Marie-Karin, infirmière en HAD Hospitalisation à Domicile pédiatrique

Alors que certaines infirmières cherchent un compromis entre exercice hospitalier et installation libérale, Marie-Karin Etchegaray a trouvé une alternative. Passionnée par la pratique pédiatrique mais aussi par les soins techniques, elle a choisi  l’Hospitalisation à domicile de l’AP-HP, seule structure proposant une unité spécialisée en pédiatrie en île de France.

 

L’indépendance avant tout

Marie-Karin, infirmière en HAD Hospitalisation à Domicile pédiatriqueElle ne se voyait pas exercer en libéral, ne souhaitant pas entrer dans un système sanitaire « de profit ». Et pourtant, l’hôpital ne lui convenait plus. Elle s’y trouvait cloisonnée et ne supportait pas le poids hiérarchique. Elle ne se sentait pas écoutée, et ce, malgré une grande implication envers les enfants auprès desquels elle a toujours travaillé. Alors, l’an dernier, la trentaine tout juste passée, Marie-Karin s’est lancée dans une nouvelle aventure : l’hospitalisation à domicile pédiatrique. « Ça a changé ma vie, c’est un vrai bonheur », raconte-t-elle. « Je n’ai plus à supporter l’autorité médicale, j’organise mes tournées comme je le souhaite, en prenant en compte certaines obligations évidemment ». Ses obligations, Marie-Karin les prend au sérieux. Consciencieuse de nature, elle gère son quotidien en faisant preuve d’un grand pragmatisme. «  Ce métier est passionnant, mais il faut vraiment être compétent et autonome. D’abord parce que l’on se trouve seule au domicile avec l’enfant et ses parents, parfois dans des situations complexes. On ne peut aucunement se décharger de ses responsabilités, il  faut avoir la tête sur les épaules et savoir réagir de façon appropriée  ».

Dotée d’une détermination à toute épreuve, Marie-Karin a d’ailleurs pu intégrer une équipe de  huit soignantes constituée d’habitude uniquement d’infirmières puéricultrices. C’est son expérience dans des services de pointe qui a fait la différence. Après neuf ans de réanimation pédiatrique, elle n’en  sait que mieux gérer les cas auxquels elle doit faire face au quotidien. Elle se doit d’être polyvalente. Car son activité est large. Hématologie, chimiothérapie, suivi des prématurés ou des maladies orphelines, éducation thérapeutique, surveillance clinique, autant de pathologies et de soins à gérer que de connaissances à entretenir. Rien ne doit lui échapper. Aucune lacune n’est autorisée. « Heureusement, les membres de l’équipe sont très complémentaires » explique-t-elle. Car, exercer en HAD est aussi synonyme d’un travail de groupe. Certes les tournées se font en solitaire. Mais, toutes les semaines, le « staff » se réunit assurant la présence du cadre de santé, des médecins coordinateurs, psychologues, assistants sociaux, diététiciens et autres. Elle peut également joindre ses collègues à tout moment lorsqu’elle ressent le besoin de communiquer avec le monde extérieur. « Parfois, on peut craquer et demander de l’aide en quelque sorte. Il faut savoir que nous suivons les enfants pendant des semaines, voire des mois ou des années. La fin peut être tragique ».

Un devenir incertain

Au regard de ses conditions de travail éprouvantes, aussi bien physiquement - souvent trois heures supplémentaires sont nécessaires pour assurer la totalité de la tournée -, que psychologiquement, Marie-Karin remet souvent en question sa carrière. Elle pense qu’il sera difficile de continuer indéfiniment à faire ce métier, qu’elle a pourtant « dans la peau ». Pour l’instant, elle est jeune et en bonne santé. C’est ce qui la fait tenir. Parfois, elle se sent fatiguée. Mais pour elle, pas question d’entendre parler de distance thérapeutique pour souffler. Elle aimerait simplement pouvoir s’octroyer du temps pour de plus nombreux loisirs extérieurs. « Pourquoi pas la natation », précise-t-elle. Car, lorsqu’elle était au lycée, elle s’entraînait deux heures par jour et pratiquait ce sport à haut niveau.

À l’heure actuelle, il n’en est plus question. Sa vie tourne autour de sa profession. Son avenir repose sur un projet d’implication dans la lutte contre la douleur. Car elle estime ce combat encore insuffisant. « Surtout à l’hôpital où j’ai vu certains médecins être dans le refus d’admettre l’existence  de la souffrance physique chez l’enfant ».  Elle envisage aussi, pourquoi pas, une formation en hypnothérapie. En tout cas, pour ce qui est du présent, travailler en HAD reste pour elle, une grande source de richesses et de découvertes. « Culturellement » parce qu’elle est amenée à côtoyer dans leur contexte familial toutes catégories sociales, religieuses et professionnelles, et « professionnellement », pour la diversité des soins qu’elle assure.

Malika Surbled 

 

Marie-Karin Etchegaray en 3 dates :

2001 : D.E puis réanimation adulte/enfant à l’Institut Mutualiste Monssouris

2005 : Réanimation pédiatrique de l’hôpital Necker

2009 : HAD pédiatrique AP-HP

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Réactions

3 réponses pour “Marie-Karin, infirmière en HAD Hospitalisation à Domicile pédiatrique”

  1. Bénédicte Moncomble via Facebook dit :

    beau parcours et bonne continuation

  2. puer33 dit :

    Bravo pour vos portraits, ils montrent une vision de notre métier enrichissante et la plàce de l ide dans toutes ces dimensions

  3. moutarde dit :

    J’apprécie à sa juste valeur ne pas vouloir faire du libéral pour ne pas entrer dans un système sanitaire de « profit ». Qui plus est, devant tant de perfection, on ne peut que s’incliner.

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