Prélèvements de cornées et d’épiderme par des infirmiers

A l’hôpital d’Antibes, Isabelle Roche, infirmière de la coordination du prélèvement multi-organes, participe aux protocoles de coopération sur les prélèvements de cornées et de l’épiderme.  Un pan de plus dans son activité, qu’elle considère comme une évolution naturelle de ses compétences.

Cet article fait partie du dossier "Protocoles de coopération et nouvelles compétences infirmières", paru dans n°44 d'ActuSoins Magazine (mars-avril-mai 2022).

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© Service de communication Hôpital d'Antibes.

Infirmière coordinatrice depuis douze ans, Isabelle Roche a souhaité s’investir dans les protocoles de coopération. « Nous avons un service préleveur et greffeur au sein de l’établissement et, de ce fait, nos chirurgiens et ophtalmologues sont très investis entre le bloc et les consultations, explique-t-elle. Le fait que je puisse réaliser des prélèvements de cornées et d’épiderme leur libère du temps médical et cela a aussi permis d’augmenter le nombre de prélèvements. »

C’est en 2015 puis en 2018 qu’Isabelle Roche décide d’effectuer les démarches pour adhérer à des protocoles locaux, devenus nationaux, qui n’étaient pas déployés dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ceux-ci concernent les prélèvements de cornées dans le cadre de prélèvements de tissus et/ou de prélèvements multi-organes sur personnes décédées et les prélèvements de peau mince (feuillets épidermiques) dans le cadre de prélèvements de tissus sur personnes décédées.

« J’ai bénéficié d’une formation théorique et pratique sur l’anatomie et sur les prélèvements », souligne-t-elle. Après avoir envoyé l’ensemble des documents à l’Agence régionale de santé, celle-ci lui a donné l’autorisation pour la mise en œuvre des protocoles, depuis 2015 pour la cornée et depuis 2018 pour l’épiderme. Isabelle Roche est donc totalement autonome pour ces deux prélèvements à condition que les médecins délégants soient présents au sein de l’établissement lorsqu’elle réalise les actes.

La procédure

Lorsqu’un patient décède et qu’il est éligible à un prélèvement de la cornée ou d’épiderme, Isabelle Roche consulte le Registre national des refus (RNR) afin de s’assurer qu’il ne s’est pas opposé à un prélèvement. Elle contacte ensuite la famille pour la tenir informée de la démarche. « J’ai 24 heures pour prélever un défunt à condition que le corps ait été réfrigéré dans les quatre heures suivant le décès », précise-t-elle.

Elle doit bien entendu s’assurer que le défunt ne présente pas de contre-indications médicales aux prélèvements. C’est le cas pour les infections virales ou encore pour les personnes atteintes des maladies de Parkinson et Alzheimer. Elle retranscrit ensuite le témoignage de la famille et, avec son d’accord, monte le dossier et intègre les informations dans un logiciel relié à l’Agence de la biomédecine.

Le respect du corps

Le don est anonymisé et les filières entre le prélèvement et la greffe sont totalement opaques, empêchant ainsi de connaître les personnes bénéficiaires des prélèvements réalisés. « Je suis également garante de la restitution tégumentaire du défunt c’est-à-dire de l’état du corps après le prélèvement », poursuit-elle.

La cornée est remplacée par une lentille de contact puis, comme pour toute présentation des corps à la famille, le défunt a les yeux fermés. Pour l’épiderme, les prélèvements sont effectués sur l’arrière du corps. « Nous effectuons ensuite des pansements absorbants avant de remettre le corps sur le dos, indique Isabelle Roche. Si le corps est dégradé, l’établissement prend en charge les soins de conservation. » Isabelle Roche organise également le transport des prélèvements à la banque des tissus humains de Marseille (ESF), par un chauffeur du centre hospitalier, dans une glacière dont la température varie de 15 à 25 degrés.

Étendre le protocole

Isabelle Roche est actuellement la seule infirmière de son établissement à pouvoir effectuer ce protocole, notamment « parce que nous ne sommes que deux temps pleins dans l’équipe », précise-t-elle. Et d’ajouter : « Nous avons adressé une demande à l’ARS pour que ma collègue puisse être ajoutée au protocole mais pour le moment, nous n’avons pas encore obtenu de réponse. » Une personne supplémentaire serait bénéfique, car l’intégralité de la procédure, des démarches administratives jusqu’au prélèvement, prend en moyenne quatre heures.

« Les médecins sont satisfaits du temps médical gagné, se félicite-t-elle. Ces protocoles me permettent aussi de diversifier mon travail et nous permet d’obtenir de bons résultats. » Pour la cornée, l’établissement est passé de 100 à 240 prélèvements annuels depuis la mise en place du protocole de coopération. Pour la réalisation de ces nouveaux actes, Isabelle Roche perçoit depuis deux ans, 100 euros brut par mois, dans le cadre d’une prime de coopération.

Laure Martin

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