Mayotte veut former davantage d’infirmiers mahorais

A la rentrée, l'effectif des étudiants en soins infirmiers de l'IFSI de Mayotte passera de 45 à 65. Cette montée en puissance, insuffisante pour assurer le besoin de 120 infirmiers par an, ouvre encore de belles opportunités professionnelles aux soignants venus d'autres départements. D'autant que l'offre de soins à Mayotte tend à se développer.

Le CHM souhaite renforcer la formation de professionnels de santé locaux afin de consolider son projet médical, en évitant le turn-over permanent

Le CHM souhaite renforcer la formation de professionnels de santé locaux afin de consolider son projet médical, en évitant le turn-over permanent. © Mireille Legait

Alors que l'Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) de Mayotte vient de remettre leur diplôme d'Etat à 18 étudiants, Josiane Henry, sa directrice, a déjà les yeux fixés sur la prochaine rentrée qui sera marquée par une montée en puissance du nombre d'étudiants, tant à Mayotte qu'en délocalisé.

Si 35 étudiants (vs 30 l'an dernier) feront bien leurs études à Mayotte, 30 autres partiront en métropole, dans les régions d’Occitanie et de Bourgogne-France-Comté.

En effet, le territoire sanitaire restreint de l'île aux parfums ne permet pas d'assurer la totalité des stages aux étudiants. « La Réunion nous a beaucoup aidés pendant des années pour les stages, nous aide encore mais a ses propres besoins de stages et ne peut donc plus répondre à toutes nos demandes, explique Josiane Henry. Chaque étudiant formé à Mayotte fait au moins un stage en métropole en troisième année et également depuis, quelques temps, lors de sa seconde année. Mais l'IFSI de Mayotte montant toujours plus en puissance en termes de formation d'étudiants, cette solution est maintenant insuffisante. C'est pour cela que nous avons noué un partenariat avec La Croix Rouge dans la région d’Occitanie, il y a trois ans, afin de placer, chaque année, 7 étudiants à Toulouse et 8 à Nîmes, avec le soutien du département-Région de Mayotte. Nous sommes en train de mettre en place un nouveau partenariat avec la Région de Bourgogne-Franche-Comté, pour former 15 étudiants supplémentaires », précise la directrice.

Préférence régionale

Directrice de l'IFSI Mayotte depuis de longues années, Josiane Henry souhaite renforcer la spécialisation des infirmiers mahorais

Directrice de l'IFSI Mayotte depuis de longues années, Josiane Henry souhaite renforcer la spécialisation des infirmiers mahorais. © Mireille Legait

Les étudiants mahorais sont dispatchés dans les différents IFSI au mérite. « Ils veulent tous faire leur formation à Mayotte, mais nous ne pouvons pas tous les accueillir en stage, comme je l'expliquais. Ils choisissent leur lieu d'études par ordre de priorité et leur choix est honoré en fonction de leur classement à Parcours Sup. »

Pour les étudiants délocalisés qui s'engagent à rester en métropole durant les trois années de leurs études, le Conseil régional a desserré les cordons de la bourse : une bourse de 900 euros mensuels, un aller/retour en début et fin de formation, en seconde année et un autre en troisième année pour un stage pré-professionnel.

Un droit à un redoublement leur est accordé sans perte de bourse. « En retour, ils doivent s'engager à travailler à Mayotte, pendant neuf ans, douze s'il y a redoublement, dans n'importe quel secteur, hospitalier, privé, PMI, libéral…», précise Josiane Henry.

Le renforcement de la promo, qui passe ainsi de 45 étudiants en 2020-2021 à 65 à la prochaine rentrée, a pour but de renforcer les rangs des infirmiers par de plus en plus de Mahorais diplômés.

« Mayotte, depuis des années, dépend en grande partie des infirmiers métropolitains. Certains s'installent dans la durée, mais beaucoup ne font que passer pour deux ou trois ans. Ce sont les fameux infirmiers 'sacs à dos'. Ils nous sont très utiles mais Mayotte ne peut pas construire un projet de santé dans la durée avec un tel turn-over. Nous aurons toujours besoin des infirmiers 'sac à dos', puisque nous n'en formons que 65 pour un besoin estimé à 120 par an, mais l'idéal serait de renverser petit à petit la tendance avec une majorité de Mahorais et un pourcentage réduit d'infirmiers venus d'ailleurs », souligne la directrice de l'IFSI. 

Limiter les abandons

A Mayotte, comme ailleurs, Parcours Sup a réservé des surprises aux IFSI et aux étudiants. Pas toujours très bonnes. « Nous avons eu beaucoup d'abandons en première année, souvent à la fin du premier trimestre, preuve que le recrutement sur dossier ne suffit pas », constate Josiane Henry.

Selon l'IFSI de Mayotte, ces abandons émanaient principalement des nouveaux bacheliers, et beaucoup plus exceptionnellement des étudiants en promotion professionnelle comme les aides-soignants ou ceux en reconversion professionnelle. « C'est clairement parmi les nouveaux bacheliers que nous avons le plus fort taux d'abandon du parcours. C'est pourquoi nous avons décidé de créer un Dispositif d'Accompagnement pour l'Entrée en IFSI (DAEIFSI). Il s'agit d'un cursus de 308 heures, qui s'étend de novembre à mars, et s'adresse à tous les candidats, même s'ils ont échoué à la sélection Parcours Sup, ou qu'ils se réorientent après un autre cursus d'études ou encore qu'ils se présentent en reconversion professionnelle. »

Ce dispositif, qui fonctionne comme une prépa, a accueilli l'an dernier 20 futurs candidats. « Nous avons eu deux abandons pendant la prépa et sur les 18 qui ont poursuivi, nous n'avons eu que 7 candidats reçus à l'IFSI ». Un ratio reçus/recalés qui atteste de l'exigence de la filière, pourtant plébiscitée par les lycéens sur Parcours Sup, à Mayotte comme ailleurs.

Pénurie d'infirmiers spécialisés

Si Mayotte a donné un coup d'accélérateur à la formation IFSI, les structures de soins souffrent du manque d’infirmiers spécialisés. En 2016, une école d'infirmiers puériculteurs a ouvert, qui accueillera à la rentrée 15 futurs infirmiers puériculteurs par an.

Jusqu'ici, la formation n'avait lieu que tous les deux ans. Reste à former des infirmiers de bloc (IBODE) et anesthésistes (IADE). Rien à l'horizon localement, sauf un partenariat, dès la rentrée 2021, avec l'IRFSS de Brest, pour proposer une formation aux concours d'entrée dans le cursus.

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Réactions

1 réponse pour “Mayotte veut former davantage d’infirmiers mahorais”

  1. Brahim AITTERRAMI dit :

    Bonjour,
    Je viens d’arriver au CHM pour renforcer l’équipe des formateurs à l’IFSI.
    Votre article sur le besoin en infirmiers m’encourage et me réconfort dans
    mon choix de venir à Mayotte.
    J’espère que je vais pouvoir aider pour atteindre l’objectif de 120 ESI par an.
    Bien cordialement
    Brahim Aitterrami

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