Samu de Toulouse : des infirmiers dédiés aux urgences psychiatriques

Tous les jours, de 10h à 22h, un infirmier est chargé de prendre les appels du 15 relevant de la psychiatrie au Samu de Toulouse. Depuis sa mise en place en 2019, ce dispositif a permis de réduire de 50 % les passages aux urgences.

Samu de Toulouse : des infirmiers dédiés aux urgences psychiatriques

photo d'illustration ©Rokas Tenys / ShutterStock

Crise suicidaire, syndrome anxio-dépressif, décompensation de troubles bipolaires ou schizophréniques, rupture de traitement… Tous les jours, de 10h à 22h, un infirmier de régulation psychiatrique peut prendre en charge, sur demande du médecin régulateur, les appels relevant de la psychiatrie au Samu de Toulouse.

La régulation psychiatrique prend plus de temps qu’un appel “standard” au 15, explique Isabelle Grua, infirmière de régulation psychiatrique. Nous prenons le temps que les médecins régulateurs n’ont pas toujours avec le flux important d’appels qu’ils ont.” Mais la décision finale leur revient toujours, sur conseil de l’infirmier de régulation psychiatrique.

Jauger l’urgence psychiatrique par téléphone

Pour intégrer le Dispositif infirmier de régulation de soins de psychiatrie 31 (DIRPS 31) du Samu de Toulouse, il faut avoir travaillé pendant plusieurs années aux urgences psychiatriques. Une expérience d’autant plus nécessaire que l’évaluation par téléphone présente des différences par rapport à l'observation clinique en présentiel. “Il faut comprendre la situation avec d’autres sens, explique Isabelle Grua. Les bruits, par exemple, peuvent parfois nous donner des informations sur l’environnement.”

Les appels peuvent venir des patients eux-mêmes ou de leur entourage, en cas de crise suicidaire notamment. “L’objectif est de comprendre s’il y a un risque de passage à l’acte et, en fonction, décider d’une intervention des secours, poursuit Isabelle Grua. Certaines situations demandent beaucoup de sang-froid. Récemment, un patient avait acheté une arme pour se suicider et j’ai dû temporiser jusqu’à l’arrivée de l’ambulance. Depuis le Covid, nous avons aussi beaucoup de syndromes anxio-dépressifs, notamment des adolescents, des décompensations de troubles bipolaires ou schizophréniques, des patients en rupture de traitement, etc. Il n’y a pas de protocole, c’est l’expérience qui permet de jauger l’urgence.”  

50 % de passages aux urgences en moins

Le DIRPS 31 a été mis en place en 2019 au Samu de Toulouse. Avant, ces appels étaient gérés comme les autres. “C’était le tout urgence, on préférait ne pas prendre de risque et envoyer le patient aux urgences pour qu’il soit vu par un psychiatre”, détaille Isabelle Grua. Un principe de précaution à la fois négatif pour le patient - qui repartait parfois très vite - et pour l’hôpital, dont l’activité est déjà dense.

Mais après quatre ans, le bilan semble positif. Chaque année, entre 4.500 et 5.000 appels sont gérés par le DIRPS 31. “Nous avons réduit de 50 % les passages aux urgences en proposant d’autres solutions aux patients, explique le Pr Christophe Arbus, chef du pôle psychiatrie du CHU de Toulouse. C’est une avancée dans la pertinence du parcours de soin car les régulations au Samu sont de meilleure qualité et les patients mieux encadrés.

Bientôt deux infirmiers par plage horaire dans le DIRPS 31

 Tous les appels sont traités par les infirmiers. S’il n’y a pas de prise en charge d’urgence, les patients sont toujours écoutés et orientés. “Les patients savent qu’ils peuvent être pris en charge par un soignant de leur spécialité jusqu’à 22h, heure à laquelle ils n’ont plus accès à leurs médecins, développe Isabelle Grua. Notre connaissance du réseau local en psychiatrie est aussi un avantage car nous pouvons rediriger rapidement vers le service de ville le plus adapté, en fonction de l’âge et de la pathologie du patient.”

Pour l’instant, il y a un infirmier de régulation psychiatrique par jour. D’ici quelques mois, un deuxième poste va être créé pour gérer les appels qui ne sont pas urgents et intervenir. “En cas de besoin pour une pathologie ou un problème relevant de la psychiatrie, l’infirmier pourra se rendre sur place, assure Isabelle Grua. Mais avant, nous devons écrire les protocoles d’intervention et former tous les collaborateurs… On espère une mise en place d’ici à l’été 2024.

Diane Cacciarella

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