Bronchiolib : un réseau de puéricultrices « en ville » pour prendre en charge la bronchiolite

Bronchiolib : un réseau de puéricultrices « en ville » pour prendre en charge la bronchiolite

Pour désengorger les services de pédiatrie qui sont désorganisés pendant la période de l’épidémie de bronchiolite chez les nourrissons, une expérimentation, Bronchiolib, a été menée pendant l’hiver 2019/2020 sous l’égide de l’Agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire. A Nantes, des bébés ont été pris en charge à domicile par un réseau d’infirmières puéricultrices et de pédiatres libéraux.

Bronchiolib : un réseau de puéricultrices en ville pour prendre en charge la bronchioliteA l’origine, c’est le chef du service de pédiatrie du CHU de Nantes qui a pris contact avec les pédiatres libéraux afin d’échanger sur une solution à mettre en œuvre afin de décharger l’hôpital de la prise en charge des bronchiolites.

« L’objectif était d’éviter la sur-contamination des nourrissons, la contamination des bébés hospitalisés, et la rupture avec la famille qu’entraîne toute hospitalisation », explique Anne Corre, infirmière puéricultrice, qui a participé à l’expérimentation financée par l’ARS et la Caisse primaire de l’assurance maladie (CPAM).

Les médecins ont alors contacté l’Association nationale des puéricultrices(eurs) diplômé(e)s et des étudiants (ANDPE) et un pool de huit infirmières puéricultrices a été constitué.

La démarche

Cette expérimentation a prévu l’inclusion des nourrissons atteints d’une bronchiolite par deux moyens : soit par le pédiatre libéral, soit par l’hôpital, lorsque l’enfant a été hospitalisé, qu’il peut rentrer chez lui mais qu’il nécessite encore un suivi. Dans les deux cas, le bébé est inscrit dans un logiciel partagé et les médecins prescrivent un suivi par une infirmière puéricultrice.

« Nous sommes allées voir les bébés à leur domicile pour aider les parents dans leur prise en charge », rapporte Anne Corre, précisant qu’une cinquantaine de famille ont été suivies.

Cet accompagnement était gratuit pour les parents, les puéricultrices étant quant à elles rémunérées via une enveloppe de l’ARS, chacune pour une journée de travail par semaine.

Au cours des consultations, d’une durée d’environ 45 minutes chacune, la puéricultrice est intervenue pour effectuer du soutien à la parentalité, expliquer le couché du nourrisson, la désobstruction rhinopharyngée et les signes de lutte de l’enfant avec la détresse respiratoire afin de reconnaître le moment où il faut l’hospitaliser ou encore contrôler le poids du bébé. « Lorsqu’un enfant a une bronchiolite, les parents doivent généralement fractionner les repas, indique Anne Corre. Nous sommes donc intervenus pour accompagner les mamans dans leur allaitement notamment. »

Reconnaissance d’un rôle en libéral

« Finalement, dans le cadre de cette expérimentation, nous remplissons notre rôle propre, poursuit Anne Corre. Actuellement, nous ne pouvons pas coter nos actes car l’exercice de la puériculture n’existe pas en libéral. Donc en dehors de l’expérimentation, le suivi de l’allaitement et l’accompagnement de la parentalité ne sont pas pris en charge. »

Anne Corre a exercé pendant 23 ans à l’hôpital avant de se lancer en tant qu’auto-entrepreneur il y a un an. Aujourd’hui, elle propose du conseil en puériculture, des massages bébés et du portage. « Avoir fait le choix de ce statut et exercer en tant que consultante en puériculture, me permet de retrouver mon métier, souligne-t-elle. Le besoin est réel en libéral car les parents peuvent être perdus après un accouchement. Or, les Protections maternelles et infantiles n’ont plus le temps pour toutes les prises en charge, tout comme les pédiatres, de moins en moins nombreux. Les séjours à la maternité sont raccourcis et les familles sont souvent éloignées et dispersées. Face à des jeunes parents se retrouvant seuls à domicile avec leur bébé qu’ils apprennent à connaître, les puéricultrices peuvent être d’une grande aide. »

Une évaluation avant la pérennisation

L’expérimentation, menée pendant deux mois, fait actuellement l’objet d’une évaluation par l’ARS.

« Tous les acteurs sont reçus à savoir, les médecins hospitaliers et libéraux, les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) infirmiers et médecins, et les infirmières puéricultrices qui participent à l’expérimentation, rapporte Anne Corre. Nous avons aussi élaboré un questionnaire que nous avons remis aux familles afin d’évaluer leur satisfaction. »

Pour la puéricultrice, les avantages sont nombreux. Outre offrir la possibilité aux puéricultrices d’exercer leur métier en libéral, l’expérimentation participe à diminuer l’anxiété parentale, à faire de l’éducation et permet de prendre le temps de répondre aux questions des parents.

Côté inconvénients : le manque de communication sur l’expérimentation avec les partenaires, faute de temps, et éventuellement la fatigue des nourrissons lorsqu’ils étaient vus par plusieurs professionnels de santé. A la suite de l’évaluation, il sera décidé soit de renouveler l’expérimentation, soit de travailler à l’élaboration d’une expérimentation dans le cadre de l’article 51, ce qui implique un travail à l’échelle nationale avec une proposition de cotation.

Laure Martin

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