Covid : le CHU de Toulouse a mesuré l’immunité de ses soignants et les résultats sont encourageants

Covid : le CHU de Toulouse a mesuré l’immunité de ses soignants et les résultats sont encourageants

Le CHU de Toulouse a mesuré le taux d’immunité au SARS-CoV-2 sur une cohorte de 276 soignants infectés par le virus. Au bout de six mois, leur taux de protection s’élève encore à 84,6 %.
Covid : le CHU de Toulouse a mesuré l’immunité de ses soignants et les résultats sont encourageants
© ShutterStock

L’étude remonte au printemps dernier, alors que la France sortait du premier confinement et que le déclin de la première vague s’amorçait. Le CHU de Toulouse a décidé de mesurer le taux de séroprévalence du virus SARS-CoV-2, parmi son personnel soignant. Ce travail a fait l’objet d’une publication dans « Clinical infectious Diseases » en janvier 2021.

L’ensemble du personnel a été sollicité et 8 758 agents ont été dépistés entre le 10 juin et le 10 juillet 2020. Parmi eux, des infirmiers(es), des médecins, des kinésithérapeutes, des psychologues, ainsi que du personnel administratif…

Et finalement, une forte proportion de femmes, âgées en moyenne de quarante ans. « Sur cet échantillon, 276 ont été identifiés positifs, soit 3 %, parmi lesquels 1/3 d’asymptomatiques», décrit Chloé Diméglio biostatisticienne au sein du laboratoire de virologie du Pr. Jacques Izopet au CHU de Toulouse et première autrice de l’étude.

Au-delà de ces premiers résultats, l’objectif de cette enquête était surtout d’observer les soignants sur la durée afin d’évaluer leur taux d’anticorps neutralisant. Entre le 30 novembre et le 30 décembre derniers, les 276 agents positifs ont donc été invités à revenir effectuer un prélèvement.

Ce second dépistage a montré que 96,7 % d’entre eux présentaient des taux d’anticorps stables ou en hausse, qu’ils aient eu ou non, des symptômes. « L’étude montre donc qu’il n’y a pas de lien entre symptomatologie et immunité acquise. Symptômes ou pas, les personnes infectées par le virus étaient encore protégées au bout de six mois », résume le professeur Jacques Izopet.

Un faible taux de réinfection

En parallèle sur la même période, les chercheurs ont mesuré le taux de nouvelles infections chez les agents initialement testés séronégatifs, ainsi que l’éventuel taux de réinfection parmi les 276 positifs. Verdict ? « Nous avons enregistré 12,1 % de nouvelles infections à SARS-CoV-2 et seulement 1,8 % de réinfection, soit cinq cas  et là encore, il n’y a pas de lien entre symtomatologie, infection et réinfection », précise Chloé Dimédio.

Si l’étude n’a pas établi un taux de concentration minimum d’anticorps qui permettrait de ne plus être infecté, elle montre en tous cas que le taux de protection après une première infection est de 84,8 %. « C’est une très bonne nouvelle, même si c’est un peu en-dessous du taux de protection vaccinal annoncé (95 % ndlr) par les vaccins à ARN Messager Pfizer et Moderna », évalue la chercheuse.

A l’heure où les variants du virus initial se multiplient, la question de savoir si nous pourrions compter sur l’immunité croisée se pose néanmoins. « Il est un peu tôt pour le dire, estime le Pr. Jacques Izopet. Dans notre étude parmi les cinq cas de réinfection, la caractérisation du virus n’a pas été possible car la charge virage était plus faible.»

Les chercheurs toulousains prévoient par ailleurs de poursuivre leur étude en 2021 en testant de nouveau la cohorte dès le mois de mars. D’ici là, une grande partie d’entre eux, aura sans doute été vaccinée car la campagne du personnel soignant bat son plein en ce moment au CHU. « Nous effectuerons une mesure d’anticorps environ quinze jours après ma seconde injection avec l’objectif de mesurer l’impact du vaccin, tout ne restant le plus pertinent possible », décrit Jacques Izopet.

Béatrice Girard

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