Psychiatrie : Agnès Buzyn vient s’inspirer à Lille

Agnès Buzyn et le délégué ministériel à la psychiatrie et à la santé mentale qu'elle vient de nommer, le Pr Frank Bellivier, se sont rendus vendredi 12 avril à l'EPSM de l'agglomération lilloise. Ils y ont rencontré plusieurs professionnels, notamment des infirmiers.

Psychiatrie : Agnès Buzyn vient s'inspirer à Lille

© Twitter / Agnes Buzyn / DR

La ministre et le délégué ministériel nouvellement nommé ont visité à Saint-André, près de Lille, l'hôpital de jour Le Regain, qui accueille des enfants présentant des troubles du spectre autistique, et un service d'hospitalisation complète pour adultes.

Ils ont également échangé avec plusieurs professionnels qui leur ont donné un aperçu de la grande diversité des modes de prise en charge proposés par cet établissement public de santé mentale et des initiatives mises en œuvre pour répondre aux besoins des patients.

A l'hôpital de jour, qui compte notamment six infirmiers, le Dr Patricia Do Dang, pédopsychiatre et cheffe de pôle, a évoqué les multiples outils et modalités thérapeutiques employés par les professionnels pour aider les enfants (de trois à huit ans) à entrer en communication avec les autres, à développer leur attention conjointe et leur autonomie, à réduire leurs troubles du comportement...

Accompagner les enfants autistes

Mais elle aussi déploré fortement que Sophie Cluzel, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, ait récemment décrédibilisé le travail des professionnels de la pédopsychiatrie auprès des enfants autistes alors qu'ils s'efforcent de réaliser leurs missions, dont la qualité est reconnue, dans des conditions très difficiles.

Agnès Buzyn s'est voulue rassurante en déclarant que cet hôpital de jour « est exactement ce dont on a besoin » et qu'elle a « totalement confiance » dans les professionnels qui prennent en charge es enfants autistes. « Je veux totalement réinvestir » le champ de la psychiatrie et donner la priorité à la pédopsychiatrie, a-t-elle ajouté. Une volonté illustrée selon elle par la nomination, le 10 avril, du délégué ministériel chargé de mettre en œuvre la feuille de route sur la psychiatrie.

Ce document prévoit notamment des moyens financiers supplémentaires et un nouveau mode de financement pour les établissements, davantage de formation en psychiatrie pour les médecins généralistes et l'arrivée d'infirmiers de pratique avancée en psychiatrie à la rentrée 2019.

Les manifestants qui demandaient devant l'entrée de l'hôpital « des emplois pour la santé » seront-ils également entendus ? La ministre leur a répondu qu'elle souhaitait résoudre les problèmes, dont elle s'est montrée consciente.

Les professionnels qu'elle a rencontrés lors d'une table ronde lui ont en tout cas décrit les dispositifs originaux auxquels ils contribuent et qui pourraient l'inspirer. Maïlis Titi, infirmière dans un CMP à Roubaix, a évoqué la façon dont cette structure a réussi à réduire les délais d'attente des personnes qui sollicitent de l'aide pour la première fois. Dans ce CMP qui reçoit 1500 patients par an (soit 5% de la population de son secteur géographique...), une permanence infirmière permet aux nouveaux arrivants d'être reçus tout de suite. Les 17 infirmières de la structure, formées à la gestion de crise,  se relaient deux par deux, le matin et l'après-midi pour l'assurer. « On peut recevoir la personne en attendant qu'un psychologue puisse le faire », souligne Maïlis Titi.« Nous avons observé des effets très bénéfiques, note l'infirmière, avec moins de passages aux urgences et une meilleure gestion des situations de crise. »

Faciliter l'accès aux soins de santé mentale

Régis Legrand, cadre de santé, a présenté de son côté le Centre psychiatrique d’accueil et d’admission (CPAA) de Lille. Cette structure originale, non sectorisée et ouverte 24 heures sur 24, propose des consultations d'infirmiers et de psychiatres, in situ mais aussi au téléphone. Elle dispose également d'une unité d'hospitalisation de court séjour de 15 lits. « L'idée, c'est de proposer une accroche aux soins », résume le cadre de santé, de permettre aux personnes en souffrance psychique qui en ont besoin d'entamer un processus de soins, en CMP ou en libéral.

En 2018, les professionnels ont réalisé 9000 consultations... Des médecins et des psychologues ont aussi évoqué qui un projet innovant de réécoute des patients suicidants, une Equipe diagnostic autisme de proximité (EDAP) qui manque cruellement de moyens, ou une équipe mobile « psychiatrie-précarité » qui se rend au domicile des patients et développe ses compétences pour améliorer la prise en charge des victimes de violences sexuelles... Autant d'initiatives qui démentent, selon Agnès Buzyn, le « bashing » dont est victime selon elle la psychiatrie, que le délégué ministériel a au contraire la mission de défendre et surtout, de renforcer.

Géraldine Langlois

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