Des étudiants infirmiers se forment aux soins relationnels avec des comédiens

Comment évaluer les capacités relationnelles des étudiants infirmiers en dehors des stages ? L’ifsi de la Croix-Rouge de Bordeaux propose des jeux de rôles avec des comédiens professionnels.

©Olivier Blanchard Sebastien Sampietro joue un patient diabétique avec une étudiante sous le regard attentif des formateurs.

©Olivier Blanchard
Sebastien Sampietro joue un patient diabétique avec une étudiante sous le regard attentif des formateurs.

L’unité 42S3 du nouveau référentiel est formelle, pendant leur formation les étudiants infirmiers doivent présenter « l’analyse d’une situation relationnelle ». Mais comment faire concrètement cette évaluation alors que les enseignants n’assistent plus aux soins lors des stages ?

L’équipe pédagogique de l’IFSI de la Croix Rouge a donc essayé plusieurs solutions jusque-là (de la simple analyse sur papier au jeu de situation où le formateur tenait le rôle du patient…) mais aucune ne les satisfaisait complètement.

« Il manquait toujours quelque chose de concret à ces situations et certains étudiants en étaient même induits en erreur » confie Mary Percherie la formatrice chargée d’organiser cette évaluation. Cette année ils ont donc choisit de faire appel aux comédiens professionnels de la troupe « Les volets rouges » pour les aider.

La journée d’évaluation se déroule en deux temps. Tout d’abord, le jeu de rôle en lui-même où les étudiants sont confrontés à un comédien dans une situation de soin concrète sur une durée de 5 à 7 minutes puis, dans un deuxième temps, les étudiants analysent la situation et leurs propres comportements devant les enseignants.

Seule l’analyse est finalement sanctionnée par une note. Les étudiants passent par groupe de deux (un acteur et un observateur pour chaque scène) afin d’être le plus objectif possible dans l’analyse des comportements.

Des situations concrètes

Ce jour-là les comédiens jouent les rôles d’un tuberculeux « qui refuse son isolement » ou d’un diabétique « qui se sent bien et qui oublie parfois sa piqûre du midi ».

Le patient est parfois tendu, énervé et les étudiants doivent gérer cette relation pour entrer en contact, ouvrir le dialogue, répondre et rassurer.

De fait, c’est une vraie relation de soin qui s’installe et même le « malade imaginaire » se prend à son propre jeu. « Je savais que je devais jouer l’agacement mais il a été tellement calme et convaincant que je n’allais pas m’agacer pour m’agacer… » souffle le comédien Sebastien Sampietro après une saynète.

Pris dans la situation, les étudiants doivent alors mobiliser très vite leurs connaissances relationnelles (s’asseoir ou ne pas s’asseoir face au patient, quel ton dans la voix, quelle attitude dans la posture…) et leurs savoirs techniques sur la pathologie.

Dans un deuxième temps, l’analyse de la situation est un moment pour reconnaitre ses réussites ou ses difficultés face aux situations. « C’est vrai je me suis un peu projeté parce que c’est une situation que j’ai connue dans ma famille » reconnait un étudiant.

A la fin de la journée les formateurs sont satisfaits des compétences relationnelles qu’ils ont vues « en jeu » et les étudiants sont charmés par ce nouveau mode d’évaluation : « Évidemment c’est une évaluation alors on est un peu stressés et puis on sait qu’on est observés… Mais le fait que ce soit de parfaits étrangers face à nous et puis que les comédiens jouent bien les situations, ça aide vraiment à oublier où on est et à se concentrer sur le soin ».

Olivier Blanchard

 

Pour les bordelais

En parallèle de ces interventions pour les ESI, la compagnie bordelaise « Les volets rouges » propose actuellement la pièce « L’endive au Vestiaire » où Vincent, le héros, raconte sa dernière année au collège avec vitalité et humour. Chronique de ses doutes, de ses aspirations et des questionnements identitaires de son âge… qui est aussi celui de la naissance et du développement d’un sentiment amoureux inattendu.

Contact : www.lesvoletsrouges.net ou contact@lesvoletsrouges.net

Pour aller plus loin : formation continue DPC pour les infirmières et infirmiers libéraux

Abonnez-vous à la newsletter des soignants :

Faire un don

Vous avez aimé cet article ? Faites un don pour nous aider à vous fournir du contenu de qualité !

faire un don

Réactions

16 réponses pour “Des étudiants infirmiers se forment aux soins relationnels avec des comédiens”

  1. Victor GERAUD dit :

    « Cette formation devient vraiment du grand n’importe quoi, comment casser et détruire un métier, merci messieurs les technocrates. »

    Alors ça suffit maintenant. Ca on n’arrête pas de l’entendre. De la part des professionnels d’une part, et de la part de ceux qui apparemment n’y connaissent rien aussi.
    Cette formation, différente de l’ancienne, remplit tout à fait sa fonction : faire de nous des infirmiers. Voire même de bons infirmiers.

