ESS Cardio + : des infirmiers libéraux au cœur d’une expérimentation en cardiologie

Pour pallier le manque de cardiologues dans les déserts médicaux, la Nouvelle Aquitaine teste depuis juillet 2023 le dispositif ESS Cardio+. Ce protocole article 51, déployé pour trois ans dans quatre régions, donne une place de premier rang aux infirmiers libéraux.

ESS Cardio + : des infirmiers libéraux au cœur d’une expérimentation en cardiologie

© Yiistocking / ShutterStock

En Nouvelle Aquitaine, l’expérimentation Équipe de soins spécialisés (ESS) Cardio+ a débuté en juillet 2023 à Fumel (Lot-et-Garonne), en réponse au départ à la retraite du dernier cardiologue en 2021.

4000 patients étaient depuis sans spécialiste de proximité. « L’objectif du dispositif est de proposer aux patients une prise en charge cardiologique avec des infirmiers, soit à domicile ou au sein des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, soit au sein de la Maison de santé professionnelle (MSP) de Fumel, où se situe l’équipe de soins spécialisée (ESS) », explique le Dr Pierre Fournier, cardiologue, qui coordonne le dispositif avec le Dr Parrens.

Avec un collectif de cardiologues répartis sur l’ensemble de la Nouvelle Aquitaine, ils assurent les téléexpertises médicales dans le cadre de l’ESS cardio +.

Le rôle clef des infirmiers

Lorsqu’un médecin traitant estime que l’un de ses patients doit être vu par un cardiologue, il remplit un formulaire spécifique qu’il envoie à l’ESS Cardio + de Nouvelle Aquitaine.  Le formulaire est analysé par le case manager de l’ESS Cardio +, pour s’assurer que les critères d’inclusions au protocole 51 sont bien respectés. L’un des cardiologues de l’équipe effectue ensuite son analyse à l’aune des données du formulaire, de l’ordonnance de traitement en cours et des résultats de la biologie médicale récupérées via l’outil numérique régional de coordination Paaco Globule.

C’est à cette étape que les infirmiers libéraux (idels) entrent en jeu.  Mickaël Gruppi et Valérie Jourdan, deux idels exerçant sur le territoire de l’ESS, ont candidaté pour participer à l’expérimentation. Ils ont été formés au CHU de Bordeaux et à la Clinique Esquirol Saint Hilaire (CESH) d’Agen, en mars 2022, pour apprendre à assurer le recueil d'informations médicales cardiologiques et effectuer une consultation incluant l'interrogatoire, l'examen clinique, l'ECG ainsi que l'échocardiographie.

Depuis, ils reçoivent tous les mardis, les patients de l’ESS Cardio +, dont l’inclusion a été confirmée, dans le cadre d’une consultation appelée Télé cardiologie augmentée (TCAG). « Dans ce cadre, nous assurons l’interrogatoire afin de savoir comment se sent le patient, d’en apprendre davantage sur sa symptomatologie cardiaque puis nous effectuons le recueil des données avec les différents objets connectés à notre disposition », rapporte Mickaël Gruppi.

Les informations enregistrées sont transmises par l’outil de téléconsultation à l’un des cardiologues impliqués dans l’expérimentation. Le praticien doit, au plus tard sous huit jours, effectuer la synthèse et définir la prise en charge du patient. Le diagnostic et les prescriptions sont donc réalisés par le cardiologue en distanciel en mode synchrone ou asynchrone et hors cadre urgence. « Cette solution permet de répondre à la problématique de désertification médicale que nous rencontrons sur notre territoire, souligne Valérie Jourdan. C’est aussi intéressant pour notre pratique infirmière car nous pouvons, de cette manière, diversifier nos actes. »

Un suivi global

Depuis juillet « encore trop peu de patients ont été intégrés dans le dispositif, reconnaît le Dr Fournier. Nous en avons inclus une petite soixantaine alors que nous avions estimé une prise en charge de 60 patients par mois. Nous devons poursuivre notre communication sur le dispositif. » 

D’autant plus que les patients expriment leur entière satisfaction face à cette solution de proximité. Leur prise en charge peut d’ailleurs se poursuivre avec un suivi global sur l’année, assuré par une Infirmière en pratique avancée (IPA). « Après avoir effectué son expertise, si le cardiologue estime que le patient peut être intégré dans un parcours de suivi chronique, je peux étudier son dossier et réaliser alors une consultation à domicile, pour effectuer une expertise globale, incluant le volet social », explique Emmanuelle Bellandi, IPA libérale.

À l’issue de l’entretien, si le patient est compatible avec une prise en charge de l’IPA, l’ESS Cardio + déclenche une Réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) avec le médecin traitant, le cardiologue et l’IPA, afin de valider la prise en charge par l’IPA pour une durée d’un an.

Dans le cadre de l’expérimentation, l’équipe est rémunérée au forfait pour les actes de TCAG. L’ESS effectue ensuite une réversion aux idels, cardiologues, IPA de l’ESS cardio plus.

Laure Martin

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