Candidats aux IFSI en reconversion : une année charnière

L'admission des candidats en reconversion professionnelle (aides-soignants, auxiliaires de puéricultures ou autres) a subi le contrecoup de la refonte de l'accès des bacheliers aux IFSI. Bien que les épreuves de sélection n'aient pas évolué, le quota de 33% de places en institut de formation pour ces professionnels ne sera probablement pas rempli.

Candidats aux IFSI en reconversion : une année charnière

La rentrée approche et avec elle l'heure du bilan de la refonte des modalités d'admission en IFSI, notamment pour les candidats issus de la formation professionnelle continue, par exemple des aides-soignantes et des auxiliaires de puériculture. Un arrêté du 13 décembre 2018 a en effet prévu que 33% des places des instituts de formation en soins infirmiers leur seraient réservées au moment de l'admission.

Et ce, qu'ils soient titulaires du bac ou non (les bacheliers pouvant aussi candidater via Parcoursup). Il est encore trop tôt pour connaître le nombre de personnes ayant candidaté (et réussi la sélection) via cette voie et leur profil professionnel. Mais Florence Girard, présidente de l'Association nationale des directeurs d'écoles paramédicales (ANDEP) est certaine que le quota de 33% de places réservées à ces candidats n'a pas été atteint au niveau national. Ne serait-ce que parce que localement, ils n'ont pas toujours été atteints.

Reports de formation

A l'IFSI Rockefeller de Lyon, par exemple, Karine Vahramian, sa directrice, avait réservé 77 de ses 205 places aux candidats qui devaient passer les épreuves de sélection. 30 personnes se sont inscrites à la sélection dont la moitié l'ont réussie. Mais seulement 11 personnes au final ont intégré l'IFSI, dont la moitié d'aides-soignantes, comme d'habitude dans cet école privée, explique-t-elle. Les autres admis ont dû différer leur entrée faute d'avoir obtenu un financement de la formation. A Lyon, ajoute la directrice, tous les IFSI ont employé les mêmes épreuves de sélection (élaborées en commun).

A Auxerre, le quota de 33% était rempli lors des inscriptions, indique la directrice de l'IFSI, Jocelyne Niaux, et les aides-soignants et auxiliaires de puériculture « ont obtenu un taux de réussite supérieur aux autres années ». Mais les étudiants en reconversion ne représenteront que 22-23% des effectifs à la rentrée dans cet IFSI car certains n'ont pas obtenu le financement de leur formation. Selon elle, les variations de cette proportion ne sont pas rares d'une année sur l'autre mais les raisons sont probablement un peu particulières cette année.

Information défaillante

« C'était une année charnière », observe la directrice de l'IFSI d'Auxerre. L'annonce de la « suppression » du concours d'entrée en IFSI a pu selon elle induire en erreur certains candidats en reconversion, qui ne se sont donc pas inscrits aux épreuves de sélection pourtant maintenues pour eux. Comme ils en avaient la possibilité, « certains professionnels qui auraient pu passer ces épreuves mais ne savaient pas qu'elles existaient se sont inscrits sur Parcoursup », souligne Florence Girard.

Pour Jocelyne Niaux, cela a d'ailleurs pu pénaliser ceux qui avaient un bac ancien car Parcoursup a pu rendre difficile la valorisation de leur expérience que les épreuves de sélection auraient au contraire facilitée. D'ailleurs, ajoute-t-elle, « le nouveau "concours" est un énorme ascenseur social » et pourrait bien jouer ce rôle pour les aides-soignants et auxiliaires de puériculture à partir de l'année prochaine (leurs épreuves spécifiques seront en effet supprimées).

A condition que l'information circule parmi les candidats à la reconversion. La directrice d'Auxerre insiste ainsi sur la nécessité que ces personnes s'informent en se rendant aux portes ouvertes d'au moins un IFSI. Florence Girard propose aussi de renforcer l'information sur ce recrutement particulier auprès des professionnels en poste depuis plus de trois ans (un prérequis pour candidater). Karine Vahramian s'attend en tout cas à avoir beaucoup plus de candidats en reconversion l'année prochaine.

Ascenseur social

Mais Guillaume Gontard, président de la Fédération nationale des associations d'aides-soignants (FNAAS), le sujet n'est pas clos pour autant. Il regrette en effet que les épreuves de sélection s'apparentent plus à un concours qui ne dit pas son nom qu'à un examen, qu'il appelle de ses vœux. Les candidats qui obtiendraient la moyenne devraient selon lui être admis, sans limite de place, ce qui aurait à son avis un effet motivant sur les aides-soignants souhaitant se reconvertir...

Pour l'heure, les places du quota de 33% qui n'ont pas été pourvues via cette sélection ont été reportées sur celles qui seront pourvues via la plateforme Parcoursup.

Géraldine Langlois

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