Sida : priorité aux femmes et aux enfants

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Du tabou à la stigmatisation. De la stigmatisation à la prise en charge... De la prise en charge aux priorités à venir. Retour sur une pandémie apparue dans les années 70.  

Sida : priorité aux femmes et aux enfantsCréé en 1989, le Conseil national du Sida (CNS) fête cette année ses 25 ans. A cette occasion, une journée dédiée portant sur les droits des personnes et les enjeux sanitaires a été organisée.

Le CNS contribue depuis 25 ans à la réflexion sur les enjeux concernant les droits des personnes, la prévention, la prise en charge sociale et médicale des personnes atteintes, mais aussi à la mobilisation internationale.

"Le CNS est une sorte de comité éthique spécial Sida car à l’époque, on craignait les dérives, les discriminations, notamment dans le travail, les atteintes à la liberté individuelle ou encore la remise en cause du secret professionnel", a rappelé Danièle Lochak, professeur émérite de droit public à l’université Paris Ouest.

A cette période, le Front National détient une trentaine de sièges à l’Assemblée nationale et est favorable à des mesures coercitives comme le dépistage obligatoire des populations à risque. "Cela n’a pas eu lieu, a-t-elle souligné. Toutes les propositions visant à traiter le Sida sur un modèle pénalisant n’ont pas aboutie. On a compris qu’un système fondé sur la contrainte allait à l’encontre de la prévention. Mais les progrès restaient fragiles".

Les priorités de l’époque

"Il a fallu une longue progression pour parvenir à résoudre des questions éthiques et certaines ne sont pas encore réglée, a rappelé Michèle Barzarch, présidente d’Unicef France et ancienne ministre de la Santé de 1986 à 1988. A l’époque, les stigmatisations et les discriminations étaient majeures, et le combat devait être mené d’urgence."

Elle a distingué trois priorités qu’elle a dû traiter en tant que ministre de la Santé. "Il a tout d’abord fallu très rapidement voter une loi sur le préservatif dont la publicité était interdite, a-t-elle expliqué. Et quand on a évoqué leur mise à disposition dans les lieux publics et en prison, on est parti de loin car on me disait qu’il n’y avait pas de vie sexuelle dans les prisons !"

L’autre priorité portait sur les toxicomanes. "C’était un sujet tabou et il fallait faire entendre qu’ils étaient avant tout des personnes malades et non des délinquants." Elle est parvenue, difficilement, à faire voter la vente libre de seringues en pharmacie afin de limiter les contaminations. Dernière priorité : la mise en place des dépistages anonymes et gratuits.

Prendre en compte femmes et enfants

Désormais, l’ancienne ministre de la Santé estime qu’il faut se concentrer sur les femmes : "On a longtemps nié le fait qu’une femme puisse être séropositive." En plus, leur contamination augmente avec les mariages jeunes et forcés. "Il y a 17 millions d’orphelins liés aux conséquences du Sida car on n’a pas pris en compte les femmes dans cette question", a-t-elle fait savoir.

Les enfants atteints du virus ont également été pris en compte tardivement car il n’y avait pas de traitement pédiatrique. "Aujourd’hui, la boucle est bouclée car on se retrouve confronté, avec les adolescents aux mêmes questions que celles que l’on se posait au début de l’épidémie pour les adultes, considère Michèle Barzarch. On a encore des situations à résoudre, mais nos réflexions pourront peut-être porter leur fruit plus rapidement."

Laure Martin

 

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