La réalité virtuelle investit la formation des soignants

Les techniques de formation par la simulation s'enrichissent avec la réalité virtuelle. Images de synthèse ou réelles vécues « comme si c'était moi » permettent de s'exercer autrement à certains gestes ou pratiques.

La réalité virtuelle investit la formation des soignants

Les techniques d'apprentissage via la réalité virtuelle intègrent peu à peu la simulation dans la formation initiale et continue des soignants. L'IFSI de la Croix-Rouge, à Nice, a opté pour une solution de réalité virtuelle pour élargir son éventail de supports pédagogiques et les adapter au profil des étudiants d'aujourd'hui. « Ils sont de moins en moins attentifs en cours magistral et en TD, souligne Sandrine Buston, sa directrice. Ils ont besoin de rapidité, de ne pas rester concentrés trop longtemps sur la même chose. La simulation et la réalité virtuelle répondent à ces besoins. »

Une start-up a proposé à l'école de travailler sur un scénario sur le calcul de dose et la préparation des injectables (en même temps qu'elle proposait à un établissement de Lausanne de plancher sur celui de la transfusions sanguine).

Les enseignants ont participé à la conception et les étudiants ont testé le scénario final, aujourd'hui utilisé en formation. Et les deux établissements ont échangé leurs scénarios, qu'ils utilisent désormais avec leurs étudiants respectifs.

Casque et manettes

L'école niçoise dispose de deux chariots dotés chacun d'un ordinateur, d'une paire de grosses lunettes de réalité virtuelle et de manettes.

Lorsqu'un groupe d'étudiants utilise l'application, l'un deux utilise le matériel et les autres visualisent ce qu'il voit, sur écran, en 3D. « C'est une immersion à 100%, comme si on était dans une salle de soin et la chambre du patient. » L'étudiant commence répondre à des questions théoriques sur le sujet, puis il doit préparer les produits étape par étape : lavage des mains, préparation des produits... « Quand il fait une erreur, il ne peut pas aller plus loin », précise Sandrine Buston. Ce n'est pas la dextérité qui importe, mais le raisonnement.

Des formes différentes de réalité virtuelle sont explorées. Simango par exemple propose, plutôt pour la formation continue, des modules d'environnements de soins en réalité virtuelle d'une trentaine de minutes « souvent liés à la gestion des risques », indique Guillaume Maquinay, son co-fondateur.

Pose de voie veineuse périphérique, chambre des erreurs, préparation du bloc opératoire, circuit du médicament, bionettoyage... les clients, établissements ou IFSI, paient par module par passage et par jour, comme en e-learning, précise Guillaume Maquinay.

Il suffit d'acheter des casques du commerce. Chaque module en images de synthèse (personnalisables dans une certaine mesure) comprend un briefing sur le sujet, des réalisations pratiques, des connaissances théoriques à valider et des interactions à réussir.

L'utilisation est anonyme mais les services de la qualité des soins, de la gestion des risques, la direction de soins ou la cellule formation peuvent observer les résultats obtenus, souligne Guillaume Maquinay, comme les écarts entre les pratiques et les recommandations, sur une pratique ou dans un service, et mettre en place des actions de formation adéquates.

Images de synthèse ou réelles

Revinax mise sur un modèle différent. Cette start-up ouvrira en septembre une « librairie virtuelle » contenant une vingtaine de tutoriels immersifs en réalité virtuelle pour « faciliter et améliorer la formation des infimières et infirmières spécialisées sur des gestes techniques, explique Sandrine Devors, Ibode de formation et chef de projet.

L'étudiant se glisse dans la peau d'un expert qui pratique le soins. » Derrière son casque de réalité virtuelle, il voit ce qu'il voit et ce qu'il fait comme si c'était lui qui le faisait. « Nous avons filmé dans des établissements et des cabinets libéraux, avec des patients », précise l'infirmière et ces images sont celles des scénarios de réalité virtuelle : pas d'images de synthèse ici.

L'utilisation d'images réelles et le fait de vivre la situation « à la première personne » « active les neurones miroir », explique Grégory Ros, responsable du développement commercial de Revinax, améliore la mémorisation et réduit le nombre d'erreurs.

Les tutoriels portent sur les injections et les prélèvements, la pose de voie veineuse périphérique ou d'aiguille de Huber sur une chambre implantable, les pansements chirurgicaux, les sondages urinaires... Outre la pratique des gestes accompagnée par une voix off, ils présentent aussi le cadre réglementaires qui les concernent ainsi que des rappels théoriques.

Les établissements de formation pourront acquérir la bibliothèque mais un abonnement individuel est prévu également. Les tutoriels seront d'ailleurs accessibles aussi sur une appli de smartphone.

Géraldine Langlois

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