Les infirmiers anesthésistes en colère

Faible revalorisation salariale, recul de l'âge du départ à la retraite, négociations sur la formation... Face aux réformes initiées par le gouvernement, les infirmiers anesthésistes s'interrogent.

Les iade infirmiers anesthésistes en colèreC'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Le 4 février, malgré l’opposition des syndicats majoritaires, le ministère de la santé signe un protocole d'accord avec le syndicat national des cadres hospitaliers. Au cœur de ce document : le passage des infirmières en catégorie A, en échange du recul de l'âge de départ à la retraite et d'une hausse des salaires. Opposé à l’accord, le syndicat national des infirmiers anesthésistes (SNIA) découvre à cette occasion que les IADE sont la catégorie la plus pénalisée par ce protocole. En effet, les infirmiers anesthésistes appartiennent déjà à la catégorie A de la fonction publique. Ils voient donc leur âge de départ à la retraite reculer sans contrepartie.

Mais surtout, ils obtiennent la plus faible revalorisation salariale de toute la profession. "On nous a prévu une revalorisation de 38 points d'indice en 2015, ce qui signifie une augmentation de 178 euros par mois à partir de cette date. Mais les infirmières, elles, obtiennent 70 points, soit une hausse de 322 euros mensuels" s'indigne Marie-Ange Saget, présidente du SNIA. La raison : le gouvernement souhaite aligner toute la profession sur le salaire des infirmières spécialisées. "Nous nous félicitons des avancées obtenues par les infirmières, mais nous nous sentons lésés : nous poursuivons la plus longue spécialisation du cursus infirmier (24 mois, ndlr) avec les responsabilités qui correspondent. Le salaire aussi doit suivre" martèle la syndicaliste.

1 500 manifestants à Paris

Les IADE sont donc descendus massivement dans la rue, jeudi 11 mars, pour défendre leurs salaires. A Paris, ils étaient plus de 1.500 à manifester devant le ministère de la santé. Au niveau national, le taux de gréviste varie selon les sources de 48% pour le ministère à 80% pour la CGT. Une forte mobilisation, assez rare chez les infirmiers anesthésistes, qui s'explique aussi par les frustrations plus générales de la profession. Cette question des salaires ne fait qu'illustrer le sentiment d'injustice que ressent une partie des IADE.

Maxime Darde, infirmier anesthésiste depuis six ans et cofondateur du site laryngo.com en 2003, a eu l'occasion de constater ce phénomène. Son site héberge un forum où sont inscrits plus de 2.200 membres, majoritairement IADE. "Il est fréquent que des collègues se plaignent du comportement des médecins. Ils ont l'impression de faire beaucoup plus qu'ils ne devraient, mais sans être reconnus" explique-t-il. "Nous sommes sous la responsabilité du médecin, c'est normal. C'est lui qui voit le patient en consultation. Mais parfois, entre les textes officiels qui nous présentent comme des "assistants" et la réalité du bloc opératoire, il y a un fossé. Dans les cliniques privées, nous pratiquons systématiquement les anesthésies. C'est très courant aussi dans le public, quand le patient ne présente pas de pathologie particulière" raconte-t-il. La faible hausse de salaire proposée par le ministère a donc été perçue comme une gifle.

Mais Maxime Darde se veut optimiste. "Depuis quelques mois, j'ai l'impression que les choses vont dans le bon sens. Les gens se mobilisent, la communication passe mieux. Il y a même eu des cars affrétés pour se rendre à la manifestation à Paris, c'est une première dans l'histoire des IADE !" s'enthousiasme-t-il. L'affluence sur laryngo.com a d'ailleurs explosée ces deux derniers mois, en lien avec le mouvement du 11 mars. Marie-Ange Saget, elle, se félicite que le protocole d’accord prévoit « des compétences élargies » pour les IADE. « C’est une bonne voie pour la masterisation » se réjouit-elle, « il faut maintenant obtenir les salaires adéquats ». Pour elle, l’idée, un temps évoquée, de remplacer les IADE par de simples « techniciens anesthésistes » n’est plus à l’ordre du jour.

Amélie Cano

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Réactions

2 réponses pour “Les infirmiers anesthésistes en colère”

  1. OURIANT dit :

    bravo ,

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