Recrutement infirmier : ouvrez les négociations !

Qui ne tente rien n'a rien. S'il n'est pas facile de se lancer dans la négociation lors d'un entretien d'embauche, l'initiative peut s'avérer (très) payante pour les infirmières, dans le privé comme dans le public.

Tractations dans le privé

Négocier son salaire. Tentant, mais aujourd'hui cela reste surtout possible dans le privé à but lucratif, secteur qui dispose des marges de manœuvres les plus larges.

Un dirigeant de clinique de la capitale témoigne: «Aujourd'hui, la mentalité des soignants a évolué. Ils ont davantage conscience qu'ils peuvent négocier". Ce phénomène a été renforcé par la reconnaissance à bac + 3 du diplôme et par la mise en avant des problèmes de responsabilité pénale.

Dans le privé, il y a de plus en plus systématiquement discussion sur le salaire. Les grilles des conventions collectives ne sont pas respectées pour les infirmières.

"Pour fidéliser les professionnels, on est obligé de monter les enchères et cela peut aller jusqu'à 400 euros au-delà du tarif conventionnel prévu. Auparavant il était ainsi courant au sein des établissements de trouver des niveaux de rémunération différents entre infirmiers selon la capacité de chacun à se vendre."

Actuellement, pour se soustraire à la menace d'action aux prud'hommes pour discrimination salariale, la tendance est plutôt à l'octroi de primes spécifiques infirmières applicables à tout professionnel recruté "en sus du salaire conventionnel lié à son ancienneté ou de primes attachées à des compétences particulières et recherchées( réanimation, salle de réveil,endoscopie...)."

Et votre expérience se vendra d'autant mieux si le marché de l'emploi infirmier est tendu dans la zone géographique choisie, comme en Ile de France (particulièrement en grande banlieue) ou en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Autre argument pour faire pencher la balance en votre faveur : votre spécialisation. Toujours d’après notre dirigeant : « Les IBODE, très recherchées, sont très bien placées pour discuter et les tarifs s’envolent Quant aux vacataires,souvent nécessaires pour assurer le fonctionnement continu des blocs opératoires et assurer les astreintes, ils se montrent souvent encore plus gourmands, il y a eu sur ce secteur une vraie inflation ces dernières années! Certains groupes ont même fini par mettre en place des filières de recrutement d’infirmières étrangères formées à leur arrivée au bloc opératoire pour réduire leurs coûts de fonctionnement»

Jouer sur la reprise de l'ancienneté

Dans le privé à but non lucratif relevant de la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne (Fehap), les possibilités sont déjà moindres. «Même si beaucoup de personnes tentent le coup, nous appliquons le strict respect des grilles. Il y a deux ans, nous étions à moins 50 % au niveau de l'effectif infirmier et même durant cette période, je n'ai jamais négocié les salaires. Je ne veux pas d'une dynamique inconfortable qui pourrait créer des tensions entre les professionnels», affirme ainsi Mme Niklaus, directrice des soins à la Clinique Médicale de la Porte Verte, à Versailles. «Mais, au vue de ce que nous raconte certains candidats, je sais que cela peut se faire ailleurs», ajoute-t-elle.

Ailleurs, ce qui se joue c'est surtout la reprise de l'ancienneté. «Nous n'avons aucune latitude sur la rémunération», explique Philippe Marcel, DRH de l'Association Hospitalière de Franche-Comté. Mais, à demi-mot, il reconnaît la possibilité de jouer sur l'ancienneté. Selon la convention collective 51, la reprise est de 75% pour un salarié venant d'un autre établissement de la Fehap, moins pour les autres. «On peut négocier mais c'est très rare», tient toutefois à préciser Philippe Marcel qui ne veut surtout pas provoquer de sentiment d'injustice.

Disparité dans le public

Dans la fonction publique, les salaires sont également verrouillés par les grilles. «Les conditions d'embauches salariales sont régies par des textes que nous appliquons. Nous sommes tenus au respect de la réglementation», confirme Christine Borreani, responsable de la cellule de recrutement pour l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM). Même discours au CHRU de Lille : «Il n'y a aucune négociation ni sur les salaires, ni sur la reprise de l'ancienneté qui est déterminée par le service carrière», précise Martine Moura, directrice des soins. Et pour d'éventuels avantages en nature, comme une place en crèche ? «Non plus. C'est une commission qui priorise les demandes de places en crèche», répond Martine Moura.

Dans ce centre très demandé par les professionnels pour les opportunités d'évolution de carrière qu'il offre, il n'y a donc rien à négocier. Mais dans certains établissements, moins bien situés, un autre son de cloche se fait entendre. Dans l'ombre du CHRU de Lille, à sept kilomètres de la métropole du Nord Pas-de-Calais, l'hôpital de Seclin peine à recruter. «Bien évidemment, nous respectons les grilles de la fonction publique hospitalière. Mais nous pouvons jouer sur les échelons, notamment pour certains spécialistes comme les IADE ou les puéricultrices. On peut éventuellement les embaucher à un échelon supérieur. Idem pour l'ancienneté, on s'arrange pour passer à 100 %», confie José Goëtinck, directeur adjoint à la direction des soins.

Encore mieux, l'hôpital s'enorgueillit d'avantages en nature comme des places en crèche ou une mise à disposition de studio à loyer modique le temps de s'installer. Mais en contrepartie, et contrairement à ce qui se pratique dans certains établissements de taille plus importante, aucune négociation sur les horaires n'est possible.

Judith Korber

Pour aller plus loin :

Offres d'emploi pour infirmière, IADE, IBODE, Cadres de Santé, Médecin, professionnels de santé sur toute la France et la Suisse

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Réactions

3 réponses pour “Recrutement infirmier : ouvrez les négociations !”

  1. gogo dit :

    ca fonctionne dans les zones à faible « densité » IDE. Par contre, dans les metropoles ou pululent les IFSI, c’est plus difficile. Plus difficile aussi les secteurs d’activité prisée. En reaction à l’article, je dirais négocier au cas par cas en fonction des situations.

  2. Scalpel dit :

    IL FAUT négocier.
    Tant qu’on nous prendra pour des chèvres anorexiques et vertueuses, on continuera d’être payé au lance-pierre.
    Et cela passe par savoir dire NON aux employeurs refusant de proposer un salaire normal et décent.

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