Le cumul d’emploi des infirmières en clair-obscur

Le besoin d'argent mais aussi la curiosité professionnelle ou l'envie de changer d'air motivent des infirmières à cumuler les emplois. Les postes longs et les plannings fixes leur facilite la tâche. Mais la législation la complique et limite les possibilités. Sans pour autant empêcher certains de de franchir le pas.

infirmière cumul emploiSylvie* a pris le risque. Elle travaille à plein temps dans une maison de retraite publique et assure des vacations le week-end dans plusieurs autres établissements -privés- pour personnes âgées. Une à trois fois par mois.

« Depuis cette année, avec un mari au SMIC, deux enfants, des crédits pour la maison et la voiture, on n'arrive plus à boucler les fins de mois », explique-t-elle.

Alors depuis trois mois, elle propose ses services autour de chez elle, en direct. « Les maisons de retraite où je travaille préfèrent embaucher une infirmière comme moi qu'une intérimaire, qui coûte plus cher », souligne-t-elle.

Elles savent aussi d'où elle vient : Sylvie ne leur a pas caché lors des entretiens ou dans ses lettres de motivation. En revanche, elle n'en a parlé à personne dans l'établissement où elle est titulaire car sa situation n'est pas régulière... Ses collègues non plus ne sont pas au courant. Heureusement pour elle, aucun chevauchement de planning n'a jusqu'à présent posé problème. Côté fatigue, elle qui n'a « jamais beaucoup dormi, de toute façon », fait avec.

Découvrir.

De son côté, Alexandre* fait partie des IADE qui cumulent plusieurs emploi. La rareté et les contraintes réglementaires de cette spécialité semblent favoriser le « nomadisme professionnel »... Peu intéressé par son poste d'origine, il a obtenu une disponibilité « pour convenance personnelle » qu'il a mise à profit pour découvrir d'autres lieux d'exercice. Et gagner un peu plus aussi.

De manière officieuse, il travaille aujourd'hui en CDI, par poste de dix heures, dans un établissement privé à but non lucratif, un emploi qui lui plaît. Et même s'il privilégie son repos, il assure ponctuellement des vacations dans... des hôpitaux publics ! Lui aussi se place en direct auprès des établissements, d'où émane, selon lui, « une forte demande ».

Alexandre ne se leurre pas : avec ce système, « on se tire une balle dans le pied, estime-t-il, car cela réduit l'emploi et la valeur de l'offre, finalement. Alors que si on augmentait notre salaire de base, on n'aurait pas à aller travailler ailleurs. Et si on e répondait pas à cette demande, les établissements seraient bien obligés d'améliorer les conditions salariales... Au final, les établissements sont au courant mais ferment les yeux. »

Idéal.

Christelle, elle, a opté pour une situation plus claire. Elle a obtenu de l'hôpital public où elle travaille -à mi-temps- l'autorisation d'exercer par ailleurs en libéral. « Au hasard d'une rencontre, j'ai découvert qu'un cabinet près de chez moi avait besoin d'une infirmière quelques jours par mois, raconte-t-elle. J'ai fait le calcul : je n'y perdais pas. » Après un premier refus de sa direction, elle insiste et obtient satisfaction. Elle articule son planning hospitalier avec le libéral, à hauteur de sept jours par mois en moyenne.

Son autorisation, accordée pour 12 mois, a été renouvelée une fois. A l'issue de cette période, elle devra choisir entre le libéral et l'hôpital. « C'est dommage regrette-t-elle, car pour moi, c'est la solution idéale ! ».  Son activité libérale se déroule dans son village, elle peut passer chez elle entre deux patients. Elle voit plus ses enfants qu'avant et gagne proportionnellement au temps passé, mieux sa vie. Et son activité hospitalière la maintient dans le coup côté technique... « Je fais des envieuses ! »

Olivia Dujardin

* les prénoms ont été changés

Pour aller plus loin :

Fonction publique hospitalière : le tabou du cumul d’activité
Demander une disponibilité de la fonction publique
Les règles du cumul d'emploi pour les agents de la FPH à temps complet
Les règles du cumul d'emploi pour les salariés du privé 

Pour aller plus loin :

Offres d'emploi pour infirmière, IADE, IBODE, Cadres de Santé, Médecin, professionnels de santé sur toute la France et la Suisse

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Réactions

5 réponses pour “Le cumul d’emploi des infirmières en clair-obscur”

  1. Joelle dit :

    a chacun son metier et les patients seront bien gardés!!

  2. Claude dit :

    gare aux erreurs dues à la fatigue

  3. Sylvia dit :

    Pr le moment. C est calme .mais il n y a pas si longtemps j etais vacantaire sur 3 endroit et plus de l interim ….et apres j ai enchainé. Heure sup et heure sup j avoue que le fatigue est la ..et la saturation car lavie perso. A été. Mise de coté..apres j ai fait de belles rencontre sur le plan perso ..
    Et je pense que sa va pas s arranger nos salaires bloqués ..des heures sup a declaré aux impots …

  4. Sandrine dit :

    perso je bosse en libéral en zone sur dotée avec une baisse d’activité visible depuis un an(concurrence des HAD entre autre et chir qui ft faire aux patients eux même leur pst..!!)donc étant maman solo d’un pré ado et avec un credit immo sur le dos, je fais un peu d’intérim ce qui en plus a l’avantage de rester « au gout du jour » ds les pratiques de soins….

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