Aides-soignants cherchent statut libéral

Aides-soignants cherchent statut libéral

« On partage le même malaise que les infirmiers diplômés d’Etat mais on n’a pas la même reconnaissance ». Voici, en résumé, ce qui anime Christine Duclut, secrétaire de la Fédération Nationale des Associations d’Aides-Soignants (FNAAS). Son combat : obtenir l’autorisation pour les “AS” d’exercer en libéral ; comme leurs grandes sœurs infirmières.

Aides-soignants cherchent statut libéral

Pour faire bouger les lignes, la FNAAS fait comme tout le monde : du lobbying. « En 2009 nous avons déposé un projet de décret, au ministère de la santé, sur les compétences des aides-soignantes avec tous les actes répertoriés » raconte Christine Duclut.

Trois ans que le texte est entre les mains des hautes instances…Mais rien ne vient. « C’est normal, le texte doit passer par plusieurs niveaux du ministère ».

C’est à ce moment-là que l’activité de lobby prend tout son sens ; pour maintenir le contact, « comme lors de nos assises nationales, où nous avons reçu une représentante », tout en s’assurant de l’avancée du dossier.

Un vide juridique

Mais les lenteurs de la bureaucratie ne sont pas le véritable ennemi de Christine Duclut. L’enfer, « c’est ce vide juridique qui entoure notre profession » confesse l’aide-soignante. Diplômée depuis 1984, elle a « vu la profession évoluer. »

Notamment la formation, aujourd’hui sanctionnée par un diplôme d’Etat. Mais pour l’étape du libéral, il reste encore du travail : « Notre statut n’est pas clairement défini. On dépende de l’Ide. Nous en pouvons donc pas exercer en tant que tels, sauf dans des centres de soins…Sous le contrôle d’un infirmier coordinateur ».

Des guerres de clocher

Des infirmiers qui sont pour partie leur deuxième épine au pied : « beaucoup d’infirmiers libéraux ne sont pas d’accord pour que les aides-soignantes puissent exercer en libéral. Certains s’imaginent que nous pourrions leur voler leur clientèle. De plus, notre tarification ne serait pas la même. Ils craignent un certain manque à gagner » affirme Christine Duclut.

Effectivement du côté des infirmiers, l’opposition semble franche : « Nous sommes catégoriquement contre, pour plusieurs raisons. Premièrement, à l’hôpital, les AS travaillent sous la responsabilité des infirmiers, qui assumera cette responsabilité en libéral ? » s’interroge Béatrice Galvan de l’ONSIL. « Ensuite, les actes qui leur seraient attribués constituent le rôle propre infirmier. Nous avons fait trois ans d’étude pour avoir le droit de l’exercer ! Hors de question d’en être spolié » rajoute-t-elle.

Chacun dans son coin ? Pas question !

Un scénario que la secrétaire de la FNAAS veut tailler en pièces : « Le binôme Aide-soignante/infirmière est primordial. C’est ensemble que nous devons bosser. Ce n’est pas notre but de nous démarquer et travailler dans notre coin. » Un travail est effectué dans ce sens par la fédération.

Mais le chemin reste encore long et Christine Duclut le sait, même si elle reste optimiste et espère, un jour, obtenir  gain de cause pour un statut libéral des aides-soignants : « Les contacts avec le ministère depuis l’été dernier nous donnent beaucoup d’espoir. Nous savons bien que ce processus sera encore long. Une chose est sure, ce n’est pas en 2012 que nous trouverons une issue ».

Joël IGNASSE

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