Pasteur avaient rapidement établi l’implication de cette bactérie jusqu’alors inconnue dans la contamination de poches de nutrition parentérales.
Les chercheurs de Pasteur décrivent à présent “la caractérisation complète de cette bactérie d’un nouveau genre” dans un article qui vient de paraître dans l’International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology.
La bactérie hiberne au dessus de 37°C
“L’une de ses caractéristiques est de pousser à basse température, environ 4 °C, alors que la majorité des entérobactéries sont incapables de pousser en dessous de 8 °C, souligne le virologue Jean-Claude Manuguerra, responsable de la Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU) de l’Institut Pasteur.
De plus, elle elle se met en latence et cesse sa croissance à 37 °C, “ce qui est plutôt rassurant car cela en fait un mauvais candidat pour une épidémie”, ajoute-t-il.
L’hypothèse la plus probable pour expliquer les décès des bébés à l’hôpital de Chambéry est “un accident de production isolé survenu le 28 novembre au laboratoire Marette” fournisseur des poches de nutrition incriminées, avait estimé le 24 janvier 2014 la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Le laboratoire Marette, dont l’activité avait été suspendue a fermé depuis.
L’équipe de Pasteur apporte son expertise dans le cadre de l’enquête judiciaire, qui devrait permettre d’établir le scénario de contamination des poches de nutrition. Parallèlement, les chercheurs de Pasteur poursuivent leurs investigations scientifiques, en collaboration avec d’autres équipes, pour déterminer l’habitat de Rouxiella chamberiensis, mettre au point des outils moléculaires de détection, étudier l’endotoxine…
Rédaction ActuSoins, avec Le Monde et l’Institut Pasteur
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