12 jours de RTT perdus pour une partie des personnels du CHU de La Réunion

A compter du 1er Mars 2019, une partie du personnel hospitalier du CHU de La Réunion perd 12 jours de RTT. C’est une mesure forte du Plan de retour à l’équilibre qui permet à la direction du CHU de supprimer 40 postes. Sans surprise, les syndicats ont voté contre cette décision, lors d’un comité technique d’établissement.

12 jours de RTT perdus pour une partie des personnels du CHU de La RéunionAgents de soin, techniques et administratifs concernés

Tout le personnel n’est pas concerné : les médecins et les cadres gardent leurs RTT. Les infirmiers travaillant sur des rythmes dérogatoires de 12h ne sont pas concernés tout simplement parce qu’ils ne bénéficient pas de RTT étant quasiment aux 35h. Mais tous les autres personnels, comme les agents techniques et administratifs, les aides-soignants et les infirmiers travaillant en 3x8 sont impactés par cette décision, soit 40 à 60% des agents.

« Les infirmiers et autres personnels de soin ou techniques qui travaillent sur la base des 3X8 bénéficieront de jours de repos compensateur mais perdent leurs 12 jours de RTT », précise Expédit Lock-Fat,secrétaire général de la CFDT.

RTT rime avec disponibilité

Au CHU, les réactions sont très mitigées. Pour certains, outre le fait que la Direction revient sur l’accord sur le temps de travail conclu en 2002, le fait que les médecins et les cadres gardent leurs RTT est vécu comme une injustice. « On nous rappelle souvent sur nos temps de repos, s’indigne un infirmier. Pourquoi perdons-nous nos RTT alors que les cadres, dans le même cas, les gardent ? »

Pour les syndicats, au-delà de la question des RTT, c’est la question de la qualité des soins qui se pose : « Les agents techniques qui interviennent sur le matériel, ceux qui gèrent la lingerie, les repas, le ménage, les personnels administratifs, tous ces postes interfèrent avec le soin infirmier, souligne Expédit Lock-Fat, lui-même infirmier. Si on supprime cet équivalent-temps de 40 postes, ce sont les conditions de travail des agents du soin qui vont être impactés, avec le risque de voir externalisé à terme un certain nombre de prestations. »

Le coefficient géographique, le remède miracle ?

Les syndicats FO, CFDT, CFTC et l’Unsa ont dans un bel accord souligné les risques de fatigue et de démotivation des personnels. Pour Expédit Lock-Fat, il y avait d’autres pistes à explorer pour favoriser le retour à l’équilibre et notamment celle du coefficient géographique.

« A La Réunion, il est estimé à 31%, sachant que 1% représente 4 à 5 millions d’euros. Mais ce coefficient n’a pas été revu depuis des années, alors que les prix outremer ont explosé depuis dix ans. On devrait être au moins à coefficient 36 ou 37. A l’hôpital, on travaille avec beaucoup de produits périssables à court terme, ce qui implique une rotation importante avec la métropole et les expéditions fréquentes représentent un surcoût important. Cela doit être pris en compte pour redéfinir le coefficient géographique et utiliser d’autres leviers que le seul temps de travail pour estimer les efforts à mener assainir les finances. »

Un bilan de santé financière dans trois mois

Quoi qu’il en soit, d’ici trois mois, les syndicats comptent bien jeter un coup d’œil aiguisé sur les comptes du CHU pour analyser la pertinence de la décision de la Direction et la bonne mise en œuvre des repos compensateurs. Mais dans un contexte de flux de personnels tendus, les syndicats se montrent très réservés : « Supprimer des postes c’est une chose, mais si c’est pour rappeler les agents en repos et épuiser les équipes… » En clair, la pilule ne passe pas et les syndicats santé réunionnais restent en alerte.  

Mireille Legait

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