    Et assez de nous rabâcher cette idée comme quoi l’absence de MSP est délétère.
    NOUS SOMMES EVALUES QUOTIDIENNEMENT LORS DE NOS STAGES ! Et pas seulement sur une journée. Journée, rappelons le d’ailleurs, où tous les soins qui seront évalués, étaient connus à l’avance…

    « Si on évaluait un peu leurs capacités relationnelles aux cadres ……juste pour rire un peu … »

    En quoi est-ce que cela se rapporte au sujet de l’article ? Qu’est-ce qui vous permet de dire que tous les cadres seraient en manque d’empathie et de qualité relationnelle ? Certes, et là je vous le concède, certains ne penchent pas vers l’amour de l’étudiant et le cocooning maternant. Et alors ? On est adulte, on est en formation professionnelle. Et c’est quoi le monde du travail ? Celui des Bisounours ?

    « ils feraient mieux de s’exercer à l’embauche les pauvres »

    Et peut être que s’exercer à avoir des qualités relationnelles permet de mener à bien un entretien d’embauche. Qui sait ?
    Merci en tout cas de vouloir saper notre moral alors qu’on est en plein milieux de nos études, en nous sortant le « de toute façon ils auront pas de boulot ». Que c’est facile quand on ne sait plus quoi dire…

    Pour finir, et je pense pas prendre trop de risque en affirmant que je parle pour un grand nombre d’étudiants de la CRF de Bordeaux, cette évaluation, elle nous a plu, à NOUS. Et d’après l’article et le retour de nos formateurs, bizarrement, croyez le ou non, nous aurions été bons ! Comme quoi…

  2. ouhlala… et bien au moins le sujet fait réagir !!!

  3. Oui, il est quasi impossible d’être cadre formateur si vous avez des problèmes relationnels car vous vous faites jeter par les étudiants (eux ne sont pas malades) . Bravo Nathalie Pacaud

  4. Et bien, la profession n’est vraiment pas prête à se serrer les coudes quand je vois les commentaires ! A la moindre occasion, ça tire à vue …..
    Une cadre en ifsi qui a travaillé 15 ans sur le terrain avant de CHOISIR d’être cadre.

  5. Moi personnellement les cadres non pas à noté une étudiante car à par son bureau elle peu pas voir se que l’élève fait dans le service et de toute façon une cadre choisi son parcours d’infirmière à cadre et combien de cadre n’est plus au pied du malade beaucoup alors pour moi elles sont carriériste faut arrêté de leur donner des excuses maintenant elles ont à peine cinq ans de métier d’infirmière qu’elles veulent être cadre donc pas assez de CARRIERE infirmières comment peut-elle être et jugé une eleve

  6. Le temps, le temps… mais le relationnel est de tous les moments et chaque soin technique s’y prête, il n’y a pas besoin de temps « en plus » !

  7. Fred Delaposs dit :

    encore faudrait-il avoir le temps de faire du relationnel de qualité…

  8. Sophie Jansen dit :

    Si on évaluait un peu leurs capacités relationnelles aux cadres ……juste pour rire un peu …

  9. Mathieu Guyon dit :

    Cette formation devient vraiment du grand n’importe quoi, comment casser et détruire un métier, merci messieurs les technocrates.

  10. Kittycat Mel dit :

    ils feraient mieux de s’exercer à l’embauche les pauvres

  11. Si je comprend bien les étudiants vont être évalués sur leurs capacités relationnelles par des cadres dont on sait que bon nombre d’entre eux ne travaillent plus dans les services de soins à cause justement de difficultés relationnelles…ca prête à sourire…

    • Là c’est moi qui rêve ! Comment pouvez-vous généraliser pour dire que les cadres sont cadres à cause de problèmes relationnels ?

    • Mathieu Guyon dit :

      À 200% d’accord avec toi Romain

    • Monique je n’ai pas fait ce raccourci relisez moi : j’ai dis que beaucoup de cadres des ifsi ont été écartés des services de soins pour des problemes relationnels : abus ou manque d’autorité entre autres (plus souvent abus que manque..). Le travail de cadre hospitalier est par ailleurs devenu tellement contraignant et rébarbatif (reunionites chronophages, gestion de plannings, hiérarchie pesante) que les ifsi representent un bel échappatoire pour d’autres.

Réagir à cet article

retour haut de page
386 rq / 4,504 sec