Concilier croyances religieuses et offre de soins

Concilier croyances religieuses et offre de soins

Concilier croyances religieuses et offre de soins En France, une circulaire du 2 février 2005 précise la portée du principe de laïcité à l’hôpital et sa conciliation avec la liberté religieuse des usagers. Jusqu’à quel point l’accommodement entre l’offre de soins et le respect des croyances du public est-il possible ? La négociation et l’information semblent être, pour le moment, les solutions pour respecter au mieux les convictions des patients.

Outre l’obtention d’une alimentation en conformité avec leur religion, la demande la plus fréquente des patients envers le personnel soignant est « le respect de la pudeur », souligne Isabelle Lévy, conférencière dans des établissements de santé. Une grande partie des requêtes provient de femmes musulmanes qui refusent d’être auscultées par un homme. Comment s’adapter à ces revendications ? Certains hôpitaux optent pour la négociation. C’est le cas des urgences de l’hôpital Bichat, dans le 18e arrondissement de Paris, où le personnel médical entreprend, en cas de conflit, de convaincre les patientes d’accepter les soins réalisés par des hommes. Si la négociation échoue, « on essaye de créer un réseau autour d’elles pour qu’elles soient soignées dans la journée notamment par une femme médecin de ville », explique Thierry Collin, cadre supérieur infirmier aux urgences de l’hôpital Bichat. Mais dans la majorité des cas, les patientes acceptent de se faire soigner, malgré leur refus initial, car « elles souffrent de pathologies douloureuses et devant le fait accompli, elles ne s’opposent pas aux soins ».

Rappel à la loi

La négociation ne peut cependant dépasser certaines limites. Selon Isabelle Lévy, « il ne faut pas hésiter à rappeler la loi et les exigences de l’organisation des soins aux patients». Il est nécessaire, selon elle, de respecter les convictions religieuses des usagers mais, comme le prévoit la circulaire de 2005, cela ne doit pas porter atteinte à la qualité des soins ou aux règles d’hygiène et « mettre à mal notre système de santé ». Il est des cas où les maris refusent que leurs épouses enlèvent leur burqa pour se soumettre à un examen mais veulent quand même une ordonnance. « L’examen clinique permet de cerner la pathologie. Si l’ordonnance est établie sans auscultation, cela peut entraîner une faute dans la prise en charge et engager la responsabilité du médecin. Si malgré le rappel à la loi, le patient refuse d’être soigné, c’est son choix », conclut-elle.

Information en amont

Pour faire face à ces revendications, une tendance émerge à l’entrée des services hospitaliers : des affiches informent les patients que les équipes médicales sont mixtes et qu’ils pourront être pris en charge par des médecins des deux sexes. S’ajoute à cela l’information orale : à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, lorsque « des patientes demandent à être auscultées par des femmes, on les prévient qu’elles peuvent avoir un premier rendez-vous avec une femme mais, par la suite, elles n’auront pas d’autres choix que d’être suivies par un homme », souligne Noëlle Pral, responsable des consultations en gynécologie-obstétrique. Aux urgences de l’hôpital Bichat, le personnel devance les requêtes. « Lorsqu’on voit arriver des femmes en burqa, on les avise qu’il n’y aura pas forcément de médecins femmes pour les examiner, explique Thierry Collin. L’information évite le conflit. »

Laure Martin

Pour aller plus loin

Isabelle Lévy est l’auteure de Soins, Cultures et Croyances (2008) publié aux éditions Estem.

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