La “conciliation” médicamenteuse pour prévenir les erreurs dans les établissements de soins

La “conciliation” médicamenteuse pour prévenir les erreurs dans les établissements de soins

La Haute autorité de Santé (HAS) a mené une expérimentation afin de lutter contre les erreurs médicamenteuses dans les établissements de soins, basé sur la "conciliation", un bilan médicamenteux établi à l'entrée dans l'établissement.
La "conciliation" médicamenteuse pour prévenir les erreurs dans les établissements de soins
©Inilusion/Fotolia

Une étude réalisée en 2009 a établi que 51,2 % “des événements indésirables graves” liés aux médicaments sont considérés comme évitables et 54,5 % ont motivé une hospitalisation, a rappelé la HAS lors d’une conférence de presse.

Ce sont pour moitié des erreurs médicamenteuses consécutives à l’organisation de la prise en charge du médicament, donc des erreurs évitables. Une des situations à risque observées dans les établissements est la non prise en compte du traitement personnel du patient lors de son admission à l’hôpital.

À ce sujet, l’expérimentation Med’Rec (Medication Reconciliation en anglais) a pour objectif de prévenir et corriger les erreurs médicamenteuses grâce à l’obtention d’une liste exhaustive de tous les médicaments pris ou à prendre par le patient avant son hospitalisation, qu’ils soient prescrits par le médecin ou pris en automédication.

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Près d’une erreur médicamenteuse corrigée par patient

Concentrée sur les patients de plus de 65 ans (dans 9 établissements pendant 5 ans) elle révèle que cette conciliation a permis d’établir 46 188 divergences médicamenteuses (écart entre le bilan médicamenteux établi à l’admission et la prescription en cours) sur 27 447 patients « conciliés ». Ainsi 21 320 erreurs médicamenteuses ont été repérées – quasiment une par patient – et 23 381 changements de traitement étaient voulus mais non expliqués par le médecin  (divergences non documentées intentionnelles DNDI).

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Sans cette conciliation, 5% de ces erreurs auraient pu avoir des conséquences cliniques “graves” pour le patient, révèle l’expérience.

“On ne peut pas continuer à avoir des malades qui meurent parce que l’on ne connaît pas leur traitement médicamenteux”, s’est insurgée Claude Rambaud, vice-présidente du Collectif interassociatif sur la Santé (CISS), représentant les patients. “Il faut dire aux patients de venir à l’hôpital avec leurs ordonnances”, a poursuivi Mme Rambaud qui regrette que cette conciliation ne soit pas systématique.

La responsable milite pour que soit mis en place, comme aux Etats-Unis, un dispositif appelé “Blue Button”, permettant de télécharger sur son portable les traitements et données essentielles des examens afin de pouvoir les partager avec les professionnels de santé à tout moment.

La HAS a de son côté indiqué qu’elle allait mettre en place un guide afin d’accompagner la mise en œuvre de la conciliation médicamenteuse dans les établissements de santé.

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Cyrienne Clerc avec AFP et Jim.fr

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