Rapport sévère sur la psychiatrie en France

En plein débat sur l'hospitalisation d'office, les hôpitaux psychiatriques sont taxés de négligence en matière de sécurité, dans un rapport officiel sévère publié mardi.

IGAS, psychiatrie, rapport,fugueCe document rédigé par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) souligne les violences et les fugues recensées dans ces établissements, mais aussi la maltraitance dont sont parfois victimes les patients.

Derrière les "drames individuels", des "dysfonctionnements systémiques"

Il se base sur l'analyse les "accidents en psychiatrie" des cinq dernières années, dont certains très médiatisés, comme le meurtre en 2008 à Grenoble d'un étudiant par un malade enfui de l'hôpital.

Conclusion: l'Igas "a constaté que, derrière les drames individuels, se répétaient des dysfonctionnements systémiques".

Alors que les hôpitaux accueillent toujours plus de personnes hospitalisées sans leur consentement (quelque 80.000 par an), ils peinent selon l'Igas à faire face aux situations de violences.

La mission a dénombré une vingtaine de meurtres en cinq ans (dont sept à l'intérieur d'un établissement et trois au cours de fugues) et une dizaine d'agressions sexuelles dans l'enceinte hospitalière.

Ces drames sont "rares", mais les agressions contre le personnel et les malades "paraissent en revanche plus nombreuses que ne le laissent percevoir les 1.870 signalements recensés en 2009", estime l'Igas.

Le rapport relève aussi les fugues, évaluées entre 8.000 et 14.000 parmi les personnes hospitalisées sans leur consentement. La plupart le font "à pied, en plein jour, par le portail central", relève l'Igas, qui déplore une trop faible surveillance.

Si les directions des hôpitaux sont critiquées pour leur faible réaction, c'est toute l'organisation des soins psychiatriques qui est remise en cause. L'Igas évoque la "maltraitance physique" des patients et plus largement les "mauvais usages hospitaliers".

Le fait notamment de confiner "dans des espaces étroits" des personnes aux pathologies très différentes, "certaines délirantes et en crise aiguë et d'autres proches de la sortie" favoriseraient les fugues ou les violences.

"Contrairement à une idée répandue, ce ne sont pas les effectifs de personnels qui font défaut", estiment les auteurs, qui critique la gestion des ressources humaines par les hôpitaux.

Les pouvoirs publics ne sont pas épargnés: la sécurisation et l'amélioration des soins psychiatriques "ne font pas partie des priorités stratégiques déjà nombreuses des autorités de tutelle".

Pour les psychiatres, une rapport politique

"Il faudrait être naïf pour penser que ce rapport est publié aujourd'hui par hasard", a dit à l'AFP Norbert Skurnik, du syndicat des psychiatres de secteur, en référence au projet de loi de réforme de l'hospitalisation d'office voté mardi par les députés et rejeté par la profession qui le juge trop sécuritaire.

"Le rapport de l'Igas vient à nouveau enfoncer le clou de cette orientation qui entretien un climat de peur et de stigmatisation des malades", a jugé le psychiatre Paul Machto, responsable d'un centre de jour à Montfermeil, sur France Inter.

Selon les deux psychiatres, le rapport de l'Igas constitue surtout une charge contre la psychiatrie de secteur. Ce mode d'organisation fait qu'en principe un malade est soigné par l'établissement psychiatrique du lieu de sa résidence, et non en fonction de sa pathologie.

"Il y a une loi qui est votée aujourd'hui au Parlement, qui est importante, mais il nous faut aussi un nouveau plan de santé mentale, qui est demandé par tous les acteurs du dossier", a dit mardi le ministre de la Santé Xavier Bertrand, interrogé sur France 2 sur le rapport de l'Igas.

Pour aller plus loin :

Rapport de l'Igas

AFP

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